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Culture - 7e art

LGBT : cinéma contre préjugés

Premier et unique festival LGBTQ du Moyen-Orient, Cinema al-Fouad s’est déroulé à l’Institut français de Beyrouth. Une sélection de quatre courts métrages libanais déconstruit et reconstruit le regard sur la communauté dans cette partie du monde.

« Facing the myths », débat organisé dans le cadre du cinéma al-Fouad.

Des plans serrés sur des corps tendres et enlacés alternent avec ceux de convulsions provoquées par des électrochocs. Le court métrage Rupture divine, de la réalisatrice Malak Mroué, se construit sur ce contraste violent. Une jeune femme y subit une « thérapie de conversion », après que sa mère eut découvert sa relation avec une autre femme. Les scènes crues s’appuient sur une esthétique soignée, inspirée du tableau Les Oréades de William Bouguereau et du Lacrimosa de Mozart. Le film fait partie des quatre courts métrages réalisés par des cinéastes libanais et présentés le lundi soir à l’ouverture du festival Cinema al-Fouad à l’Institut français de Beyrouth.

Trouver le bon ton pour aborder les thématiques LGBT est délicat. Le film de Malak Mroue est fictionnel, mais il s’inspire de sa propre histoire et de celles de proches. Sa mère est présente dans la salle. Dans le public, se mélangent activistes de la communauté LGBT beyrouthine et des personnes beaucoup moins sensibilisées, voire non familières du mouvement. D’ailleurs, avant les projections, un débat était organisé par des activistes de la communauté LGBT durant lequel une des participantes rappelle la nécessité d’aborder ces sujets avec pédagogie : « Dans la salle sont présents des parents de personnes LGBT, qui découvrent l’identité de leur enfant », dit-elle. « La notion de coming-out vient de l’Occident. On ne peut pas en parler de la même façon ici », acquiesce Réza, étudiant franco-tunisien en échange au Liban. Dans les sociétés de la région MENA encore peu habituées à la visibilité de la communauté LGBT, rendre son orientation sexuelle publique est souvent dangereux.

Affronter le regard des autres, leur incompréhension et leur rejet en tant que personne LGBT : la thématique est récurrente parmi les films présentés. Dans Hide and Seek par Mark Karam, un couple de jeunes Syriens errent dans Beyrouth, isolés du reste de la société. Tandis que dans Three Centimetres, la réalisatrice Lara Zeidan filme un huis clos à ciel ouvert dans une nacelle de grande roue entre quatre amies, divisées par le secret. Le réalisateur Mohammad Sabah, lui, dévoile dans Flesh and Love, les espaces protégés pour vivre sa relation Le personnage de du réalisateur vit l’amour par Grindr, une application de rencontre. À travers le format carré du smartphone, le film reproduit l’obsession amoureuse nourrie par les plateformes virtuelles. L’amour serait-il en chair ou en pixels ?

« Nous voulons sensibiliser les gens à la communauté LGBTQ, et déconstruire les mythes qui sont véhiculés à son sujet », explique Rasha Younes, de l’ONG Human Rights Watch, qui participe à l’organisation du festival. HRW lance avec al-Fouad sa campagne « Facing the Myths » (Faire face aux mythes) dans toute la région MENA, en partenariat avec la Fondation arabe pour les libertés et l’égalité.

La répression du gouvernement contre le mouvement et la censure ayant gagné en ampleur ces dernières années, le festival al-Fouad, organisé à l’Institut français, est une des rares occasions de parler de la communauté LGBT en public au Liban.

Des plans serrés sur des corps tendres et enlacés alternent avec ceux de convulsions provoquées par des électrochocs. Le court métrage Rupture divine, de la réalisatrice Malak Mroué, se construit sur ce contraste violent. Une jeune femme y subit une « thérapie de conversion », après que sa mère eut découvert sa relation avec une autre femme. Les scènes crues s’appuient sur une...

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