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À La Une - Liban

Hassan ordonne une enquête sur le décès d'un homme détenu par les FSI

Hassan el-Diqqa est décédé à cause des "violences et tortures" infligées lors d'un interrogatoire du service des renseignements, accuse sa famille.

La ministre libanaise de l'Intérieur, Raya el-Hassan. Photo REUTERS/Mohamed Azakir

La ministre de l'Intérieur, Raya el-Hassan, a ordonné dimanche l'ouverture d'une enquête au sein des Forces de sécurité intérieure afin de dévoiler les causes du décès d'un homme, Hassan el-Diqqa, qui était détenu par le service des renseignements des FSI et serait mort sous la torture, selon sa famille.

Se disant "désolée" du décès de ce détenu, qui faisait l'objet d'un mandat d'arrêt émis en décembre 2018 pour une affaire de narcotrafic, Mme el-Hassan a affirmé "avoir donné samedi des directives au directeur général des FSI, le général Imad Osman, afin qu'il prenne des mesures immédiates pour ouvrir une enquête sur les causes du décès". "Le ministère de l'Intérieur a envoyé un rapport détaillé au bureau du Commissariat aux Droits de l'homme de l'ONU concernant les accusations de torture dont aurait été victime Hassan el-Diqqa", a-t-elle ajouté, assurant que le Liban "respecte l'application des conventions internationales en matière de droits humains". 

Plus tôt dans la journée, le père du défunt avait annoncé, dans un communiqué, que son fils était décédé en raison des "violences et tortures" infligées lors d'un interrogatoire du service des renseignements. "Mon fils s'est retrouvé paralysé de la jambe gauche après avoir été torturé et il avait besoin d'une intervention chirurgicale au dos et d'au moins six mois pour s'en rétablir", a écrit Toufiq el-Diqqa dans un texte publié par plusieurs médias locaux. "Il ne lui était pas permis d'être hospitalisé après son arrestation. Le 2 avril 2019, il a été admis à la prison de l'hôpital al-Hayat, où il est décédé", a-t-il ajouté.

En soirée, les Forces de sécurité intérieure ont publié un communiqué sur leur site dans lequel elles réfutent les allégations de torture. Elles expliquent d'abord que le détenu avait été transféré à l'hôpital al-Hayat le 2 avril 2019, "en raison de maux de dos", cinq mois après son arrestation. La police affirme ensuite que "dans tous les lieux où il a été détenu, l'individu a subi des contrôles médicaux". 

Les FSI soulignent que leur service des renseignements "n'a interrogé Hassan el-Diqqa que pendant 48h, après quoi l'interrogatoire a été clos et l'individu a été remis aux autorités judiciaires compétentes". Elles ajoutent qu'"aucun interrogatoire n'a été mené (par son service des renseignements) avec la victime entre le 5 novembre 2018 et le 11 mai 2019, date de son décès". La police affirme également que le détenu "a été présenté devant le premier juge d'instruction du Mont-Liban le 16 novembre 2018 et n'a mentionné aucun mauvais traitement ou torture". 

La police fait valoir par la suite qu'un médecin légiste, N.M., qui a été "arrêté pour falsification de rapports", a rédigé un document daté du 23 novembre 2018 dans lequel il écrit que le détenu présente des marques de coups et des contusions sur son corps. Le médecin légiste en question a été arrêté le 4 mars 2019. Après examen du contenu de son téléphone portable, "des conversations entre lui et le père du détenu ont été retrouvées, dans lesquelles les deux hommes se mettaient d'accord pour mentionner dans le rapport des coups et des contusions sur le corps de la victime suite à des séances de torture".



(Lire aussi : HRW appelle le Liban à financer le Mécanisme de prévention contre la torture)



"Scandale sans précédent"
Réagissant à cette affaire, le ministre de la Justice, Albert Serhane, s'est engagé à "mener toutes les enquêtes nécessaires pour dévoiler les circonstances du décès" de Hassan el-Diqqa. Il a affirmé que le ministère de la Justice "respecte entièrement tous les accords visant à lutter contre la torture et garantit le respect des droits humains".

Le Parti socialiste progressiste (du leader druze libanais Walid Joumblatt) a pour sa part condamné "la façon dont les forces de l'ordre et judiciaires ont traité le dossier du détenu Hassan el-Diqqa, qui est mort en détention après avoir été torturé et après que sa libération pour subir une intervention chirurgicale ait été refusée". "Que le détenu ait été coupable ou innocent, les comportements sauvages dont il a été victime lors de son arrestation, causant sa paralysie, et le fait que des soins médicaux lui aient été refusés constituent un scandale sans précédent", a ajouté le PSP, appelant à ce que toutes les personnes impliquées dans cet incident soient poursuivies en justice.

Dans son rapport pour l'année 2018, l'organisation Amnesty reprochait aux responsables libanais de n'avoir rien mis en œuvre depuis l'adoption, en septembre 2017, de la loi contre la torture. "L'Institut international pour les droits de l'homme, mandaté pour superviser la mise en application de cette loi, est toujours inactif, le gouvernement n'a pas alloué de budget indépendant à cette institution et n'a pas nommé les cinq membres requis pour former le Mécanisme international de prévention contre la torture", soulignait l'organisation.



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commentaires (1)

Tiens, voilà une idée d'économie. Combien de motards verbalisés pour rouler en sens interdit? Aucun. Virer tous les flics.

M.E

18 h 52, le 12 mai 2019

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Commentaires (1)

  • Tiens, voilà une idée d'économie. Combien de motards verbalisés pour rouler en sens interdit? Aucun. Virer tous les flics.

    M.E

    18 h 52, le 12 mai 2019

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