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En plein dans le tourbillon

Tout pouvoir a une fin. Aussi puissant et autocratique soit-il. Les bouleversements qui ont secoué l’Algérie et le Soudan ces dernières semaines, sans compter la Libye (et évidemment la Syrie et le Yémen), en sont la preuve la plus éclatante. Ils constituent, quel que soit leur aboutissement, une nouvelle manifestation du profond ras-le-bol populaire qui secoue le monde arabe depuis 2011. Ces différents soulèvements sont, à n’en point douter, le résultat inéluctable de la situation d’hibernation politique qui a figé pendant des décennies l’ensemble du Moyen-Orient. Les régimes despotiques qui y sévissaient depuis la fin des années 50 et le début des années 60, sous le poids de coups d’État et de renversements à répétition, n’avaient laissé en effet aucune place aux forces vives de la société dans la gestion de la chose publique, leur ôtant même le droit de s’exprimer librement sur les grands thèmes de l’actualité du moment. Aujourd’hui, c’est au tour des peuples algérien et soudanais de se soulever pour briser les chaînes de l’immobilisme.

L’histoire nous dira si cette vague d’intifadas qui déferle sur la région depuis plus de huit ans est, oui ou non, et dans quelle mesure, télécommandée par une (ou des) puissance (s) qui n’ose(nt) pas dire son (ou leur) nom. En clair, la question reste de savoir jusqu’à quel point des forces (relativement) occultes ont joué le rôle de catalyseur pour accélérer et amplifier les rébellions populaires en les faisant évoluer de manière préméditée dans un certain sens préconçu à l’avance.

D’aucuns ne manqueront pas à cet égard de décrier la théorie du complot. Le sentiment de révolte est, certes, bel et bien réel. Et légitime… Mais ce qui est bel et bien réel aussi ce sont les convoitises, les politiques hégémoniques et la guerre des axes auxquelles se livrent sans aucune retenue les puissances de la région et leurs acolytes locaux, qui continuent d’alimenter, voire d’aggraver, les soulèvements ici et là.

On ne peut s’empêcher aujourd’hui dans le contexte des derniers développements en Algérie et au Soudan de se livrer, une fois de plus, à une amère constatation : ce qui a été perçu en 2011 comme un printemps arabe a dévié totalement de son cours et s’est transformé progressivement en une dangereuse montée aux extrêmes. Avec le recul, si l’on jette un regard, en prenant de la hauteur, sur la situation surréaliste dans laquelle se débat aujourd’hui le Moyen-Orient, nous ne pouvons que relever avec affliction que la région toute entière est embourbée dans un chaos destructeur généralisé. Du Yémen au Soudan, en passant par l’Irak, la Syrie et la Libye, et maintenant l’Algérie, les crises endémiques, les conflits armés, les massacres, les déplacements massifs de population, les tris et les changements démographiques à grande échelle, les destructions systématiques des infrastructures sociales et économiques ne cessent de transformer le Moyen-Orient en un vaste champ de ruines et de désolation.

Ce ne sont certainement pas les dirigeants israéliens qui pourraient être gênés par un tel degré de chaos. De là où de larges espoirs étaient fondés dans le printemps arabe et dans les perspectives de véritables changements démocratiques qu’il aurait pu engendrer, c’est le chemin inverse qu’a emprunté la région : celui d’un radicalisme rétrograde et obscurantiste, source de terrorisme et de sous-développement. À l’exception peut-être du cas de la Tunisie, il est déplorable que les élites arabes n’aient pas été en mesure de faire évoluer les soulèvements populaires dans le sens du progrès. Mais peut-être que le but recherché par les forces « occultes » était précisément de plonger le monde arabe dans ces ténèbres. Objectif visiblement atteint… Avec la complicité, active ou par omission, des parties autochtones.

Cette situation est-elle réversible ? Peut-être… Mais à certaines conditions bien précises, en tête desquelles un sursaut salutaire des élites libérales arabes, ce qui ne semble pas pour l’heure poindre à l’horizon. Reste la nécessaire éradication des courants extrémistes et radicaux – toutes tendances confondues – prônant l’aventurisme guerrier qui ne connaît pas de frontières. Et de limites. Mais cela nécessite d’abord une ferme détermination des instances internationales et arabes. À défaut, la déferlante terroriste continuera de sévir et la région ne cessera d’être engloutie désespérément dans le tourbillon de l’irrationnel et de la démence criminelle.

Tout pouvoir a une fin. Aussi puissant et autocratique soit-il. Les bouleversements qui ont secoué l’Algérie et le Soudan ces dernières semaines, sans compter la Libye (et évidemment la Syrie et le Yémen), en sont la preuve la plus éclatante. Ils constituent, quel que soit leur aboutissement, une nouvelle manifestation du profond ras-le-bol populaire qui secoue le monde arabe depuis 2011....

commentaires (2)

Malheureusement, le seul choix donne aux peuples arabes est: soient les generaux, soient les mollahs, et le cas echeant, le chaos. Et il y a l'avion pour les plus ambitieux....

Michel Fayad

19 h 26, le 09 avril 2019

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Commentaires (2)

  • Malheureusement, le seul choix donne aux peuples arabes est: soient les generaux, soient les mollahs, et le cas echeant, le chaos. Et il y a l'avion pour les plus ambitieux....

    Michel Fayad

    19 h 26, le 09 avril 2019

  • L,ADIEU AUX DESPOTES DE TOUTES SORTES ET DE TOUT CALIBRE DANS LE MONDE. AU SOUDAN ET A L,ALGERIE IL FAUT AJOUTER LE VENEZUELLA.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 24, le 09 avril 2019

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