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À La Une - Conflit

Au moins 121 morts au sud de Tripoli en Libye, statu quo sur le front

L'OMS condamne "les attaques répétées contre le personnel soignant" et les ambulances dans les environs de la capitale libyenne.

Un épais nuage de fumée s'élève après une frappe aérienne le 12 avril 2019 dans la banlieue de Wadi Rabi, au sud de la capitale libyenne Tripoli. Photo AFP / Mahmud TURKIA

Au moins 121 personnes ont été tuées en dix jours d'affrontements au sud de la capitale libyenne Tripoli, mais les positions des deux camps rivaux libyens sur le front semblent figées dans un quasi statu quo depuis des jours.

Les combats violents qui opposent les forces du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est libyen à celles du Gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli, depuis le 4 avril ont également fait 561 blessés, selon un nouveau bilan de l'Organisation mondiale de Santé (OMS), qui n'a pas précisé le nombre de civils parmi ces victimes.

L'Armée nationale libyenne (ANL), autoproclamée par le maréchal Haftar a lancé il y a dix jours une offensive en vue de s'emparer de la capitale (nord-ouest), siège du GNA de Fayez al-Sarraj, reconnu par la communauté internationale.

Alors que ses forces n'arrivent toujours pas à entrer dans la capitale, le maréchal Haftar est parti au Caire pour y rencontrer le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, un de ses plus fervents soutiens. Ils ont discuté "des derniers développements en Libye", selon des médias d'Etat égyptiens qui n'ont pas donné davantage de détails. Outre l'Egypte, l'ANL a bénéficié aussi d'un soutien direct ou indirect d'autres pays comme les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite, la France ou la Russie.

A Tripoli, les forces du GNA ont annoncé avoir "abattu" un avion de chasse de leurs rivales, au sud de la capitale. Une source de l'ANL a confirmé la perte d'un appareil Mig 23, mais elle l'a attribuée à une "panne technique". Elle a ajouté que le pilote avait pu s'éjecter avec son parachute et qu'il était "sain et sauf".

Les forces du GNA et de l'ANL continuent chacune de proclamer des "avancées", mais concrètement, aucune des deux ne semble avoir pris l'avantage. Les combats ont lieu sur les mêmes lignes de front, en particulier dans les localités de Ain Zara et al-Swani, au sud de Tripoli.



13.500 déplacés
Le bureau de l'OMS a par ailleurs condamné sur son compte Twitter "les attaques répétées contre le personnel soignant". Deux ambulances ont été prises pour cibles samedi, portant à huit le nombre de véhicules du personnel médical touchés depuis le début des combats.

Dans un pays plongé dans le chaos depuis la chute du régime Kadhafi en 2011, les organisations internationales craignent que les civils ne fassent une nouvelle fois les frais des violences. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) de l'ONU a fait état de 13.500 personnes déplacées par les combats.

Dimanche, la mission de l'ONU en Libye (Manul) a rappelé que "le droit humanitaire international interdit formellement de bombarder des écoles, des hôpitaux, des ambulances et des zones civiles". "La mission surveille et documente tous les actes de guerre en violation de cette loi afin d'informer le Conseil de sécurité et la Cour pénale internationale".

Cette mise en garde a été lancée au lendemain d'un raid aérien, attribué par le GNA aux forces de l'ANL, qui a touché une école à Ain Zara, au sud de Tripoli. L'ANL a de son côté accusé les forces du GNA d'avoir mené un raid aérien et "visé des civils" dans la région de Gasr Ben Ghachir, à une trentaine de kilomètres au sud de Tripoli.

Entre vendredi et samedi, les forces du GNA ont mené 21 frappes aériennes sur des "positions militaires" de l'ANL et ses lignes d'approvisionnement, selon leur porte-parole, le colonel Gnounou. Un nouveau porte-parole du GNA, Mohanad Younes, a de son côté annoncé que les forces loyales à cet exécutif se préparent à passer de la "phase défensive à l'offensive".


"Éléments terroristes"
L'ANL a rétorqué dans la soirée de samedi qu'elle "avançait sur tous les fronts". Son porte-parole, le général Ahmad Al-Mesmari a également de nouveau fait état de "terroristes" et "criminels" combattant aux côtés des forces du GNA.

Dans une déclaration appelant à l'arrêt des combats et au retrait de l'ANL des abords de la capitale, l'Union européenne avait exprimé jeudi son "inquiétude face à la participation d'éléments terroristes et criminels aux combats, notamment de personnes répertoriées par le Conseil de sécurité de l'ONU".

M. Sarraj a dénoncé samedi soir une "campagne de désinformation de la part de quelques parties, selon lesquelles ses "forces comptent des combattants appartenant à des organisations et groupes terroristes". Il a au contraire estimé que l'attaque de l'ANL contre la capitale "encouragera et ouvrira la voie aux cellules terroristes dormantes" pour s'attaquer aux Libyens.

Profitant du chaos régnant dans ce pays riche en pétrole, des organisations extrémistes comme le groupe Etat islamique (EI) s'étaient implantées dans certaines villes avant d'en être chassées par les forces du GNA ou de l'ANL, mais elles restent actives dans le vaste désert libyen et auraient encore des cellules "dormantes" dans les villes.



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