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Portraits de collectionneurs

Tarek Nahas, chasseur d’images

La collection est un univers clos pour ceux qui n’y sont pas familiers. Pourquoi acheter des œuvres ? Comment les choisit-on ? Où les trouve-t-on ? Tarek Nahas, avocat d’affaires, est un collectionneur qui se passionne pour la photographie depuis 15 ans. Il raconte son histoire, celle qui a commencé avec Marilyn Monroe…

Tarek Nahas. Photo DR

Être collectionneur, c’est se passionner pour un sujet et avoir envie de le posséder, c’est vouloir acheter, même si le budget vous en empêche, c’est un réflexe que l’on ne peut réfréner. Acquérir une œuvre, c’est toucher à l’éternité, c’est laisser le sentiment d’existence vous submerger. Tarek Nahas se souvient des Abboud, Aouad et Kanaan qui ornaient les murs de la maison familiale. Ses parents achetaient pour le plaisir, un peu comme tout le monde à cette époque. Pour avoir accompli ses études universitaires à Aix-en-Provence et avoir passé le plus clair de ses étés sur la côte française, il constate que jusqu’à l’âge de 25 ans, son temps se partageait entre la France et le Liban. « Je faisais les musées et les galeries, et j’ai commencé à acheter des oeuvres d’art très tôt, vers l’âge de 18 ans, mais je ne me considérais pas encore comme un collectionneur. J’achetais tranquillement, au gré de mes déplacements. »

C’est du plaisir, mais pas seulement...

Et puis Tarek Nahas rencontre Laurence, convole et, avec elle, se construit un cercle d’amis fait de photographes ou d’amoureux de la photographie.

« Un jour que nous étions à New York, sur un coup de cœur, on décide d’acheter notre première œuvre photographique. Une photo en noir et blanc de Marilyn Monroe, de la série Last Sitting signée Peter Beard, prise 60 jours avant son décès et qui avait fait la couverture de Vogue. » Tarek Nahas va ainsi traverser la frontière qui sépare l’acheteur du collectionneur, avec Marilyn Monroe à son bras, mais il avoue qu’il lui a fallu posséder une vingtaine d’œuvres avant de rejoindre le cercle fermé des collectionneurs. « Depuis, dit-il, j’achète différemment, jamais au hasard. Dans ma quête, je prends mon temps, je réfléchis et fais mes recherches avant de me lancer. J’ai besoin de savoir qui a pris cette photo, dans quel contexte, et si elle s’inscrit dans un projet artistique, ou sinon elle demeure une simple photo. » D’ailleurs, les vrais collectionneurs se fixent des règles, mais font ce qu’ils veulent dans le cadre de ces règles. « Pour beaucoup encore, la photographie n’est pas un art que l’on collectionne. Pour ma part, je n’ai pas le sentiment d’acheter une photographie, mais plutôt d’investir dans un processus artistique. Je m’intéresse à la photographie en tant que médium les foires, s’investit, participe à des comités d’acquisitions muséales ou d’institutions photographiques. « J’ai été très proche de directeurs de musée et de fondation, mais le hasard m’a aussi ouvert certaines voies. Durant un séjour à Paris, j’ai fait la connaissance du directeur de la Maison européenne de la photographie, et de cette rencontre naîtra une longue et solide amitié nourrie d’échanges et de débats », confie-t-il.

C’est aussi un chemin

Aujourd’hui, 15 ans d’expérience et de maturité plus tard, le collectionneur commence à s’intéresser aux artistes qui utilisent la photographie comme médium de départ pour aller beaucoup plus loin. C’est le cas de la photographie peinte avec Andreas Gursky, qu’on appelle le peintre de la photographie, ou de William Klein qui ne s’arrête plus au simple clic-clac, mais laisse la création artistique occuper le centre de sa démarche. « J’achète pour le plaisir, sans aucun doute, affirme Tarek Nahas, mais je ne peux m’empêcher de penser que cette collection se valorisera un jour, sauf que je ne me leurre pas, car le marché de l’art est capricieux et changeant, c’est un marché de marchands. L’art est quelquefois la rencontre d’un marchand, d’un collectionneur de musée et d’un certain moment ! »

Pour Tarek Nahas, sa collection n’est pas quantifiable en nombre mais en qualité.

Reste que collectionner des photographies demande beaucoup d’entretien : le papier est sensible aux UV et aux changements de température, l’accrochage doit être constamment modifié. Les photographies des années 60, contrairement à celles d’aujourd’hui, sont tirées sur un papier très fragile. Mais cette collection, qui se compose à 20 % de photographes libanais, reste pour lui essentiellement un chemin et un plaisir.

Être collectionneur, c’est se passionner pour un sujet et avoir envie de le posséder, c’est vouloir acheter, même si le budget vous en empêche, c’est un réflexe que l’on ne peut réfréner. Acquérir une œuvre, c’est toucher à l’éternité, c’est laisser le sentiment d’existence vous submerger. Tarek Nahas se souvient des Abboud, Aouad et Kanaan qui ornaient les murs de la...

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