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Agenda - Initiative

Comment les Pays-Bas veulent rapprocher les jeunes du Liban

Des Tripolitains découvrent, l’espace d’une journée, Rachaya et ses habitants.

Parmi les activités pour rapprocher les jeunes de la Békaa-Ouest et de Tripoli, une marche au pied du mont Hermon.

« Je les ai toujours détestés. Je me suis même battu contre eux. Mais aujourd’hui, ce sont mes meilleurs amis. J’ai appris que nous nous ressemblons et que nous avons un important point en commun : la pauvreté », explique Samir, 27 ans, originaire de Bab el-Tebbané à Tripoli, en évoquant les habitants de Jabal Mohsen.

Les combats entre Bab el-Tebbané, quartier sunnite de Tripoli, et Jabal Mohsen, le quartier alaouite de la ville, ont commencé en 2008 et se sont achevés en 2014 avec la mise en place d’un plan de sécurité par l’armée libanaise.

Debout à côté de lui, son ami Youssef, 21 ans, de Jabal Mohsen, confie : « Quand j’ai fait la connaissance des jeunes de Bab el-Tebbané, j’ai trouvé que nous nous ressemblions beaucoup. Mais les politiciens se sont moqués de nous pour nous pousser à la guerre. »

Samir et Youssef, comme de nombreux jeunes des deux quartiers, bénéficient des activités de l’association March qui travaille à promouvoir la paix entre Jabal Mohsen et Bab el-Tebbané. Grâce à des dons de la communauté internationale, March a commencé par ouvrir un café à la rue de Syrie, celle qui forme la frontière entre ces deux quartiers où des jeunes des deux bords se retrouvent. Une pièce de théâtre avec les jeunes des deux quartiers a également été montée. Aujourd’hui, c’est un nouveau projet qui est lancé. Baptisé Bab el-Dahab, il vise à restaurer la rue de Syrie qui porte toujours les stigmates de la guerre.

À l’initiative de l’ambassadeur des Pays-Bas Jan Waltmans, Samir et Youssef et des dizaines d’autres de leurs camarades se sont retrouvés le week-end dernier à Rachaya pour découvrir la région et rencontrer des personnes de leur âge. C’était la première fois que ces jeunes visitaient la Békaa-Ouest.

Depuis le début de son mandat, il y a presque deux ans, M. Waltmans sillonne le Liban pour faire du tourisme ou de la marche à pied, ou pour aller à la rencontre des habitants des zones périphériques.

C’est ainsi que divers projets de coopération ont vu le jour. Il accorde également aux rencontres et aux discussions avec les jeunes une place prépondérante dans ses activités. En moins de 24 mois, une dizaine d’événements ciblant les jeunes ont été organisés.

« Pour beaucoup de Libanais, c’est la jeune génération qui constitue l’espoir dans un avenir meilleur. C’est à eux d’entreprendre des changements positifs dans le pays. C’est une façon aussi de promouvoir les rencontres entre les jeunes de divers bords afin qu’ils établissent des amitiés dans toutes les communautés du pays », souligne l’ambassadeur, qui poursuit : « L’une de nos priorités au Liban est de soutenir les jeunes et d’encourager leurs initiatives afin qu’ils aient de l’espoir. Il faut donc leur donner des opportunités pour s’exprimer. »

Dans le caza de Rachaya, plus particulièrement dans le petit village de Kaoukaba, au pied du mont Hermon, des jeunes appartenant à la communauté druze de différents villages de la région ont joué le rôle d’hôtes.

Conversant dans un anglais parfait, ils confient qu’ils n’ont jamais mis les pieds à Tripoli et qu’ils aimeraient bien rencontrer des jeunes de cette région.

Lamis, 17 ans, note qu’elle a des amis au Akkar qu’elle n’a jamais rencontrés. Elle a fait leur connaissance à travers Facebook. Jad, 17 ans également, fait des pronostics : « Je pense que les jeunes de Tripoli sont beaucoup plus robustes que nous, même durs. Ce sont des gens qui ont vécu la guerre », dit-il.

En fin de journée, notamment après une visite à la citadelle de Rachaya, Jad confie : « Ils sont exactement comme nous. Nous avons des centres d’intérêt communs. J’aimerais bien discuter davantage avec eux. »

À la fin du mois d’août, grâce à l’initiative de l’ambassadeur des Pays-Bas, une journée avec les mêmes jeunes sera organisée à Tripoli. L’ancien basketteur Fady el-Khatib, présent à Rachaya, se déplacera jusqu’au Liban-Nord dans le but d’initier des activités permettant aux jeunes de tous bords de se rapprocher grâce au sport.

« Je les ai toujours détestés. Je me suis même battu contre eux. Mais aujourd’hui, ce sont mes meilleurs amis. J’ai appris que nous nous ressemblons et que nous avons un important point en commun : la pauvreté », explique Samir, 27 ans, originaire de Bab el-Tebbané à Tripoli, en évoquant les habitants de Jabal Mohsen.Les combats entre Bab el-Tebbané, quartier sunnite...