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À La Une - Liban

Échauffourées lors d'un sit-in à Mansouriyé contre l'installation de lignes à haute-tension

Suspension des travaux d'installation par les ouvriers d'Electricité du Liban (EDL).

Un pylône électrique situé près d'habitations à Mansourieh. Photo Suzanne Baaklini

Les habitants de Mansouriyé, au sud-est de Beyrouth, ont manifesté mardi contre l'installation par la force de lignes de haute-tension dans leur localité, un mouvement de contestation marqué par des échauffourées avec les forces de l'ordre et qui a mené à la suspension des travaux d'installation par les ouvriers d'Electricité du Liban (EDL). 

Les habitants en colère, qui craignent que l'installation des câbles à proximité d'habitations et d'écoles n'ait un impact sur leur santé et sécurité, ont bloqué la route menant de Mansouriyé à Aïn Saadé, ce qui a causé des embouteillages dans la région, rapporte notre correspondante sur place, Suzanne Baaklini. Ils reprochaient notamment aux ouvriers d'EDL et aux membres des forces de l'ordre déployés pour faciliter les travaux d'installation d'être entrés dans une propriété privée sans en avoir préalablement notifié les propriétaires. Était notamment présent au sit-in le député Elias Hankache (Kataëb), qui soutient depuis le début le mouvement de contestation des habitants. Des échauffourées ont alors éclaté avec les forces de l'ordre, alors que le député était toujours sur les lieux. 




Après plusieurs heures, les ouvriers et les forces de l'ordre ont quitté les lieux, suite à une intervention du député Ibrahim Kanaan, qui a demandé à la ministre de l'Intérieur, Raya el-Hassan, de mettre fin à l'utilisation de la force. Cette dernière a précisé que le rôle du personnel armé déployé sur les lieux "se limitait à soutenir les personnes chargées de mettre en œuvre des travaux, qui ont été prévus sur base de décisions juridiques". 

D'après le père Dany Ephrem, curé de la paroisse locale présent au sit-in, "les opposants au projet ont encore des cartes en main". Il a dit que le mouvement de contestation de ce mardi n'est "que le début de la bataille". 


Le père Dany Ephrem assis au milieu de la route de Mansourieh-Aïn Saadé, lors d'un sit-in, le 7 mai 2019. Photo Suzanne Baaklini



La version des FSI
Dans un communiqué publié en début de soirée, les FSI ont livré leur version des événements. Selon les policiers, présents sur les lieux pour "encadrer les travaux conformément à la décision du Conseil des ministres", le contremaître chargé des travaux sur l'un des pylônes, "face au danger que représentent ces travaux pour les personnes qui s'étaient rassemblées près de ce pylône", a demandé au commandant des agents de sécurité d'éloigner ces personnes. "Après consultation des autorités, il a été décidé d'éloigner les personnes présentes. Les agents des FSI n'ont pas pu éloigner ces personnes, qui s'étaient emparées de matériel et d'outils. Des échauffourées entre les agents et ces personnes ont alors éclaté, causant une situation de chaos", poursuit ce texte. Insistant sur le respect de la liberté d'expression dans le cadre de la loi, les FSI disent "veiller à la sécurité de l'Etat et des citoyens mais, en même temps, devoir faire respecter les ordres". Déplorant ces échauffourées, les FSI indiquent que plusieurs de leurs agents ont été légèrement blessés.

De son côté, le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a exprimé son "mécontentement", dans un communiqué publié par le bureau de presse du siège patriarcal, "condamnant toutes les formes de violence entre les forces de sécurité et les habitants qui protestent contre la mise en œuvre d'une décision administrative qu'ils estiment préjudiciable pour leur santé et celle de leurs enfants". "Ce qui s'est passé va à l'encontre des traditions libanaises et des principes démocratiques", ajoute le texte. Le prélat appelle les "parties concernées, et particulièrement la ministre de l’Énergie, à œuvrer pour un apaisement avec les habitants, à respecter leurs inquiétudes légitimes et à trouver une solution conforme aux normes internationales sur ce plan". Dans la soirée, il s'est entretenu au téléphone avec Mme Boustani qui a exposé son point de vue.

Mi-avril, un nouveau round de contestation contre l'installation de ces câbles avait été lancé par les habitants de plusieurs localités du Metn. Ce regain de tension avait été provoqué par la publication du plan de réforme du secteur de l'électricité, présenté par la ministre de l’Énergie Nada Boustani qui prévoit de "demander aux Forces de sécurité intérieure d’assurer des agents de sécurité en nombre suffisant pour accompagner les fonctionnaires d’EDL et les aider à accomplir leur mission, notamment pour compléter l’installation du réseau de 220 kilovolts dans la région de Mansouriyé". Le plan demande en outre à l’armée libanaise de "soutenir les FSI dès que le besoin se fait sentir et de faire preuve de fermeté dans la réalisation de la mission".



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commentaires (3)

« face au danger que représentent ces travaux pour les personnes qui s'étaient rassemblées près de ce pylône » Les travaux représentent un danger, pas les 220Kilovolts. Demandez à la ministre, ou aux ex-ministres, de mettre le lit de ses (leurs) enfants dans un des appartements de Mansourieh. Que coûte l’utilisation de câbles souterrains dans la localité ? Vivement un Ingenieur (un vrai) au ministère.

Evariste

00 h 49, le 08 mai 2019

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Commentaires (3)

  • « face au danger que représentent ces travaux pour les personnes qui s'étaient rassemblées près de ce pylône » Les travaux représentent un danger, pas les 220Kilovolts. Demandez à la ministre, ou aux ex-ministres, de mettre le lit de ses (leurs) enfants dans un des appartements de Mansourieh. Que coûte l’utilisation de câbles souterrains dans la localité ? Vivement un Ingenieur (un vrai) au ministère.

    Evariste

    00 h 49, le 08 mai 2019

  • ELOIGNEZ LES INSTALLATIONS ELECTRIQUES DES HABITATIONS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 59, le 07 mai 2019

  • Madame Nada Boustani, élaborez une installation de lignes à haute tension qui ne soit pas nuisible aux habitants de Mansourieh...et vous n'aurez pas besoin ni des forces de l'ordre, ni des FSI...ni de l'armée libanaise...pour mener à bien votre projet ! Parfois, il faut savoir changer d'avis, même quand on est ministre ! Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 26, le 07 mai 2019

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