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Liban - crise

Réfugiés syriens : Geagea prône une coopération étroite avec la Russie

Kanaan appelle à faire la distinction entre les projets d’investissement prévus dans le cadre de CEDRE et la présence des réfugiés.

Des manifestants brandissant des photos du président syrien Bachar el-Assad, ainsi que des drapeaux libanais et syriens à Beyrouth, le 7 avril 2019. Photo tirée de Twitter

Il ne se passe pas un jour sans que la question des réfugiés ne soit évoquée avec passion dans les discours politiques.

La question du retour des réfugiés, désormais souhaité par la quasi-totalité des parties politiques, fait l’objet depuis un certain temps d’un matraquage médiatique symptomatique du climat de tension que suscite ce dossier ultrasensible, qui en dissimule un autre, celui de la sempiternelle question de la normalisation avec le régime Assad, voie de passage obligé, selon les alliés de Damas, pour la concrétisation du rapatriement de plus d’un million de déplacés se trouvant au Liban.

Hier, et alors que le chef de l’État Michel Aoun évoquait, devant la vice-secrétaire générale des Nations unies Amina Mohammed, en visite à Baabda, ses craintes habituelles concernant le « manque d’enthousiasme de la communauté internationale à faciliter le retour des déplacés », le leader des Forces libanaises Samir Geagea a affirmé que leur retour « est devenu pressant » à la lumière de la précarité de la situation économique, sociale et politique dans le pays. Soulignant le refus du Liban officiel de lier le rapatriement à une solution politique, une condition placée par la communauté internationale, M. Geagea a déclaré, à l’issue de la réunion hebdomadaire du bloc de la République forte à Meerab, que la seule solution à ce dossier consiste en un « effort diplomatique déployé par le Liban et fondé sur une coordination étroite avec la Russie, la seule force internationale présente en Syrie qui entretient des relations avec le régime syrien aussi bien qu’avec l’Iran ».

Le chef des FL a rappelé « l’échec » des initiatives précédentes, la portée « limitée » des retours dits volontaires parrainés par la Sûreté générale et « le manque de volonté évidente » du régime syrien de récupérer ses citoyens. Il a proposé dans ce contexte la création de zones sécurisées en Syrie, à la frontière, vers lesquelles les déplacés pourraient être transférés et où, selon lui, ils pourront continuer de recevoir les aides fournies par la communauté internationale.

Les propos de M. Geagea survenaient alors que l’ambassadeur russe, Alexandre Zassypkine, affirmait depuis Zahlé où il se trouvait à l’occasion de l’inauguration d’un Centre culturel russe, que l’initiative russe de rapatriement des réfugiés lancée l’été dernier « tenait toujours », ajoutant que « les efforts se poursuivaient pour la concrétiser, en collaboration avec les autorités syriennes et l’ensemble des parties qui œuvrent à la faire aboutir ».

« Une coordination entre les autorités syriennes et libanaises est en place. Mais cette question dépend de la volonté de la communauté internationale dans son ensemble, qui est appelée à unifier les efforts pour le retour des réfugiés », a ajouté le diplomate qui a précisé que la Russie œuvre actuellement à la redynamisation de l’initiative sans donner plus de détails à ce sujet.

Lancée en juillet dernier, l’initiative russe, qui tablait sur la possibilité d’attirer des fonds occidentaux pour sécuriser un retour massif depuis le Liban et la Jordanie, est restée lettre morte. À ce jour, la communauté internationale continue de considérer que les conditions logistiques et sécuritaires ne sont pas encore propices pour un rapatriement massif.

Lors de la visite du président Aoun à Moscou en mars dernier, les deux parties avaient affirmé, dans un communiqué conjoint, que « la résolution de ce problème ( le retour des réfugiés) dépend de la création de conditions favorables, notamment sur les plans économique et social, ce qui implique la reconstruction du pays après le conflit ».


(Lire aussi : Le cadeau de Poutine à Netanyahu : un message aux Iraniens ?)


Pas de lien entre la CEDRE et les réfugiés

De son côté et depuis Washington où il se trouve pour participer au congrès de la Banque mondiale, Ibrahim Kanaan, député du CPL, a appelé à faire la « distinction entre les politiques financières et la question des réfugiés ». Le député a exprimé son « refus d’effectuer un lien entre les projets d’investissement et les aides considérées comme une incitation à la réforme, et la présence des réfugiés syriens ». M. Kanaan faisait allusion aux aides et prêts promis au Liban dans le cadre de la conférence de Paris dite CEDRE que nombre d’analystes considèrent comme étant une sorte de « prime » accordée au Liban en contrepartie du maintien des réfugiés sur place.

