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Économie - Télécoms

Rachat à Solidere du siège de Touch : la Cour des comptes s’en mêle

Le ministre des Télécoms, Mohammad Choucair, prévoit d’organiser une conférence de presse en fin de semaine pour fournir tous les détails du dossier.

L’acquisition de l’immeuble hébergeant le siège de l’opérateur de téléphonie mobile Touch est au centre d’une polémique. Photo P.H.B.

Présentée jeudi dernier comme une bonne opération par le ministre des Télécoms, Mohammad Choucair, le rachat du nouveau siège de l’opérateur de téléphonie mobile Touch – gérée par une société privée pour le compte de l’État – fait désormais l’objet d’une polémique visant la régularité de la transaction.

Le ministre avait indiqué que le contrat par lequel Touch louait cet immeuble situé avenue du général Fouad Chehab, dans le centre-ville de Beyrouth, géré par Solidere (Société libanaise pour le développement et la reconstruction), avait été annulé pour être remplacé par un contrat de vente permettant à l’État de devenir propriétaire du bien. Touch, qui n’a pas finalisé son déménagement, occupait jusqu’ici un immeuble à Chiyah, dans la banlieue de la capitale.Alors que le ministre des Finances a déjà demandé vendredi la suspension de l’opération le temps que les autorités compétentes statuent sur cette question, la Cour des comptes s’est manifestée à son tour hier pour demander des éclaircissements au ministère des Télécoms, selon des informations relayées par plusieurs médias et confirmée à L’Orient-Le Jour par des sources concordantes. Cité par le Daily Star, le juge Ahmad Hamdane qui siège dans cette instance a indiqué qu’un courrier avait été adressé au ministère pour « expliquer » les termes du contrat de vente et préciser « comment les paiements seraient effectués. »



(Lire aussi : L’opérateur mobile Touch devient propriétaire de son siège social)



Reçu bancaire
Depuis jeudi, deux députés du Hezbollah sont en outre montés au créneau pour dénoncer la transaction. Pendant le week-end, Jamil el-Sayyed l’a qualifié de « marché douteux », avant de revenir à la charge hier lors d’une conférence de presse au Parlement en compagnie de Hussein Hajj Hassan, ancien ministre de l’Industrie et actuel président de la commission parlementaire de l’Information et des Télécoms. Ce dernier a lui-même jugé l’accord « inutile et injustifié ».

Les détails de cette transaction finalisée ne sont pas tous connus. Selon les informations communiquées jeudi par le ministre des Télécoms et complétées pour L’Orient-Le Jour par une source proche du dossier, Touch loue cet immeuble depuis 2017, et le contrat a été conclu pour une période de dix ans et un montant total de près de 70 millions de dollars (68,5 millions de dollars, selon la chaîne de télévision al-Jadeed).

Après plusieurs mois de négociations, les parties se sont entendues pour l’annuler sans appliquer les pénalités de retard prévues et de conclure un nouveau contrat, de vente cette fois, permettant à l’État, via Touch, d’acquérir le bien pour 75 millions de dollars, une somme dont le payement est échelonné jusqu’en 2022.

Un montant de 6,4 millions de dollars, correspondant aux loyers déjà réglés, ont été déduits d’un premier versement dont la somme n’avait pas été précisé par le ministère, le solde devant être réglé en plusieurs fois sur une période allant jusqu’à 2022 – a priori des paiements annuels. Selon un reçu bancaire qui a circulé sur les réseaux sociaux, le montant du premier versement serait de près de 23,6 millions de dollars adressé à une entreprise locale basée à Beyrouth et qui ferait partie des constructeurs de l’immeuble concerné. Pour rappel, M. Choucair est membre du conseil d’administration de Solidere depuis juillet 2018.



