De nouveaux heurts opposaient mercredi des partisans de l'opposant Juan Guaido et les forces de l'ordre à Caracas en marge des rassemblements du 1er mai, au lendemain de la tentative de soulèvement ratée d'un groupe de militaires contre le président Nicolas Maduro.
En début d'après-midi, des manifestants tentaient de bloquer une autoroute qui longe la base militaire aérienne de La Carlota, d'où Juan Guaido avait assuré mardi avoir le soutien d'un groupe de soldats, et lançaient des pierres en direction des forces de l'ordre, qui répondaient par des tirs de gaz lacrymogène.
Signe de l'inquiétude de la communauté internationale, l'ONU a mis en garde les autorités vénézuéliennes contre un usage "excessif de la force" contre les manifestants.
Pour ce 1er mai, dont le chef de file de l'opposition entend faire la "plus grande manifestation de l'histoire du Venezuela", ils étaient plusieurs milliers à la mi-journée à agiter des drapeaux et crier leur rejet du président Maduro en une quinzaine de points de rassemblement à travers la capitale.
"Hier, nous avons vu des soldats reconnaître notre président par intérim. Nous devons continuer à occuper la rue", lance Patricia Requena, 40 ans. "Je continuerai à manifester tant que Dieu me le permettra".
Dans les rues ensoleillées de Caracas, des carcasses de véhicules calcinés, signe des tensions de la veille, étaient encore visibles.
"Demain, nous allons accompagner la proposition de grève tournante (faite par les travailleurs) pour arriver à la grève générale", a déclaré devant des milliers de partisans Juan Guaido, 35 ans, reconnu comme président par intérim par une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis. "On va continuer dans la rue jusqu'à obtenir la liberté", a assuré l'opposant, chemise blanche aux manches retroussées, juché sur un véhicule équipé d'enceintes.
(Pour mémoire : L'opposant Juan Guaido déclaré inéligible durant 15 ans)
A Washington, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a prévenu mercredi qu'"une intervention militaire (était) possible. Si c'est nécessaire, c'est ce que feront les Etats-Unis".
Lors d'un entretien téléphonique mercredi avec son homologue russe Serguei Lavrov, Mike Pompeo a accusé Moscou de "déstabiliser" le Venezuela, et de nouveau demandé à la Russie de cesser de soutenir le président socialiste Nicolas Maduro. Lavrov a rétorqué que "l'ingérence de Washington dans les affaires du Venezuela est une violation flagrante du droit international" et que "cette influence destructrice n'a rien à voir avec la démocratie".
Dans le centre de Caracas, aux abords du palais présidentiel de Miraflores, le pouvoir a donné rendez-vous à ses sympathisants pour le traditionnel défilé du 1er mai, qui, cette année, prend une connotation particulière.
"D'expérience, nous savons que ça n'est ni la première, ni la dernière fois que l'oligarchie financière soutenue par l'impérialisme yankee tente de briser les espoirs d'un peuple qui a décidé d'être libre", lance Valmore Vargas, 47 ans, qui revendique fièrement l'héritage de "notre commandant Hugo Chavez", décédé en 2013.
Mardi, des milliers de manifestants se sont violemment opposés aux forces de l'ordre dans les rues de Caracas en soutien à un groupe de militaires qui avait rallié M. Guaido à l'aube. Au moins une personne a été tuée et près d'une centaine blessées, dont deux par balles. La tentative de soulèvement s'est dégonflée au fur et à mesure que les principaux chefs militaires réaffirmaient leur soutien au socialiste Nicolas Maduro.
(Pour mémoire : Venezuela : soumis à de nouvelles sanctions, le régime contre-attaque)
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En fin de journée mardi, un groupe d'insurgés a demandé l'asile à l'ambassade du Brésil. Une des figures de l'opposition, Leopoldo Lopez, qui était assigné à résidence depuis 2017, est apparu aux côtés de M. Guaido et des militaires insurgés avant de se réfugier dans l'ambassade du Chili, puis celle d'Espagne.
Depuis le 23 janvier, le Venezuela, confronté à la plus grave crise de son histoire avec une économie au ralenti, une monnaie naufragée et des pénuries, compte de fait deux "présidents".
"Pour les Etats-Unis, la politique (américaine) au Venezuela est très risquée. Il n'y a aucune garantie de succès, à court ou moyen terme. La plupart des décisions semblent guidées par des idées fausses plutôt que par une stratégie", déclare à l'AFP Michael Shifter du centre de réflexion Inter-American Dialogue, basé à Washington,en qualifiant le geste de mardi de Guaido d'"audacieux".
Dénonçant également l'"usage de la force", les pays latino-américains et européens du Groupe de contact international (GCI) sur le Venezuela ont réaffirmé mercredi leur soutien à une solution "politique, pacifique, démocratique et conduite par les Vénézuéliens à la crise".
Quelque 2,7 millions de Vénézuéliens ont fui le pays depuis 2015, face aux pénuries de biens de première nécessité et de médicaments, selon les chiffres de l'ONU.
Le Trésor américain a infligé une série de sévères sanctions financières au régime de Nicolas Maduro, qualifié d'"illégitime". Dernières en date : l'embargo américain sur le pétrole vénézuélien entré en vigueur dimanche.
A Cuba, allié du pouvoir chaviste à Caracas, le défilé du 1er mai a été placé mercredi sous le double signe du soutien au Venezuela du président Maduro et de l'opposition au président américain Donald Trump qui a menacé l'île d'un embargo "total".
Pour mémoire
La pression internationale monte sur Maduro, l'aide toujours bloquée
LAVROV : L,INGERENCE DE WASHINGTON DANS LES AFFAIRES DU VENEZUELLA EST UNE VIOLATION FLAGRANTE DU DROIT INTERNATIONAL. ET QU,EST-CE QUE L,INTERVENTION RUSSE EN SYRIE, EN CRIMEE, EN UKRAINE POUR NE CITER QUE CEUX-LA... EST-CE LE RESPECT DU DROIT INTERNATIONAL ? CHACUN CRITIQUE L,AUTRE MAIS SE MENAGE LUI-MEME !
08 h 20, le 02 mai 2019