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Nos Lecteurs ont la Parole - par Paul KABBOUCHE

Le danger qui menace l’assurance de soins santé privée au Liban

Les coûts des prestations de soins de santé dans le monde sont en augmentation continuelle depuis plusieurs décennies. Ces dernières années, cette augmentation a été encore plus importante, et elle est surtout due au coût de plus en plus élevé de la technologie médicale ainsi qu’à la surconsommation et à la surprescription de services. Partout dans le monde, l’inflation des frais de soins santé est deux fois plus importante que l’inflation générale et, pour différentes raisons, tout montre que cette augmentation de coûts ne va pas ralentir de sitôt. Les prévisions pour 2019 sont de l’ordre de 7,60 % au niveau mondial et de 12,50 % pour le Moyen-Orient.

Au Liban, où un rapport alarmant de l’OMS en 2018 avait estimé l’augmentation des cas de cancers à plus de 40 %, cette inflation serait beaucoup plus importante encore. Comme le montre bien d’ailleurs l’importante augmentation des primes d’assurances-santé sur les deux dernières années.

Comme les prestations de la Sécurité Sociale au Liban sont limitées aux employés et à leurs dépendants (le projet de Sécurité Sociale facultative de 2002 ayant essuyé un échec retentissant, pourtant prévisible), beaucoup de Libanais se retournent vers les assureurs privés pour couvrir ce risque important (les dépenses privées de soins santé représentent plus de 70 % du total des dépenses). Or les contrats d’assurances hospitalisation au Liban sont taxés à hauteur de 11 % (entre taxe municipale et timbres), ce qui est un scandale en soi : l’accès aux soins de santé (et la souscription de contrat d’assurances hospitalisation étant un des moyens qui facilitent le plus cet accès), qui est un droit constitutionnel dans beaucoup de pays au même titre que l’éducation, ne pouvant être taxé sous aucune raison.

Devant la défaillance de l’État à offrir une couverture sociale universelle (à tous les Libanais), même basique, même partielle, ceux qui se rabattent sur une couverture privée se font taxer par ce même État défaillant. Le Liban est en effet un des rares pays du monde où l’État taxe (éhontément, il faut le dire) les contrats d’assurances hospitalisation. À noter aussi cette aberration qui consiste à exempter les frais d’hospitalisation de la TVA (ce qui est normal) mais à taxer les contrats d’assurances hospitalisation.

Pire encore, au lieu d’encourager l’assurance privée et chercher à trouver des solutions à un problème national des plus difficiles et des plus sensibles en partenariat avec le secteur privé (et je parle ici des compagnies d’assurances, seules capables d’attirer des investissements importants, au moment où le pays en a énormément besoin), l’État, par son laisser-aller, son incapacité et son manque de vision, est en train de laisser saigner la branche maladie des assureurs privés.

En effet, on constate depuis certaines années une augmentation du nombre de caisses mutuelles au Liban (estimé à plus d’une centaine à ce jour ! ). Ces caisses relèvent bizarrement du ministère de l’Agriculture (encore de la politique ? ) alors que les compagnies d’assurances sont contrôlées par le ministère de l’Économie. Non soumises à une taxe et à un contrôle sur leurs activités (notamment sur le niveau de liquidité et de solidité financière, et donc sur leur sérieux, quoiqu’il existe certaines mutuelles qui jouissent d’un sérieux exemplaire), elles exercent une concurrence déloyale aux compagnies d’assurances, étant capables de proposer des produits beaucoup moins chers et incontrôlés. Dans cette période difficile où les primes des assureurs augmentent (du fait de l’inflation citée plus haut) et les bourses se rétractent, on constate évidement un transfert de « bons risques » des portefeuilles des assureurs vers ceux des mutuelles, ce qui entraîne une déstabilisation du portefeuille des assureurs et ainsi, par une mécanique vicieuse de sélection de risque, une nouvelle augmentation des primes et ainsi de suite, jusqu’à l’implosion du portefeuille.

Alors comment sauver le secteur privé de l’assurance hospitalisation de cette implosion inévitable, qui serait catastrophique pour le secteur et surtout pour les assurés? La solution serait tout simplement d’exempter complètement les contrats d’assurances hospitalisation de toute taxe, de placer les caisses mutuelles sous le contrôle du ministère de l’Économie et de les soumettre aux mêmes contrôles stricts et directives que les compagnies d’assurances, permettant ainsi de protéger absolument tous les assurés (et pas seulement ceux des compagnies d’assurances) et permettre ainsi une concurrence équitable, dont profiteront à la fois les clients, le marché et même l’État, qui verrait ainsi le secteur privé supporter continuellement une grande partie de ce terrible fardeau qu’est l’accès aux soins de santé. La récente décision du ministère de l’Économie d’obliger les compagnies d’assurances d’inclure la garantie de renouvellement dans tous leurs contrats individuels et de groupes mènera à une augmentation inévitable des primes des assureurs. Cela ne profitera qu’aux mutuelles qui ne sont certes pas concernées par les décisions de ce ministère.

Partout dans le monde, face à l’importance accrue du poids des soins de santé, et même dans les pays qui ont un système de couverture de soins publique des plus performants (comme au Canada, en France ou dans les pays scandinaves), on recherche activement des solutions en partenariat avec le secteur privé. Ce dernier est le seul à pouvoir attirer les investissements nécessaires, sauf bien évidement au Liban, où, probablement sans le savoir, l’État est en train de mettre à genoux le secteur privé.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Les coûts des prestations de soins de santé dans le monde sont en augmentation continuelle depuis plusieurs décennies. Ces dernières années, cette augmentation a été encore plus importante, et elle est surtout due au coût de plus en plus élevé de la technologie médicale ainsi qu’à la surconsommation et à la surprescription de services. Partout dans le monde, l’inflation des frais...

commentaires (1)

le pire est que ns autres assures ds le prive sommes victimes des evaluations de Societes agrees par -je ne sais plus qui ni exactement pourquoi- mais surement par les Co d'assurances au Liban, Societes dont ns sommes victimes car c elles qui DECIDENT du traitement auquel ns aurions droit, de quelle intervention chirurgicale , quelle prothese , medicament OU auxquels nous n'y avons pas droit ! nous coutant d'autant plus de $ a débourser le cas echeant qui certainement est frequent. je n'oserais pas y aller + ds les details de peur d'etre poursuivi pour "calomnie" mais bon j'suis sur que bcp bcp ont eu a faire face a cette situation ignoble. a comprendre que le boulot de ces Ste est de faire l'impossible pour assurer des economies aux" assureurs ".

Gaby SIOUFI

13 h 39, le 25 juin 2019

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Commentaires (1)

  • le pire est que ns autres assures ds le prive sommes victimes des evaluations de Societes agrees par -je ne sais plus qui ni exactement pourquoi- mais surement par les Co d'assurances au Liban, Societes dont ns sommes victimes car c elles qui DECIDENT du traitement auquel ns aurions droit, de quelle intervention chirurgicale , quelle prothese , medicament OU auxquels nous n'y avons pas droit ! nous coutant d'autant plus de $ a débourser le cas echeant qui certainement est frequent. je n'oserais pas y aller + ds les details de peur d'etre poursuivi pour "calomnie" mais bon j'suis sur que bcp bcp ont eu a faire face a cette situation ignoble. a comprendre que le boulot de ces Ste est de faire l'impossible pour assurer des economies aux" assureurs ".

    Gaby SIOUFI

    13 h 39, le 25 juin 2019

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