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À La Une - Soudan

Un chef de la contestation soudanaise craint plus de violences envers les manifestants

"Le massacre (qui a eu lieu) montre clairement que c'était prémédité", figure de l'Alliance soudanaise pour la liberté et le changement. 

Babiker Faisal, figure de l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), principal mouvement de contestation au Soudan, lors d'un entretien à Khartoum, le 27 juin 2019. Photo AFP / ASHRAF SHAZLY

Les manifestants au Soudan risquent d'être la cible de nouvelles violences, met en garde un leader de la contestation, selon qui le "massacre" perpétré lors de la dispersion du sit-in de Khartoum le 3 juin a été planifié.

Le principal mouvement de contestation au Soudan, l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), organise dimanche des manifestations de masse. Il s'agit du premier appel du genre depuis la dispersion du sit-in devant le QG de l'armée qui a fait des dizaines de morts.

"La dispersion brutale du sit-in nous laisse penser que la violence pourrait (de nouveau) être exercée contre les manifestants", met en garde Babiker Faisal, figure de l'ALC, dans un entretien accordé jeudi à l'AFP. "Cela dépendra du Conseil militaire et de la manière avec laquelle il va se comporter avec les manifestations", dit-il.


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Depuis la destitution par l'armée du président Omar el-Bachir, le 11 avril, les chefs de la contestation sont engagés dans un bras de fer avec le Conseil militaire de transition, qui a pris les rênes du pouvoir.

Au moins 128 personnes ont été tuées dans la répression du 3 juin et les violences des jours suivants, selon des médecins proches de la contestation. Les autorités donnent un bilan de 61 morts. Le campement, initié le 6 avril pour réclamer le départ de M. Bachir, avait ensuite pour objectif de faire pression sur les militaires et obtenir le transfert du pouvoir aux civils. Le Conseil militaire a affirmé ne pas avoir ordonné la dispersion, assurant qu'il s'agissait à l'origine d'une opération antidrogue dans le secteur voisin de Columbia.


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"Massacre"
Les généraux ont reconnu que "des officiers et des soldats" étaient entrés sur le sit-in au moment de l'opération de Columbia. Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) ont été pointés du doigt par les manifestants et des ONG.

"Le massacre (qui a eu lieu) montre clairement que c'était prémédité", martèle M. Faisal, expert dans la résolution de conflit. "Nous ne nous attendions pas à cela. En tout cas pas à ce niveau de brutalité", ajoute-t-il. Quelques heures seulement avant le raid, les manifestants avaient contacté le Conseil militaire pour s'enquérir de l'important déploiement des force de sécurité autour du sit-in, affirme-t-il. "Nous leur avons dit qu'il y avait des rassemblements militaires autour du site, et ils nous ont répondu qu'il ne fallait pas avoir peur", assure le militant. "Si nous avions eu la moindre idée de leur intention d'utiliser des balles réelles et de commettre des meurtres, nous aurions nous-mêmes dispersé le sit-in", lâche-t-il.

Alors que ces derniers mois la contestation parvient à rallier des dizaines de milliers de personnes grâce aux réseaux sociaux, la mobilisation a fortement faibli ces dernières semaines, internet étant largement bloqué sur ordre du Conseil militaire. Des petits rassemblements se tiennent toujours de jour comme de nuit, mais les RSF sont stationnés à tous les coins de rue et certaines manifestations ont été dispersées.



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Médiation régionale 
Contestataires et généraux au pouvoir ont accepté le principe de reprendre des négociations suspendues depuis le 20 mai et qui doivent définir les grandes lignes de la transition à venir.

L'Ethiopie, qui joue le rôle de médiateur, a transmis jeudi un nouveau plan de transition élaboré avec l'Union africaine. L'accord proposé, dont l'AFP a pu obtenir une copie, prévoit toujours une instance de transition constituée de huit civils et sept militaires. Toutefois, le texte n'évoque plus un quota de 67% alloué à l'ALC au sein d'un conseil législatif, qui va faire office de Parlement de transition. Le pourcentage avait été accepté par les deux parties avant la suspension des négociations. Mais il a été critiqué ces dernières semaines par le Conseil militaire, qui demandait sa révision.

"Nous attendons les résultats des efforts de médiation", assure M. Faisal. "Nous ne voulons pas de confrontation, parce que le résultat sera inévitablement le chaos", dit-il, en particulier avec une économie en déliquescence à l'origine des manifestations de masse contre M. Bachir. Malgré tout, il se veut optimiste, espérant même une sortie de crise avant les manifestations du 30 juin. "Si on arrive à un accord (...) on pourrait même sortir le 30 juin pour célébrer", dit-il.


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