Rechercher
Rechercher

La démesure

Dans les écrits de nombre de politologues et journalistes, notamment occidentaux, le monde était jadis divisé entre ce qu’ils appelaient les « pays développés » et les « pays du tiers-monde », ce dernier qualificatif ayant été remplacé successivement par les termes plus élégants et politiquement corrects de « pays en voie de développement », et ensuite de « pays émergents ». Ce fine-tuning – excusez cet écart de langage – est certes louable et reflète une volonté de manifester de manière courtoise un sentiment poussé de respect et de considération.

Au vu des bouleversements qui ont marqué – et qui continuent toujours de caractériser – ce monde « émergent », le vocable sous-développé paraît en définitive plus adéquat, ou plutôt plus proche de la réalité, si l’on perçoit la manière avec laquelle est gérée la chose publique dans la région qui nous entoure.

Une constatation s’impose à cet égard : cette partie du monde dite émergente regorge de richesses naturelles, de ressources énergétiques et de matières premières. La question qui viendrait d’emblée à l’esprit sur ce plan est de savoir « comment les revenus ainsi engendrés sont dépensés ». Dans un pays tel que la Norvège, à titre d’exemple, le débat interne a longtemps porté sur la manière la plus adéquate de rentabiliser le fonds souverain alimenté par les richesses nationales, de façon à assurer le bien-être de la population et des générations montantes.

Par contre, dans des pays beaucoup plus proches de nous, les recettes du Trésor ont systématiquement été exploitées, et jusqu’à nos jours, soit pour financer des campagnes de prosélytisme religieux improductives ou, pire encore, pour déstabiliser les États voisins et assouvir des ambitions hégémoniques démentielles. Dans ces régions qualifiées d’émergentes, la démesure et l’irrationnel sont rois. Et les exemples à ce sujet ne se comptent plus, aussi bien à l’échelle régionale et stratégique qu’au niveau de notre toute petite dimension locale et politicienne… Dernière en date de cette démesure, celle évoquée il y a quelques jours par un rapport de la sécurité intérieure allemande – pour ne citer que ce seul cas, afin d’illustrer notre propos – qui a mis en garde contre « le danger » que représentent les activités auxquelles se livre la République islamique iranienne en Allemagne. Le rapport allemand dénonce plus particulièrement l’action d’un diplomate iranien accusé d’avoir fomenté des attentats terroristes contre des opposants en Allemagne. Sans compter la cybercriminalité visant des centres universitaires et de recherche. La politique déstabilisatrice entretenue en outre par Téhéran dans nombre de pays de la région, et qui nécessite la mise en place et le financement massif de milices locales, n’est plus à démontrer. Et tant pis si la population iranienne ploie sous le poids d’une crise socio-économique aiguë qui s’aggrave de jour en jour. L’important n’est-il pas que les pasdaran étendent leur influence et consolident leurs tentacules dans tout le Moyen-Orient, en s’employant aussi à implanter des cellules subversives dans d’autres régions du monde ?

À notre petite échelle locale, la démesure est tout aussi surréaliste. Le ministre Gebran Bassil – pour rebondir sur les événements des derniers jours – a des ambitions qui dépassent sa stature actuelle. Cela est légitime et nul ne saurait le lui reprocher. Ce qui est toutefois beaucoup plus contestable et contre-productif pour lui-même, c’est qu’il se laisse aller dans son action politicienne en faisant fi totalement de certaines réalités sur le terrain. Lorsqu’il se livre à des manœuvres politiciennes en bousculant, dans toutes les directions, les frontières de la décence et de la moralité politique, il ne fait qu’accroître dangereusement le profond malaise local alors que le pays a plus que jamais besoin de stabilité et de sérénité internes afin d’initier un redressement socio-économique qui ne peut plus se faire attendre.

Au lieu de se poser en rassembleur et de proposer à ce titre des plans susceptibles de relancer la croissance pour permettre à la population et aux secteurs économiques de sortir la tête de l’eau, le chef du CPL s’emploie à multiplier, avec maladresse, les petites phrases qui portent atteinte aux sensibilités tantôt sunnites, tantôt druzes, parfois même chiites, tout en s’en prenant au passage à des pays amis ou à d’autres composantes chrétiennes incontournables. Et comme ce fut le cas le week-end écoulé, il se livre aussi parallèlement, sous prétexte de tournées dans les régions, à des gesticulations médiatiques qui ne font qu’attiser un peu partout les passions communautaires. Nous sommes là dans le cas de figure de « un contre tous », en s’inspirant des Mousquetaires.

Toutes proportions gardées, c’est à un même type de démesure que le Liban et les pays dits « émergents » sont confrontés. Une démesure qui accorde la priorité absolue à la conquête du pouvoir et aux ambitions hégémoniques, en considérant comme superflue l’aspiration de la population à une vie digne. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un regard sur l’état d’anarchie et de démence généralisées dans lequel sont plongés les pays qui n’en finissent plus d’être « en voie de développement ».

Dans les écrits de nombre de politologues et journalistes, notamment occidentaux, le monde était jadis divisé entre ce qu’ils appelaient les « pays développés » et les « pays du tiers-monde », ce dernier qualificatif ayant été remplacé successivement par les termes plus élégants et politiquement corrects de « pays en voie de développement », et...

commentaires (3)

EN DEUX MOTS TROP DE BULLES DE METHANE EMERGENTES GENDRISSIMALEMENT S,ECHAPPENT ET CAPABLES DE METTE LE FEU AUX POUDRES.

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 57, le 02 juillet 2019

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • EN DEUX MOTS TROP DE BULLES DE METHANE EMERGENTES GENDRISSIMALEMENT S,ECHAPPENT ET CAPABLES DE METTE LE FEU AUX POUDRES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 57, le 02 juillet 2019

  • M.Touma . Le début de votre article au sujet du tiers monde et les synonymes euphémismes de cette expression dévalorisante .etait fort intéressant . mais comment vous êtes arrivé à faire cette digression incompréhensible ? Celle qui vous a mené comme à l'accoutumée à vous en prendre à G.Bassil ? Pour casser avec la routine , ne faut-il pas chercher un autre souffre-douleur ?

    Hitti arlette

    16 h 28, le 02 juillet 2019

  • Qu'est-ce que l'ambition politique dans un pays où les électeurs votent comme un seul homme, stupide bien évidemment et où l'action politique ne se fait que dans le cadre d'équilibres (de la terreur) ou de l'élimination de celui qui ne fait plus peur? Comment est-ce qu'un tel tableau peut attirer autre chose que des nuls? CQFD

    M.E

    15 h 01, le 02 juillet 2019

Retour en haut