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Liban - Artisanat

Minjara organise son premier Salon à la foire Rachid Karamé

À Dar 2019, une partie du travail des menuisiers tripolitains a été exposée.

Un savoir-faire transmis de génération en génération.

Comment redynamiser un artisanat menacé par la mondialisation et une situation économique morose, au savoir-faire pourtant unique, transmis de génération en génération ? Telle est la genèse de la réflexion ayant conduit à la naissance de Minjara, dont le premier Salon de design de meubles a été organisé au cours du week-end, à la foire Rachid Karamé à Tripoli.

Cette initiative est née du constat, il y a un peu plus de trois ans, du rapide déclin du secteur du bois et plus particulièrement de la menuiserie, historiquement au cœur de l’activité économique et sociale tripolitaine. Autrefois réputé bien au-delà des frontières du Liban, décorant les demeures jusque dans les pays du Golfe, l’artisanat local subit aujourd’hui de plein fouet les productions massives et moins onéreuses des marchés turc et chinois, entraînant depuis quelques années des fermetures successives d’ateliers de menuisier.

L’Union européenne avec l’appui sur le terrain d’Expertise France et une dotation de 4,8 millions d’euros met alors en œuvre un projet pour tenter d’inverser cette tendance. L’objectif affiché est de revaloriser ce secteur et de redonner de la compétitivité aux artisans tout en préservant les techniques et le savoir-faire locaux. Les coordinateurs du programme ont enquêté pour connaître les raisons profondes qui ont conduit à ce déclin. En dehors de la situation économique défavorable, deux défauts majeurs leur sont apparus. Premièrement, l’absence de mise en relation entre la clientèle située majoritairement à Beyrouth et les artisans-commerçants tripolitains. Deuxièmement, la nécessité de s’adapter aux tendances du marché et à la demande actuelle en modernisant une partie du catalogue de ces artisans.

En septembre 2018, est lancée la marque Minjara – du nom de la table de travail du menuisier – à l’occasion du Salon du design de Beyrouth. Dans les semaines qui suivent, est inaugurée la plateforme du centre des expositions Rachid Karamé, installée dans la maison d’hôte de l’architecte Oscar Niemeyer, spécialement rénovée pour le projet. Cette marque permet de donner de la visibilité au travail des artisans tripolitains, une agence de communication s’occupant de mettre en valeur leur savoir-faire via les réseaux sociaux ou d’aller démarcher designers et architectes. Des ateliers de formation leur sont délivrés par des spécialistes du bois, des designers reconnus ou des entreprises spécialisées dans l’alliage des métaux. Ces ateliers couvrent aussi les techniques de marketing et de management qui leur faisaient surtout défaut.


Le Salon Dar 2019
Ce nouveau lieu qui sert à la fois de hall d’exposition et d’atelier de conception a accueilli au cours du week-end le premier Salon Dar 2019, présentant une partie du travail des artisans tripolitains et leurs différents savoir-faire. Khaled Abbouchi, un des artisans/exposants, a le sourire aux lèvres : des clientes de Beyrouth sont venues prendre les mesures du canapé qu’il expose. Pour lui, « même si ce n’est que le début de Minjara, ce projet a déjà énormément apporté aux artisans de Tripoli et les nouvelles opportunités qui s’offrent à nous sont remarquables ». La nouvelle collection Minjara est aussi exposée. Elle est le fruit d’un partenariat entre des designers et des artisans tripolitains ; il en résulte une vingtaine de meubles modernes aux lignes évoquant la philosophie de Niemeyer dont l’architecture a marqué le paysage urbain de la deuxième ville du pays : « Alors que l’angle droit sépare, divise, j’ai toujours aimé les courbes, qui sont l’essence même de la nature environnante. » L’objectif à terme sera de créer une collection par saison pour pérenniser le lien direct entre les designers, les clients et les artisans.

Le projet, dont la période officielle de trois ans prendra fin en septembre prochain, devra alors trouver les moyens d’assurer son autonomie, la principale piste envisagée étant la transformation en une association rattachée à la Chambre de commerce et d’industrie de Tripoli. Et comme Khaled Abbouchi, tous les artisans et membres du programme ont « envie d’y croire et d’espérer que le projet perdure le plus longtemps possible ».


Pour mémoire
Le pari gagnant-gagnant de Minjara : reconnecter les jeunes designers avec les artisans menuisiers à Tripoli

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