Le chef du parti Kataëb, le député Samy Gemayel, a sévèrement critiqué la présidence de Michel Aoun, mais sans nommer ce dernier. « Les slogans de force (Michel Aoun se présente comme le président fort, NDLR) renvoient à une force illusoire qui doit cesser. Ce n’est pas une force que d’arriver (à la présidence de la République, NDLR) sur le dos des armes (du Hezbollah, allié de Michel Aoun, NDLR) et de tirer profit du pouvoir par le biais de marchés et de compromis. Ce n’est pas une force que de crier victoire au prix des constantes et des principes bafoués, ni une force que de réaliser des ambitions personnelles au détriment des citoyens et de leur indépendance. »
Se prononçant lors d’une cérémonie de prestation du serment d’allégeance au parti dans le régional Kataëb du Metn, le jeune député s’est attaqué au discours ultrachrétien qu’alimente principalement le ministre Gebran Bassil, sans le nommer aussi. M. Gemayel a mis en garde contre les retombées de ce discours sur les chrétiens eux-mêmes et sur l’État. « Au nom de la défense des chrétiens, d’aucuns détruisent l’État qui est la garantie pour ces chrétiens et pour lequel ils ont offert des martyrs. » Selon Samy Gemayel, la sauvegarde des chrétiens ne doit se faire ni au prix de l’édification de l’État de droit pour tous les Libanais ni au détriment des musulmans qui sont une assise du Liban. « La protection des chrétiens ne se fait pas non plus par l’intermédiaire de Bachar el-Assad, c’est-à-dire par l’intermédiaire de la logique autocratique, mais par le biais de valeurs morales : le chrétien ne vit que par ses valeurs. »
« La force des chrétiens ne sera préservée qu’à l’ombre d’un État de droit où musulmans et chrétiens vivront d’égal à égal au sein d’un pays libre, souverain et indépendant (…) », a-t-il ajouté.
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Promesse
En somme, « qu’un chrétien arrive au pouvoir en tirant sa force des armes illégales et en renonçant à la souveraineté pour couvrir un projet régional au détriment du pays est une chose qui ne passera pas ».
Le chef des Kataëb, seul parti d’opposition, a dénoncé « une destruction programmée du pays par ceux qui sont au pouvoir, mais qui la maquillent par une dimension communautaire ». D’ailleurs, « leurs conflits sont de façade (…) on ne sait sur quelle base ils se querellent ni sur quelle base ils se réconcilient ». « L’opprimé dans ce pays n’est ni le chrétien, ni le musulman, ni le druze en tant que tel, mais l’être humain intègre, qu’il soit chrétien ou musulman, et le peuple qui voit ses droits spoliés au quotidien. »
Et Samy Gemayel de conclure sur une promesse des Kataëb aux Libanais et aux habitants du Metn « de rester un parti intègre au temps des voyous et un parti résistant au temps de la capitulation (…) ».
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commentaires (6)
Merci monsieur Samy Gemayel pour cet article. Il ne témoigne en rien de l'idéologie nazie ou fasciste. Il n'en avait pas témoigné à l'origine, encore moins aujourd'hui. Je forme pour le Liban, comme monsieur Samy Gemayel, une citoyenneté libanaise respectueuse de tout ce qui peut être respecté dans chaque communauté, sans syncrétisme illusoire, ni confusion des religions, mais la reconnaissance de la vérité de chacune à la mesure de sa dignité avec la citoyenneté et la souveraineté libanaise. Grand merci pour cet article.
dintilhac bernard
00 h 23, le 02 juillet 2019