L'ancien président égyptien issu des Frères musulmans Mohamed Morsi, après sa victoire à la présidentielle en 2012. AFP / STR
"Le tribunal lui a accordé le droit de parler pendant cinq minutes... Il est tombé sur le sol dans la cage des accusés... et a été immédiatement transporté à l'hôpital..." où il est décédé, selon un communiqué du parquet général égyptien. "Il est arrivé à l'hôpital à exactement 16H50 et il n'y avait pas de nouvelles blessures visibles sur le corps", a-t-il ajouté.
L'ancien président, en détention depuis juillet 2013, comparaissait lundi dans la cage réservée aux accusés à l'intérieur du complexe pénitentiaire de Tora dans le sud du Caire.
Interrogé par l'AFP, l'un de ses avocats, Abdelmoneim Abdel Maksoud, a déclaré: "nous n'avons même pas pu le voir au tribunal à cause des parois de verre blindé (du box) insonorisé. Mais d'autres détenus nous ont fait signe qu'il n'avait plus de pouls". "Je l'ai vu emporté sur une civière dans le complexe judiciaire" de la prison de Tora, a-t-il ajouté.
Dans un message posté sur Facebook, Ahmed, le fils de M. Morsi a confirmé la mort du président déchu.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan Erdogan, allié de l'ancien président islamiste, lui a rapidement rendu hommage en le qualifiant de "martyr". Et l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a exprimé "sa profonde tristesse".
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Répression sans merci
Selon Jonathan Schanzer, du cercle de réflexion Foundation for Defence of Democracies (FDD), "étant donné les circonstances, Mohamed Morsi sera considéré comme un martyr. Et les théories du complot autour de sa mort vont certainement prospérer". Mais selon ce dernier, "les Frères musulmans resteront moribonds en Egypte. Et ils resteront affaiblis dans le reste de la région".
L'organisation de défense des droits humains Human Rights Watch a également réagi lundi peu après l'annonce de la mort de M. Morsi. "C'est terrible mais ENTIEREMENT prévisible, étant donné l'échec du gouvernement à lui accorder des soins médicaux adéquats, encore moins des visites de sa famille", a tweeté SarahLeah Whitson, directrice pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à HRW.
Le site du journal d'Etat Al-Ahram a aussi rapporté la mort de M. Morsi, premier président égyptien élu démocratiquement, resté au pouvoir un an avant d'être écarté par l'armée à l'été 2013.
Le leader islamiste était emprisonné depuis sa destitution par l'armée. Il avait été jugé par la suite dans plusieurs affaires dont un dossier d'espionnage pour l'Iran, le Qatar et des groupes militants comme le Hamas à Gaza. Il a également été accusé de fomenter des actes de terrorisme.
"Il y a eu une pause entre deux séances pour des affaires différentes... Ils avaient juste terminé la séance concernant l'affaire l'espionnage", a dit à l'AFP une source judiciaire lundi après l'annonce de la mort de l'ancien président.
Depuis sa destitution, son tombeur et ancien ministre de la Défense Abdel Fattah al-Sissi a mené une répression sans merci contre l'opposition islamiste et en particulier les Frères musulmans, dont des milliers de membres ont été emprisonnés. Plusieurs d'entre eux sont décédés en détention.
Policiers et soldats ont tué plus de 1.400 manifestants pro-Morsi en quelques mois. Des centaines ont été condamnés à mort, dans des procès de masse expéditifs, qualifiés par l'ONU de "sans précédent dans l'Histoire récente" du monde.
Les années qui ont suivi le coup de force de l'armée en Egypte ont vu une succession d'attaques visant les forces de l'ordre. Des centaines de policiers et militaires ont été tués, en même temps qu'émergeait une véritable insurrection jihadiste localisée dans le nord-Sinaï, devenu un bastion du groupe Etat islamique.
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11 h 13, le 18 juin 2019