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À La Une - Concert

Le rappeur français Booba à Beyrouth : une première validée

« C’était trop court, mais c’était magnifique », sourit Ahmad, un lycéen de 18 ans.

Le rappeur français Booba sur la scène du Gärten à Beyrouth. Photo Adrien Simorre

Booba, considéré comme l’un des plus grands rappeurs français, s’est produit au Liban pour la première fois jeudi soir. Il a ravi le public du Gärten, discothèque branchée dans le Centre-ville de Beyrouth, le temps d’un bref concert.

« Booba est le dieu du rap français », tel est le verdict admiratif de Chadi, 18 ans. Autour de lui, ses amis opinent tous du chef. Pour la première fois, le rappeur français Booba s’est produit à Beyrouth jeudi soir. Deux millions d’albums vendus, huit disques d’or, cinq de platine dont trois de double platine : sa venue était attendue par un public jeune, aisé et ravi dans le club de musique électronique The Gärten, situé sur le nouveau front de mer de Beyrouth, dans le centre-ville.

Pendant le concert, des pirates ou ratpis (les fans inconditionnels, comme Booba les appelle), crient les paroles qu’ils connaissent par cœur. Ils côtoient ceux qui ne connaissent pas le rappeur, comme Rand et Yaëlle, deux étudiantes venues pour accompagner leur ami Paul. Cela n’empêche pas le public exalté de suivre assidûment. Il chante à pleins poumons tout au long du show, peut-être plus que le rappeur lui-même. Booba demande à la foule de se « concentrer » avant de commencer Petite fille, chanson hommage à sa fille Luna. A son habitude, le Duc de Boulogne, comme est surnommé Booba, tend régulièrement le micro pour faire participer son auditoire.

Les premières notes de chaque morceau suscitent les cris passionnés du public. Booba puise surtout dans son dernier album « Trône », paru en 2017. Sa carrure massive sous une chemise en soie rose à motifs floraux, il évoque de sa voix autotunée l’argent, les femmes, sa fille Luna, les vices et la noirceur humaine. Pendant le concert, il prend brièvement la parole. Il lance un « comment ça va Beyrouth », remercie d’être « bien accueilli ». Il égrène les tubes, presque blasé, coupant sa chanson DKR au milieu.


« C’était trop court, mais c’était magnifique »
Devant lui, une armée de bras tendus se pressent contre la scène et brandissent des smartphones. L’artiste en attrape quelques-uns pour prendre des selfies et autres snaps, puis les rend. A deux reprises, le public scande « Booba, Booba ». Un drapeau sénégalais s’agite sur la gauche, en hommage aux origines du rappeur, tandis qu’un drone survole le club.

Pendant toute la performance, l’enthousiasme des fans ne faiblit pas. Il n’en a pas vraiment le temps. Booba est annoncé à 01h01, il arrive à 01h23 sur scène. A 1h54, il en repart. Il s’assoit ensuite quelques instants sur un canapé dans un coin VIP. A 2h36, B2O (un autre surnom de l’artiste) est parti.

« C’était trop court, mais c’était magnifique » : Ahmad, lycéen de 18 ans, sourit gaiement. Son ami Chadi est venu de la région de Tyr pour voir Booba. Il est radieux aussi. Chadi émet un souhait : « qu’on ramène Niska », un autre rappeur français.

Les ratpis présents aiment le rap francophone. Ils ne connaissent pas les pionniers du rap français IAM, venus pour la première fois aussi à Beyrouth en octobre dernier. Ils citent plutôt des rappeurs plus jeunes : Damso, Niska, Koba LaD.

Les artistes libanais les charment moins. Cyril, lycéen de 18 ans avec un bandeau noué dans les cheveux, est clair : « Je n’aime pas le rap libanais. Je n’aime pas le beat, ni le style, ni le son. » Sami, 25 ans, est plus nuancé : « Au Liban, il y a du talent, mais il faut l’encourager. Il faut de l’argent et du marketing. » La scène libanaise émerge vers la fin des années 90. Elle est surtout incarnée par un rap conscient, comme celui des artistes Rayess Bek, Edd Abbas ou El-Rass. Ils ont fait le choix de rapper en arabe, pour se faire comprendre d’un plus grand nombre de Libanais.

