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Portraits de collectionneurs

Viviane Debbas : coups de cœur picturaux

Bijoutière de profession, Viviane Debbas est aussi collectionneuse d’art. Passionnée par la peinture depuis toujours, elle revient sur son attachement tout particulier aux œuvres des peintres Nabil Nahas et Chafic Abboud.

Viviave Debbas. Photo Anne Ilcinkas

C’est dans un des salons de sa luxueuse villa, dont on pourrait croire qu’il s’agit d’un musée tant les murs sont ornés de tableaux aux proportions mirobolantes, que l’élégante collectionneuse libanaise lance avec une douceur nonchalante : « On tombe amoureux d’une personne comme on tombe amoureux d’un tableau. » Viviane Debbas, femme du richissime homme d’affaires Robert Debbas, a quelque chose de ces aristocrates blasés dont l’attachement au sublime les ferait passer pour ces esthètes aux accents dandy d’une autre époque. Connue du public pour être la créatrice de la joaillerie Viviane Debbas, cette designer de bijoux de luxe, diplômée en gemmologie, ouvre sa première boutique à Paris en 1990 puis à Beyrouth au centre Sofil en 1993, et en 2000 à l’hôtel Phoenicia, avant de s’installer définitivement en 2009 dans le centre-ville de Beyrouth.

Pourtant, c’est une autre passion que celle de la joaillerie qui aura depuis le début pris une place centrale dans le parcours de cette dame qui a passé sa vie entre Paris et le Liban : la peinture. Et notamment celle des peintres libanais Chafic Abboud (1926-2004) et Nabil Nahas, né en 1949. Pour se faire une idée de l’attachement à ces deux artistes chez Viviane Debbas, on pourrait mentionner le fait qu’une vingtaine de tableaux de Abboud lui sont passés entre les mains… « J’ai commencé à collectionner en arrivant à Paris en 1976, lorsque mon mari et moi avions fui la guerre civile, se souvient-elle. À l’époque, je connaissais déjà Chafic Abboud car j’avais assisté à une de ses expositions au Liban, au cours de laquelle je lui avais d’ailleurs déjà acheté un dessin. » Dès lors, elle dit être « tombée amoureuse » de cet artiste : « Je l’ai suivi à Paris. Il n’avait pas de boutique, il n’exposait pas dans les galeries. Il passait son temps chez lui dans son atelier à Montsouris dans le 14e arrondissement. J’allais très souvent le voir travailler, et à chaque fois, je lui achetais un tableau. Ils coûtaient seulement plusieurs milliers de francs à l’époque, peut-être l’équivalent de deux ou trois mille dollars. Alors, je faisais des économies ou je volais un peu à mon mari, s’amuse-t-elle : C’est comme cela que j’ai commencé ma collection. » Elle raconte que le peintre libanais ayant émigré au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à Paris avait une personnalité assez taciturne. « Il vivait dans son propre monde. J’étais fascinée par sa peinture, mais sa personnalité était assez sombre. Il n’était pas du tout communicatif. Il était très attaché à sa peinture et ne voulait pas toujours vendre. »

« Le Libanais peut faire preuve d’un raffinement exceptionnel en matière d’art »

Viviane Debbas trouvera un contre-pied à la froideur de Abboud chez Nabil Nahas, son autre coup de cœur pictural, avec qui elle dit être aujourd’hui très amie. « J’ai même quelquefois vendu des toiles de Abboud pour acquérir des tableaux de Nahas », raconte-t-elle. Elle se rend régulièrement dans l’atelier de cet artiste particulièrement célébré aux États-Unis, où il vit et expose régulièrement à New York, et collabore même parfois avec lui. Non, Viviane Debbas ne peint pas, mais elle s’est lancée dans le caritatif en 2008 en créant une ONG nommée Himaya, qui combat la pédophilie au Liban. Répartie dans cinq centres installés à Zahlé, Baalbeck, Tripoli, Saïda et Fanar, Himaya organise régulièrement des dîners de gala pour trouver des donateurs. « Nabil Nahas est toujours prêt à faire don d’une toile pour soutenir notre cause », révèle-t-elle. « Les artistes libanais sont très connus et très cotés, même à l’étranger. Chafic Abboud est très vendu à Londres par exemple. Il y a beaucoup de gens qui s’intéressent à l’art au Liban, et le Libanais peut faire preuve d’un raffinement exceptionnel. On a des génies dans ce pays, un énorme potentiel » Aujourd’hui, surfant toujours sur les différentes facettes de la création, Viviane Debbas est en train de se lancer dans un concept store : « Je travaille avec des designers libanais, je fais des collections de sacs, de châles, d’objets en tous genres. J’aime le contact avec les jeunes artistes et artisans libanais. Il y a une formidable énergie au Liban chez les créateurs, qui font des choses extraordinaires.

C’est dans un des salons de sa luxueuse villa, dont on pourrait croire qu’il s’agit d’un musée tant les murs sont ornés de tableaux aux proportions mirobolantes, que l’élégante collectionneuse libanaise lance avec une douceur nonchalante : « On tombe amoureux d’une personne comme on tombe amoureux d’un tableau. » Viviane Debbas, femme du richissime homme d’affaires...

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