Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a annoncé lundi son intention de purger le système judiciaire, accusé d'entraver le grand ménage entrepris dans le monde politique depuis son arrivée au pouvoir.
Nommé il y a un an après plusieurs semaines de manifestations massives, le chef du gouvernement est confronté à des difficultés dans son désir de juger l'ancien président Robert Kotcharian, poursuivi pour "coup d'Etat" mais libéré de détention préventive ce week-end.
Mobilisant dans la rue ses partisans, qui ont bloqué des tribunaux de la capitale, le Premier ministre a haussé le ton lundi. "Les tribunaux sont les vestiges des anciennes autorités corrompues", a-t-il déclaré lors d'un conseil des ministres diffusé à la télévision, dénonçant un système judiciaire sans "légitimité" en lequel "le peuple n'a pas confiance". "Le temps est venu pour une intervention chirurgicale", a-t-il poursuivi, assurant que les juges seraient soumis à un examen approfondi durant une période "transitoire" et appelant à la démission ceux "qui ne pensent pas pouvoir être justes" ou dont les jugements ont été dénoncés par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). "Si c'est nécessaire, nous adopterons des amendements constitutionnels. Tout cela sera fait en conformité avec la loi internationale", a-t-il ajouté au cours de ce conseil des ministres, appelant à l'aide les partenaires occidentaux de l'Arménie.
Il tenait ces propos alors que des manifestants bloquaient lundi à son appel les tribunaux d'Erevan pour protester contre la décision samedi d'une cour de libérer l'ancien président Robert Kotcharian, accusé d'avoir fomenté un coup d'Etat en 2008.
Bravant la pluie, plusieurs dizaines de partisans du Premier ministre se sont réunis devant la Cour Constitutionnelle et le tribunal municipal d'Erevan dans les premières heures du jour, selon un journaliste de l'AFP.
Plus tard, Nikol Pachinian a appelé sur sa page Facebook à mettre fin aux blocages, expliquant que "la manifestation a atteint son but".
Croisade anticorruption
Nikol Pachinian est arrivé au pouvoir l'an passé, après avoir mené pendant plusieurs semaines des manifestation pacifiques réclamant le départ de l'ex-président Serge Sarkissian. Élu à son tour Premier ministre, l'ancien journaliste de 43 ans a promis d'importantes réformes démocratiques et économiques.
Il a lancé une croisade tous azimuts contre la corruption des précédentes élites. Plusieurs affaires ciblent l'entourage de Robert Kotcharian, 64 ans, qui a dirigé l'ex-république soviétique de 1998 à 2008. L'ancien président lui-même est accusé de "renversement de l'ordre constitutionnel" pour avoir, selon l'accusation, truqué la présidentielle de 2008 en faveur de son allié et successeur désigné, Serge Sarkissian. Son procès s'est ouvert la semaine dernière à Erevan. Il avait été arrêté en juillet 2018, puis brièvement libéré et à nouveau arrêté en décembre. Samedi, un tribunal d'Erevan l'a libéré de détention préventive. Robert Kotcharian dénonce les charges présentées contre lui, estimant qu'il s'agit d'une vengeance politique. "Les autorités arméniennes actuelles m'ont déclaré coupable", dit-il.
Après l'élection de 2008, de violents affrontements avaient éclaté entre la police et les partisans de l'opposition qui dénonçaient un vote frauduleux. Huit manifestants et deux membres des forces de l'ordre avaient été tués.
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