Et si nous n’avions pas connu telle ou telle personne ? Si tel ou tel événement marquant ne nous était pas arrivé ? À quel point serions-nous différents? Moins heureux ? Avec une grande poésie, de l’humour et de la finesse, le film d’Hugo Gélin explore ces questions bouleversantes. Qu’on a dû certainement se poser un jour.
Mon inconnue raconte ainsi l’histoire de Raphaël et Olivia, qui se rencontrent dans un lycée parisien, à la fin de leur scolarité. Elle joue du piano, tandis que lui est plongé dans l’écriture d’un roman de science-fiction. Tous les deux apparaissent, rapidement, comme des personnages touchants, dans leur évolution et aussi dans le désir de perfection qui les habite tous les deux. Dès les premières minutes du film, le couple séduit et convainc. Mais après dix ans de relation, les choses évoluent : Raphaël, très soutenu par Olivia, est devenu écrivain à succès, tandis que sa carrière à elle n’a jamais pu décoller. Les choses se poursuivent ainsi jusqu’au jour où, au lendemain d’une dispute, Raphaël se réveille dans un monde où lui et Olivia ne se sont jamais rencontrés… Dans cette réalité alternative, lui est professeur de lettres au collège, tandis qu’Olivia est devenue une pianiste à succès, adulée du grand public. Et qui ne se souvient pas de lui.
Une quête désespérée, teintée d’humour
Dans Mon inconnue, on ne sent pas passer les deux heures de film. Le spectateur traverse en effet, en même temps que Raphaël, ses incompréhensions, ses espoirs, ses déceptions. Il est plongé dans cette quête à la fois désespérée et pleine d’humour. L’alchimie que les deux acteurs principaux réussissent à retranscrire, rendant le couple authentique, crédible, et surtout plein de tendresse, est un des grands points forts du film. Grâce à une bonne direction d’acteurs, François Civil et Joséphine Japy réussissent à nous entraîner dans leur bulle, comme lors de cette scène de dîner où ils refont leur histoire, ou pendant cette balade près de la mer, à vélo, sur fond du Temps de l’amour, de Françoise Hardy, morceau phare du film.
Enfin, le style d’Hugo Gélin est empreint d’une poésie et d’une légèreté qui nous marquent. En mélangeant fantasmes et réalité, passé et présent, ce qui a été et ce qui aurait pu être, il nous invite à nous questionner. Les effets de déjà-vu, ou les répétitions d’une réalité à l’autre, perturbent. D’une réalité à l’autre, Olivia et Raphaël sont-ils restés les mêmes ? Jusqu’où l’investissement dans un couple peut-il devenir sacrifice de soi, de son individualité et de son talent ? Et surtout, tomber amoureux, est-ce seulement une question de circonstances ?
R. M.
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