(Lire aussi : Vers une réduction des prix des communications mobiles entre le Liban et les pays du Golfe)



Accusations rejetées
L’Orient-Le Jour a pu confirmer l’authenticité du reçu, mais sans pouvoir formellement préciser les informations qu’il contient ni les trois sociétés citées par al-Jadeed comme étant bénéficiaires de la vente. En déplacement à l’étranger, le ministre des Télécoms a, lui, prévu d’organiser une conférence de presse vendredi pour clarifier l’ensemble des points et des chiffres du dossier. Son service de presse a, lui, rejeté en bloc les différentes accusations lancées contre lui, notamment sur les réseaux sociaux, et qui évoquent soit une dissimulation du montant réel de la transaction, soit l’existence de commissions occultes. Dans un communiqué publié hier, le ministère des Finances a enfin assuré ne pas avoir eu connaissance de cette transaction avant qu’elle ne soit annoncée, précisant que ni le ministère des Télécoms ni les opérateurs de téléphonie mobile ne sont tenus de notifier ou d’obtenir son aval pour ce type d’opération.L’annonce de l’acquisition du siège de Touch a été qualifiée jeudi de « priorité » par le ministre des Télécoms, alors que le budget de son ministère et de l’entreprise publique Ogero qui y est rattachée a figuré parmi les dossiers les plus débattus pendant le processus d’élaboration du budget pour 2019, adopté le 19 juillet par le Parlement.Les deux réseaux libanais, Alfa (Mic 1) et Touch (Mic 2), sont gérés par des sociétés privées, respectivement par l’égyptien Orascom (depuis 2009) et le koweïtien Zain (depuis 2004). Initialement confiés par voie d’appel d’offres, les contrats de ces sociétés sont renouvelés par l’exécutif depuis l’annulation, fin 2015, de la dernière adjudication avant de les remettre en jeu, suite à un vice de forme dénoncé par la direction des adjudications.Les directions des deux opérateurs ont en outre été auditionnées au printemps par la commission parlementaire de l’Information et des Télécoms, qui les a interrogées sur le niveau de leurs dépenses. « Le dossier de la location de l’immeuble de Touch a été évoqué en commission (…), en présence de l’ancien ministre des Télécoms (Jamal Jarrah) », a souligné M. Hajj Hassan pendant la conférence de presse d’hier, indiquant que la commission des Télécoms avait recommandé à Touch et Alfa de louer des bâtiments situés en dehors du centre-ville de Beyrouth.



Pour mémoire

Hajj Hassan appelle Alfa et Touch à réduire leurs dépenses


Présentée jeudi dernier comme une bonne opération par le ministre des Télécoms, Mohammad Choucair, le rachat du nouveau siège de l’opérateur de téléphonie mobile Touch – gérée par une société privée pour le compte de l’État – fait désormais l’objet d’une polémique visant la régularité de la transaction. Le ministre avait indiqué que le contrat par lequel Touch...

commentaires (5)

ORASCOM / ALFA ont demenage leurs siege principal depuis furn el chebbak a sin el fil/dekwane il y de cela presque 1 an. la cour des comptes a t elle mene une enquete a ce propos ? ben elle devrait, illico ne serait que pour disculper tous ceux responsables de ce demenagement.

Gaby SIOUFI

09 h 45, le 06 août 2019

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Commentaires (5)

  • ORASCOM / ALFA ont demenage leurs siege principal depuis furn el chebbak a sin el fil/dekwane il y de cela presque 1 an. la cour des comptes a t elle mene une enquete a ce propos ? ben elle devrait, illico ne serait que pour disculper tous ceux responsables de ce demenagement.

    Gaby SIOUFI

    09 h 45, le 06 août 2019

  • ça pue la magouille...

    Fadi Chami

    08 h 31, le 06 août 2019

  • La Cour s'emmêle dans ses comptes.

    Tina Chamoun

    08 h 26, le 06 août 2019

  • Contrairement aux préconisations de M. Hajj Hassan, pour une société florissante et prestigieuse avoir son siège social dans une artère huppée de la capitale est un must. Maintenant à regarder de plus près les tenants et les aboutissants de cette opération, de quelle formation politique en faillite relève le ministre, oui sans hésitation il y aurait une grosse, même très grosse anguille sous roche. Georges Tyan

    Lecteurs OLJ 3 / BLF

    08 h 02, le 06 août 2019

  • Curieux en effet que le ministre négocie à la fois pour le locataire et pour le bailleur. Il y a un conflit d'intérêt gros comme une maison.

    Marionet

    02 h 32, le 06 août 2019

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