La rencontre tenue mercredi à Baabda entre le président de la République, Michel Aoun, et le Premier ministre, Saad Hariri, a calmé les esprits entre les deux piliers du compromis présidentiel, à savoir le Courant patriotique libre et le courant du Futur, même si la page des récentes secousses qu’a subies l’entente élargie de 2016 ne semble pas encore définitivement tournée. Il n’en reste pas moins que le CPL se prépare déjà pour la prochaine bataille en Conseil des ministres : les nominations administratives, notamment à la tête de Télé-Liban.
Bien au-delà de l’importance politique des nominations gelées depuis des mois, la bataille prévue en Conseil des ministres est notable dans la mesure où elle devrait principalement opposer le parti de Gebran Bassil aux Forces libanaises, sachant que les rapports entre les deux piliers de la réconciliation interchrétienne sont en dents de scie depuis plusieurs mois. Elle intervient aussi à l’heure où les réseaux sociaux n’en finissent pas de s’enflammer contre le CPL et son chef, entre autres chez les partisans de Samir Geagea, déchaînés après le silence radio observé par les milieux aounistes à la suite des échauffourées ayant opposé l’armée à des éléments recherchés par la justice à Baalbeck, dans la nuit de lundi à mardi.
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Télé-Liban
Quoi qu’il en soit, chez les FL, on se dit conscients de l’ampleur des batailles prévues au sein du gouvernement. Déjà les propos tenus lundi dernier par le leader du parti, Samir Geagea, rappelant à M. Bassil qu’il ne détenait pas le monopole de la représentation chrétienne, avaient donné le ton. Contacté hier par L’Orient-Le Jour, un cadre FL affirme que sa formation mènera bataille en Conseil des ministres pour faire barrage aux « tentatives de monopoliser la représentation chrétienne ». « Mais ce qui nous importe le plus reste le fait d’entraver des nominations qui obéiraient à la logique de partage du gâteau qui prévalait lors de la tutelle syrienne. Nous voulons consacrer le principe du respect du mécanisme de nominations, conformément au mérite et aux compétences des personnes concernées », ajoute ce responsable proche de M. Geagea. « La prochaine querelle ne causera pas l’implosion du cabinet, parce que personne n’a intérêt à torpiller le compromis politique élargi de 2016 », assure-t-il cependant. Le même cadre souligne que le dossier des nominations était, entre autres, au menu de l’entretien, hier, de Saad Hariri avec Melhem Riachi, ancien ministre de l’Information, dépêché par M. Geagea au Sérail. Était présent Ghattas Khoury, conseiller politique du Premier ministre.
S’exprimant à l’issue de la rencontre, M. Riachi a fait savoir que la discussion a porté sur les derniers développements sur la scène locale, ainsi que sur l’approbation du budget en Conseil des ministres. Il a insisté sur l’importance de « préserver la stabilité et maintenir la politique de distanciation du Liban par rapport aux développements régionaux ». Et de souligner que les discussions se poursuivront dans les prochains jours.
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Pour en revenir au train de nominations, des milieux proches des FL estiment qu’une importante querelle devrait porter sur le poste de PDG de Télé-Liban (réservé aux grecs-catholiques) auquel le CPL est toujours attaché.
À leur tour, les milieux du CPL semblent déterminés à affronter les FL. Un proche du parti qui a requis l’anonymat déclare à L’OLJ : « Les FL nous attaquent depuis plus d’une semaine sur fond des prochaines nominations. Et il est évident qu’elles se préparent pour ce combat. » « Il est normal que chacun tente de propulser le maximum de partisans possible au sein l’administration », dit-il sans vouloir se prononcer au sujet de Télé-Liban.
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Hariri-Bassil
En attendant, les regards restent braqués sur le leader du CPL, dans la mesure où des observateurs s’attendent à une prochaine rencontre entre Saad Hariri et Gebran Bassil, pour consacrer le climat d’accalmie distillé à la faveur de la rencontre de Baabda. Mais aussi bien les milieux haririens que les aounistes minimisent l’impact d’une telle réunion. Selon eux, l’importance devrait être accordée aux deux séances ministérielles prévues la semaine prochaine, en attendant une nouvelle donne qui rendrait utile un entretien entre MM. Hariri et Bassil. D’ailleurs, c’est ainsi que le leader du CPL a résumé hier sa relation avec le Premier ministre : « Mes rapports avec Saad Hariri n’ont pas besoin d’être restaurés. Et je le rencontrerai quand cela est nécessaire », a-t-il déclaré à la MTV en marge de sa visite officielle en Irlande, entamée hier.
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commentaires (4)
Emmanuel Macron venu de la Banque Rothschild pour se faire élire président de la République française, en profitant du rejet de François Hollande et des erreurs de François Fillon. Pour gouverner, il a proposé des parts du gâteau du pouvoir aux "Les Républicains" et il a réussi. Gébran Bassil est venu de la société civile pour se servir des parts du gâteau, ministère de l'Energie et du ministère des Affaires étrangères, par la grâce de l'Accord de Chiyah, signé par son beau-père, mais cela s'arrêtera là. Il n'a pas l'étoffe pour la suite.
Un Libanais
19 h 49, le 14 juin 2019