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Économie - Télécoms

Achat du siège de Touch : Khalil se dédouane, Sayyed charge

Le ministre des Télécoms, Mohammad Choucair, a été entendu hier par la commission parlementaire de l’Information et des Télécoms.

L’affaire du nouveau siège de Touch continue d’alimenter la polémique. Photo P.H.B.

Le ministre libanais des Finances, Ali Hassan Khalil (mouvement Amal), a affirmé hier qu’il n’avait pas donné son accord à l’achat par l’opérateur mobile libanais Touch, pour la somme de 75 millions de dollars, de l’immeuble accueillant son nouveau siège au centre-ville de Beyrouth. Une opération au centre d’une polémique autour de sa légalité depuis près d’une semaine.

« Je mets au défi le ministre des Télécoms (Mohammad Choucair) de présenter une preuve ou une lettre montrant que le ministère des Finances a été mis au courant ou a donné son accord à l’achat de l’immeuble de Touch », a affirmé M. Khalil, cité par l’Agence nationale d’information. « Le ministre doit apprendre les bases et les mécanismes du travail gouvernemental qui ne l’exonèrent pas de ses responsabilités légales dans la gestion de l’argent public », a-t-il ajouté. M. Khalil a en outre assuré avoir été « le premier à mettre en garde le ministère des Télécoms au sujet des violations et des abus sur la façon dont les deux opérateurs mobiles (Alfa, géré par l’égyptien Orascom depuis 2009 et Touch, géré par le koweïtien Zain depuis 2004) utilisent l’argent de l’État ».


(Lire aussi : Le Parlement porte plainte contre le propriétaire de l’immeuble de Touch)



Conférence de presse aujourd’hui

« Bien qu’adressée au ministre des Télécoms, la déclaration de M. Khalil a été formulée en réponse au président de la commission parlementaire de l’Information et des Télécoms, le député (Hezbollah) Hussein Hajj Hassan, qui a attribué de façon peu précise certains propos à M. Choucair », a affirmé de son côté une source anonyme proche du dossier. Le ministre des Télécoms, qui a été entendu hier lors d’une réunion de la commission consacrée à cette transaction, a quant à lui prévu d’organiser une conférence de presse aujourd’hui, à midi au ministère, pour fournir « tous les éclaircissements nécessaires », rappelle cette dernière. Les responsables de Touch étaient également convoqués par la commission.

Le député Jamil Sayyed, qui était monté au créneau le week-end dernier aux côtés de M. Hajj Hassan pour dénoncer la transaction, est revenu à la charge hier en affirmant détenir des documents qui prouvent la « falsification du contrat de location de l’immeuble accueillant le siège de Touch ». Il a en outre demandé de former une commission parlementaire d’enquête pour faire la lumière sur l’affaire.

Selon les informations communiquées par le ministre des Télécoms, Touch louait l’immeuble en question, situé avenue du général Fouad Chehab, dans le centre-ville de Beyrouth, dans une zone gérée par Solidere (Société libanaise pour le développement et la reconstruction), depuis 2017. Le contrat a été conclu pour une période de dix ans et un montant total de près de 70 millions de dollars. Après plusieurs mois de négociations, les parties se sont entendues pour l’annuler sans appliquer les pénalités de retard prévues et pour conclure un nouveau contrat, de vente cette fois, permettant à l’État, via Touch, d’acquérir le bien pour 75 millions de dollars, une somme dont le paiement est échelonné jusqu’en 2022. Un montant de 6,4 millions de dollars, correspondant aux loyers déjà réglés, a été déduit d’un premier versement dont le montant n’avait pas été précisé par le ministère au départ mais qui serait supérieur à 22 millions de dollars, réglé à une entreprise locale appartenant à un certain Nabil Karam. M. Choucair est, lui, membre du conseil d’administration de Solidere depuis juillet 2018.


(Lire aussi : Rachat à Solidere du siège de Touch : la Cour des comptes s’en mêle)



AC Reality Group

Or, selon M. Sayyed, qui a rebondi sur des informations publiées hier par le quotidien al-Akhbar, l’ensemble de l’opération serait opaque. Le député a, entre autres, cité le nom d’une société, AC Reality Group, liée à un certain Hussein Ayyache « et deux autres personnes » qu’il n’a pas nommées, qui aurait, selon lui, joué un rôle-clef dans un montage financier lié à cette transaction. Il a également indiqué que le montant réel de la transaction aurait été de 105 millions de dollars, en évoquant notamment une facture de 3 millions de dollars « pour transférer le centre de données de Touch ». M. Sayyed s’est enfin interrogé sur les raisons pour lesquelles Touch a décidé de quitter son ancien siège à Chiyah (banlieue de Beyrouth), où il payait 570 000 dollars de loyer par an, pour un immeuble du centre-ville loué à plus de 6,4 millions de dollars par an.

L’annonce de l’acquisition du siège de Touch a été qualifiée il y a une semaine de « priorité » par le ministre des Télécoms, alors que le budget de son ministère et de l’entreprise publique Ogero qui y est rattachée a figuré parmi les dossiers les plus débattus pendant le processus d’élaboration du budget pour 2019, voté le 19 juillet. Les directions de Touch et d’Alfa ont en outre été auditionnées au printemps par la commission parlementaire de l’Information et des Télécoms, concernant le niveau de leurs dépenses.

Mercredi, le Parlement a porté plainte auprès du procureur général contre Nabil Karam pour diffamation à l’encontre de députés, pour des propos tenus en début de semaine. Jamil Sayyed a également saisi la justice pour les mêmes motifs, le même jour.


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Les divers ingrédients du gratin gouvernemental libanais, absolument tous...sont tellement couverts depuis des années, sous la très épaisse sauce Béchamelle de la corruption...qu'ils ne savent plus agir honnêtement, dans n'importe quel domaine ! Plus de sauce...tout apparaît au grand jour, et pour se blanchir, on accuse "l'autre" ! Et le chef-cuisinier n'a plus les capacités de jeter certains ingrédients...avec la sauce...!!! Irène Saïd

Irene Said

15 h 25, le 09 août 2019

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Commentaires (1)

  • Les divers ingrédients du gratin gouvernemental libanais, absolument tous...sont tellement couverts depuis des années, sous la très épaisse sauce Béchamelle de la corruption...qu'ils ne savent plus agir honnêtement, dans n'importe quel domaine ! Plus de sauce...tout apparaît au grand jour, et pour se blanchir, on accuse "l'autre" ! Et le chef-cuisinier n'a plus les capacités de jeter certains ingrédients...avec la sauce...!!! Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 25, le 09 août 2019

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