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À La Une - états-unis

Steve Kerr, fils d'un recteur de l'AUB assassiné à Beyrouth, s'engage pour le contrôle des armes à feu

"J'espère qu'on pourra changer les choses et qu'on n'aura un jour plus peur dans ce pays de marcher dans la rue et de se faire tirer dessus", déclare l'entraîneur américain, dont le père avait été abattu en sortant de son bureau, à l'AUB, en 1984. 

L'entraîneur de l'équipe de basket-ball américaine Golden State, Steve Kerr, lors de la finale du championnat NBA contre les Raptors de oronto, le 30 mai 2019. Photo Gregory Shamus/Getty Images/AFP

L'entraîneur de l'équipe de basket-ball américaine Golden State, Steve Kerr, a appelé dimanche peu avant le coup d'envoi du deuxième match de la finale du Championnat NBA, au contrôle des armes à feu après une nouvelle fusillade aux Etats-Unis. L'Américain, né à Beyrouth, n'a jamais caché que son engagement contre la prolifération des armes à feu n'était pas sans lien avec un événement tragique qui a marqué sa vie : la mort de son père, Malcolm Kerr, ancien recteur de l'AUB assassiné à Beyrouth en 1984.

"La jeune génération, les jeunes derrière le mouvement March For Our Lives, m'ont vraiment inspiré", a déclaré Kerr dimanche, habillé d'un tee-shirt "Vote For Our Lives" (votez pour nos vies), lors de la conférence de presse précédent le match de son équipe à Toronto. "Je leur apporte mon soutien, à eux et à tous les jeunes, j'espère qu'on pourra changer les choses et qu'on n'aura un jour plus peur dans ce pays de marcher dans la rue et de se faire tirer dessus", a-t-il ajouté. "Le tee-shirt que je porte, est pour rappeler que la seule solution pour sortir de la sale situation où nous sommes, c'est de voter et de voter pour des gens qui veulent changer les lois sur le contrôle des armes à feu dans ce pays", a ajouté l'entraîneur de Golden State.

Kerr réagissait à la tuerie qui a fait douze morts vendredi à Virginia Beach, ville de 450.000 habitants à environ 300 kilomètres au sud de Washington. Un employé municipal a ouvert le feu dans un bâtiment public de la ville, avant d'être abattu par la police. Selon l'ONG Gun Violence Archive, 150 fusillades ayant fait plus de quatre victimes - blessées ou décédées - ont eu lieu depuis le début de l'année 2019.

Kerr critique régulièrement le président américain Donald Trump, entre autres parce qu'il n'est pas partisan du contrôle des armes à feu. Les Golden State Warriors, sacrés champions NBA en 2017 et 2018, ont refusé de se rendre à la Maison Blanche comme le veut la tradition pour rencontrer le milliardaire républicain.

Malcolm Kerr
L'histoire de la famille Kerr est intimement liée à Beyrouth. A l'instar de son fils, Malcolm Kerr est né à Beyrouth, où ses parents enseignaient à l'Université américaine, en 1931. Après des aller-retours annuels entre les Etats-Unis et Beyrouth, que ses parents avaient été obligés de quitter en raison de la seconde guerre mondiale, Malcom Kerr revient s'y installer en 1982, après avoir accepté de prendre la tête de l'AUB, malgré la guerre civile.

Le 18 janvier 1984, alors qu'il quitte son bureau, il est tué sur le campus de l'université par des tireurs non-identifiés. "Selon une source policière, l'un des assaillants a d'abord bousculé, houspillé et frappé le recteur puis un des complices a tiré à bout portant (...) atteignant sa victime à la tête. Le Dr Kerr s'est écroulé pendant que les deux - ou trois - hommes prenaient la fuite par l'escalier et sortaient de l'enceinte universitaire", rapporte L'OLJ, au lendemain de l'assassinat. Malcolm Kerr est décédé peu après, lors d'une intervention chirurgicale. Dans la même édition, L'OLJ avait rapporté que le recteur Kerr avait suscité une polémique, notamment auprès des étudiants militants chiites, après avoir fait signer par tous les étudiants un engagement à ne pas faire de politique sur le campus.


La Une de L'OLJ du 19 janvier 1984. Photo Archives L'OLJ


Son assassinat fut finalement revendiqué par le groupe pro-iranien du "jihad islamique". "Nous sommes responsables de l'assassinat du président de l'AUB, victime de la présence militaire américaine au Liban", avait affirmé une source anonyme, selon des propos rapportés à l'époque par le New York Times. Ce groupuscule islamiste avait également revendiqué les attentats de 1983 contre l'ambassade américain et les contingents américain et français de la Force multinationale de sécurité à Beyrouth. La famille Kerr a gagné une action en justice, engagée en 2002 devant le justice américaine sous le "Antiterrorism and Effective Death Penalty Act" de 1996, contre le gouvernement iranien dans cette affaire.

"Quand une tragédie arrive si tôt dans votre vie, vous prenez conscience à quel point tout est fragile", avait déclaré Steve Kerr dans le cadre d'une longue interview accordée dans le cadre de la célèbre émission 60 minutes.

En 2015, à la veille d'une rencontre avec le président Obama, pour célébrer la victoire des Golden State Warriors au championnat de la NBA, Steve et son frère Andrew avaient discuté de ce que l’entraîneur pourrait dire au président. "Andrew lui avait recommandé de saluer ses efforts pour le contrôle des armes à feu", rapportait le New York Times dans un long portrait de Steve Kerr publié en 2016. Steve Kerr l'avait fait. En juin de la même année, à la fin d'un podcast, avec un journaliste sportif, Tim Kawakami, M. Kerr avait demandé à aborder le sujet des armes à feu. "Notre gouvernement est 'fou', avait-il dit, de ne pas adopter une procédure de vérification renforcée des antécédents de tout acheteur d'armes à feu". 

"En tan que personne ayant eu un proche visé par une arme à feu et tué, je suis dévasté à chaque fois que je lis une affaire similaire, comme ce qui s'est passé à Orlando", avait alors dit au New York Times l’entraîneur, en référence au massacre à l'arme à feu perpétré dans une boîte de nuit en Floride. "Il est encore plus dévastateur de voir le gouvernement, en suite, battre en retraite devant la NRA (National Rifle association)", avait-il ajouté. Depuis, Steve Kerr n'a pas relâché son engagement sur ce dossier.


L'entraîneur de l'équipe de basket-ball américaine Golden State, Steve Kerr, a appelé dimanche peu avant le coup d'envoi du deuxième match de la finale du Championnat NBA, au contrôle des armes à feu après une nouvelle fusillade aux Etats-Unis. L'Américain, né à Beyrouth, n'a jamais caché que son engagement contre la prolifération des armes à feu n'était pas sans lien avec un...

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