Depuis Qatar où il effectue une tournée officielle, le chef du Parlement, Nabih Berry, a affirmé que « le moment est propice pour plancher sur le règlement du dossier des déplacés dans sa totalité ». « Nous devons cesser de pratiquer la politique de l’autruche et entreprendre les accords nécessaires avec l’État syrien pour sécuriser le rapatriement », a-t-il dit.

Hier, une nouvelle opération de retour « volontaire » a été orchestrée par la Sûreté générale à partir de Nabatiyé, Saïda, Bourj- Hammoud et Tripoli, en présence de représentants du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés ( HCR), et de la Croix-Rouge.

Plusieurs convois transportant parfois des familles entières ont été acheminés via les points de passage frontaliers de Joussé et de Abboudiyé, et de Masnaa.


(Pour mémoire : Après Moscou, Aoun et Bassil troquent le discours musclé contre la realpolitik)


Henri Hélou dénonce les convois du Baas pro-Assad

Par ailleurs, plusieurs responsables politiques libanais opposés au régime syrien ont dénoncé hier une « provocation » au lendemain du passage de convois de véhicules arborant des portraits du président syrien Bachar el-Assad dans plusieurs quartiers de Beyrouth, à l’occasion du 72e anniversaire de la création du parti Baas. Les voitures et les bus, brandissant également des drapeaux syriens et libanais, semblaient se rendre à un meeting du Baas organisé au Coral Beach, au sud de la capitale, à cette occasion.

« Ce ne sont pas seulement les convois du Baas qui provoquent les Libanais avec les photos de Bachar el-Assad. Certains responsables gouvernementaux cherchent également à permettre au Baas de recouvrer son influence au Liban à travers la normalisation », a écrit hier le député Henri Hélou, membre du bloc parlementaire du leader druze Walid Joumblatt, sur son compte Twitter.

« Le régime de Bachar el-Assad revient au Liban subrepticement : par les convois qui brandissent sa photo à Achrafieh, les visites officielles à Damas et la tentative de certains responsables politiques de le faire revenir au sein de la Ligue arabe », a twitté de son côté l’ancien vice-président de la Chambre Farid Makari.

« Je ne blâme pas les agents du régime syrien qui paradent (...), mais brandir des photos de Bachar el-Assad au cœur de la capitale est grossier », a pour sa part réagi, également sur Twitter, le chef du Mouvement du changement, Élie Mahfoud. « Que font au Liban les Syriens qui manifestent ? S’ils sont avec Assad, qu’ils s’en aillent », a-t-il ajouté, se demandant si le régime syrien permettrait à des Libanais de faire la même chose en Syrie.


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commentaires (4)

Je soupconne geagix de se préparer une place à la présidence. Il connaît le chemin mais pas les conditions.

FRIK-A-FRAK

13 h 52, le 09 avril 2019

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Commentaires (4)

  • Je soupconne geagix de se préparer une place à la présidence. Il connaît le chemin mais pas les conditions.

    FRIK-A-FRAK

    13 h 52, le 09 avril 2019

  • La miteuse et lamentable pétarade des Baassistes préhistoriques syriens à Achrafieh, c'est-à-dire hors de leur pays, exhibant des photos de leur despote et tyran de la Ghouta, pour fêter la 370.001ème. victime de leur printemps hivernal des barils de gaz de combat sarin, tout cela a fait pleurer même les saules pleureurs des cimetières d'Edleb, d'Alep, de Deir-er-Zor et de Qoneitra... C'est un beau geste de la "bravitude" et de la reconnaissance envers un pays qui reçoit un million et demi de leurs concitoyens. Le 9 avril 2019

    Un Libanais

    11 h 38, le 09 avril 2019

  • LA RUSSIE SEULE SANS L,ONU ET LES OCCIDENTAUX ET SURTOUT LE REGIME SYRIEN ET LES REFUGIES EUX-MEMES NE PEUT ABSOLUMENT RIEN FAIRE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 33, le 09 avril 2019

  • Chapeau Henri Hélou, l’un des rares politicien à avoir condamné l’excursion des réfugiés syriens dans notre capitale, vous auriez dû intituler votre texte au nom de M. Hélou. M. Geagea quand à lui, il nage dans la choucroute, il réagit à retardement et donne des conseils de curé de campagne, juste pour faire acte de présence. Georges Tyan

    Lecteurs OLJ 3 / BLF

    07 h 08, le 09 avril 2019

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