Hier soir au Midane de Beiteddine, ils étaient là, tous les deux, brisant le silence, l’obscurité et le brouillard d’une nuit ensorcelante. Depardieu chante Barbara, il la murmure, la respire, la récite et lui parle. Puis il l’expire et l’offre au public du festival de Beiteddine, dans un long souffle d’amour qui aura duré plus d’une heure et demi.
Sa plus belle histoire d’amour et la nôtre aura certainement été, pour ces instants magiques l’union de deux âmes fusionnelles, durant lesquels Depardieu a fait, de sa voix rauque, parfois cassée, l’amour à Barbara et à un public médusé, suspendu à la mélancolie de ces deux êtres. « Tout est une question d’amour, dira-t-il le souffle étouffé. Je suis fidèle à sa mémoire, je suis fidèle à ma mémoire ». Et quand il partage son mal de vivre, Nantes ou L’Aigle noir, magnifiquement accompagné au piano par Gérard Daguerre, chef d’orchestre arrangeur, compagnon de route de Barbara jusqu’à sa disparition en 1997, quand il lui murmure, inlassablement, « dis quand reviendras-tu ? » et « ma plus belle histoire d’amour c’est vous, », chargé de la douleur des séparations, on ne peut que le croire. Entre chansons et mots si précieux, les siens ou ceux de cette femme qui n’était pas une « grande tulipe noire, mais une femme qui chante », on ne sait plus qui des deux parle, qui des deux chante, entre confessions intimes et hommage à son « ange », Depardieu chanteur mais aussi acteur, devient cet « homme en noir » qui déploie sa féminité, s’emporte et nous emporte dans ce torrent d’émotion. Avant d’achever ce moment de grâce complètement trempé, imprégné d’amour, en lui disant : « Chante, mon ange, de ton île aux mimosas où tu es. Tu as apaisé mon âme... Chante-moi l’amour. »
Lire aussi
Gérard Depardieu : On aurait du mal à le croire, mais je suis pudique comme Barbara...
C'est le Liban qu 'on veut voir . Bravo .
19 h 04, le 21 juillet 2019