En libre-service sur les tables basses de l’espace backstage accessible grâce à des places à 150 000 LL (100$), des bouteilles du champagne fraternisent avec celles de vodka. Côté whisky, pas de D.U.C, la marque lancée par Booba. Reconverti en homme d’affaires depuis 2004, le rappeur possède une marque de vêtements et de parfum, un site web, une chaîne TV et une web radio.

Le public, qui vient à l’évidence d’un milieu aisé, semble apprécier ce que chante le producteur issu de la banlieue parisienne. Sami, qui travaille dans la finance et la comptabilité, « aime le rap street gang, qui touche à des choses que les gens vivent ».


Un passage au Liban discret
Roi du rap français et du silence, Booba n’a fait jeudi soir ni politique ni remous. B2O (connu également sous le pseudo Kopp) a toutefois son opinion sur les conflits de la région. Dès 2002, dans son premier single Destinée qui le fait connaître du grand public, il lance « Et moi j’suis d’humeur palestinienne ». La phrase est alors censurée à la radio française.

En juillet 2014, nouveau sursaut politique lors de la guerre de Gaza : il qualifie d’« hypocrites » ses fans manifestant leur soutien aux Palestiniens. Il les incite à « aller sur le terrain » plutôt qu’à écrire leur opinion sur les réseaux. L’islamologue Tariq Ramadan entre autres l’accuse alors d’être pro-israélien. Booba répond en publiant deux semaines plus tard une chanson inédite, 3G. Il y rappe : « Ma life est d’humeur palestinienne bien avant toi, depuis Destinée » ; puis « Mon dernier single, dans un char, tourne dans les rues de Tripoli. »

Booba, de son vrai nom Elie Yaffa, s’est peu exprimé autour de son premier concert libanais. La jeune entreprise libanaise Mage Productions l’a convié et organise ainsi son premier événement. Booba n’a pas souhaité donner d’interviews aux médias. Sur son compte Instagram, il a publié quelques traces de son passage au Liban entre ses montages photos maison et ses vidéos à la salle de sport. Une vidéo en noir et blanc d’une route depuis une voiture, sur fond de chanson « Libnan rah jerjaa, el haq ma bi mout » (Le liban reviendra, le droit ne meurt jamais) chantée par Joseph Attié. Une seconde vidéo le montre, tirant à la kalachnikov dans ce qui ressemble à la campagne libanaise, sur des cibles à l’effigie du rappeur français Kaaris, son rival avec qui il s’est battu en juillet dernier à Orly. Il conclut son passage libanais sur une dernière vidéo du concert, la foule chantant à l’unisson, et qu’il légende d’un « merci » agrémenté d’un cœur noir et du drapeau libanais.

Booba, considéré comme l’un des plus grands rappeurs français, s’est produit au Liban pour la première fois jeudi soir. Il a ravi le public du Gärten, discothèque branchée dans le Centre-ville de Beyrouth, le temps d’un bref concert.« Booba est le dieu du rap français », tel est le verdict admiratif de Chadi, 18 ans. Autour de lui, ses amis opinent tous du chef. Pour la première...

commentaires (5)

de son vrai nom Elie Yaffa père senegalais mere francaise … il et bien mais pour l'humilite il a du travail a faire

Bery tus

16 h 09, le 20 avril 2019

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Commentaires (5)

  • de son vrai nom Elie Yaffa père senegalais mere francaise … il et bien mais pour l'humilite il a du travail a faire

    Bery tus

    16 h 09, le 20 avril 2019

  • SOUS LA PHOTO : SOURIT AHMED UN LYCEEN DE 18 ANS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 06, le 20 avril 2019

  • J,USE DE CETTE RUBRIQUE POUR SOUHAITER BONNES ET JOYEUSES PAQUES A TOUTES ET TOUS MES COMPATRIOTES QUI LE FETENT DEMAIN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 04, le 20 avril 2019

  • Booba est sénégalais d'origine. Il vit aux usa, de nationalité française et on ne le dit pas, mais dénonce le massacre et l'usurpation de la Palestine. Dieureujeuf Bouba.

    FRIK-A-FRAK

    13 h 03, le 20 avril 2019

  • Un Sénégalaus qui chante "suis d'humeur palestinienne" et qui s'aopelle Yaffa faut le faire quand même. Yaquwul!

    Tina Chamoun

    12 h 04, le 20 avril 2019

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