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À La Une - Portrait

Khomeyni, père de la République islamique d'Iran

L'ayatollah, au regard sombre sous le turban noir et front barré de rides, a passé une quinzaine d'années en exil avant de devenir le guide de la République islamique d'Iran, pays où le chiisme est religion d'Etat depuis le XVIe siècle.

L'ayatollah Khomeyni, le 26 septembre 1980 à Téhéran. AFP / Stig NILSSON

C'est à l'automne de sa vie que Rouhollah Khomeyni prend la tête de la révolution islamique iranienne de 1979, bouleversant le paysage politique et religieux du Moyen-Orient.

L'ayatollah, au regard sombre sous le turban noir et front barré de rides, a passé une quinzaine d'années en exil avant de devenir le guide de la République islamique d'Iran, pays où le chiisme est religion d'Etat depuis le XVIe siècle.

Quarante ans plus tard, la révolution iranienne continue d'exacerber dans le monde musulman la rivalité entre les deux grandes branches de l'islam: chiisme et sunnisme.

Né en 1902 dans le centre de l'Iran, Rouhollah ("Esprit de Dieu") Khomeyhi est issu d'une famille de religieux. Il n'a que quelques mois lorsque son père, ayatollah, est assassiné par un seigneur local pour s'être opposé au régime impérial.



(Lire aussi : Khomeyni : l’opposant, le guide et le despote)



Exilé en 1964
Elevé par sa mère et sa tante, il suit des études religieuses, notamment dans la ville sainte de Qom, au sud de Téhéran. Il acquiert une grande maîtrise de la philosophie, du droit et de la jurisprudence islamiques, puis forme ses premiers disciples. Respecté pour son érudition, il l'est également pour sa rigueur morale qui fonde sa réputation.

Il épouse en 1929 une jeune fille de 16 ans qui lui donne trois filles et deux garçons dont l'un meurt en 1977.

Khomeyni ne s'engage en politique qu'en 1962 --il a alors 60 ans-- pour dénoncer la "Révolution blanche" entreprise par le chah pour moderniser les campagnes.

La mort, en 1961, du grand ayatollah Hossein Boroujerdi, alors première autorité spirituelle en Iran et partisan d'une stricte non-intervention du clergé chiite dans la vie politique, lui laisse le champ libre pour faire valoir ses idées.

En 1963, dans un sermon incendiaire, Khomeyni met en garde le chah contre le danger d'être un jour chassé dans l'allégresse populaire.

Emprisonné à la suite de troubles à Qom en juin 1963, il est arrêté de nouveau en 1964 après une nouvelle charge contre le régime impérial, qui vient d'accorder l'immunité diplomatique au personnel militaire américain en Iran, et forcé à l'exil.

De Turquie, il passe en Irak en 1965. Installé dans la grande ville sainte chiite de Najaf, il radicalise son discours et développe la théorie du "Velayat-é faqih" ("gouvernement du juriste musulman"), consacrant le pouvoir d'un ouléma choisi pour sa piété et son jugement pour diriger à la fois l'Etat et la communauté des croyants. Ce principe fondera plus tard la République islamique.

Chassé de Najaf par le gouvernement irakien, il atterrit en France en 1978, et s'installe à Neauphle-le-Château dans la banlieue parisienne. C'est de là qu'il conduira la phase finale de sa lutte. Il abreuve ses partisans de féroces diatribes contre le chah, enregistrées sur des cassettes audio qui trouvent leur chemin jusqu'en Iran, où la répression sanglante des manifestations jettent davantage d'Iraniens dans les rues.

La révolution est en marche: le chah quitte Téhéran le 16 janvier 1979, et le 1er février, "l'avion de la révolution" ramène "l'imam" en triomphe. La République islamique est proclamée le 1er avril.



(Lire aussi : « On ne pensait pas que la révolution allait se transformer en cauchemar islamiste »)



"Grand Satan"
Si ses discours s'adressent aux déshérités, Khomeyni engage la République islamique sur une nouvelle voie: l'expulsion du "Grand Satan" américain. En novembre, des étudiants occupent l'ambassade des Etats-Unis. Cinquante-deux diplomates seront retenus en otages, pendant 444 jours.

Fin 1979, Khomeyni est investi des pouvoirs de guide ("Rahbar") de la République islamique par la nouvelle Constitution. Dans les premières années suivant la Révolution, la société iranienne connaît une réislamisation rapide.

La ferveur révolutionnaire en Iran inquiète certains pays voisins. En 1980, le dictateur Saddam Hussein déclenche les hostilités contre Téhéran pour empêcher toute propagation de la Révolution islamique en Irak, où les chiites sont majoritaires.

Après huit années de conflit, le guide iranien accepte à contrecoeur la fin des combats qui ont rendu le pays exsangue. Mais la guerre a renforcé la République islamique, qui, dans le même temps a réprimé les "ennemis de l'intérieur", comme les marxistes ou les nationalistes laïques, qui avaient pris part à la révolution de 1979.

En 1989, affaibli par un cancer de la prostate, Khomeyni affirme sa volonté de "ne pas permettre aux libéraux de prendre le pouvoir". Il se sépare de l'ayatollah Montazéri, pourtant successeur désigné.

Peu avant son décès, le 3 juin 1989, il lance une fatwa appelant au meurtre de l'écrivain britannique d'origine indienne Salman Rushdie pour son livre "Versets sataniques", qu'il juge blasphématoire.

Devenu un lieu de pèlerinage, son mausolée à l'ouest de Téhéran accueille chaque année des millions d'Iraniens.



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