Les enfants nés de mères yazidies violées par des jihadistes du groupe Etat islamique (EI) ne sont pas considérés comme Yazidis et ne pourront pas rejoindre la communauté dans le nord de l'Irak, a annoncé le Conseil spirituel suprême de cette minorité.
Persécutée par les jihadistes, la minorité yazidie en Irak comptait un temps 500.000 personnes dans son foyer historique des monts Sinjar (nord-ouest), avant que les combattants de l'EI ne s'emparent de la région en 2014. Les hommes yazidis ont été tués, les garçons forcés à combattre dans les rangs de l'EI et des milliers de femmes enlevées et réduites à l'état d'esclaves sexuelles.
Le sort des enfants nés de viols de Yazidies suscite un vif débat dans la communauté, qui ne reconnaît les enfants comme Yazidis que si les deux parents le sont. La semaine dernière, le chef du Conseil spirituel suprême Hazem Tahsin Said a publié un arrêté "acceptant tous les survivants" des crimes de l'EI, les considérant comme victimes d'actes commis "contre leur volonté". Les militants yazidis ont aussitôt salué une décision "historique" car permettant, selon eux, aux enfants nés de viols de vivre avec leurs proches. Mais samedi, le Conseil a précisé que sa décision "n'incluait pas les enfants nés de viols".
Les Yazidis ont longtemps considéré que les femmes se mariant en dehors de la communauté n'en faisaient plus partie, ce qui a aussi concerné dans un premier temps les femmes violées en 2014 par les jihadistes de l'EI. Mais le chef spirituel de la minorité, Baba Cheikh, avait l'année suivante permis le retour des femmes, sans toutefois résoudre le problème de leurs enfants.
De nombreuses Yazidies enlevées par l'EI ont réussi à s'échapper, notamment ces derniers mois lorsque les jihadistes se sont retrouvés acculés dans leur dernier réduit dans l'est de la Syrie, finalement tombé en mars 2019. Devant choisir entre l'excommunication et l'abandon de leurs enfants, des dizaines de Yazidies sont retournées sans leurs enfants dans le nord de l'Irak.
En Irak, les enfants héritent de leur père leur nationalité et l'appartenance à une communauté. Ceux dont les pères ont disparu ou sont morts risquent d'être apatrides en raison du manque d'informations sur l'identité du géniteur.
Le président irakien Barham Saleh a proposé en avril un projet de loi qui accorderait des indemnités aux Yazidies ayant survécu aux crimes de l'EI et créerait un tribunal pour clarifier les problèmes liés à "l'état civil".
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commentaires (4)
Pauvres enfants nés de la folie dune guerre télécommandée par des services secrets occidentaux.
FRIK-A-FRAK
16 h 12, le 29 avril 2019