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À La Une - Libye

Des forces de l'homme fort de l'Est libyen aux portes de Tripoli

Dans un communiqué commun, Washington, Paris, Londres, Rome et Abou Dhabi appellent "toutes les parties" libyennes à faire baisser "immédiatement les tensions" dans le pays.

Le maréchal Khalifa Haftar le 7 mai 2018 lors d'une parade militaire à Benghazi. AFP / Abdullah DOMA

Des forces de l'homme fort de l'Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, s'approchent de la capitale Tripoli, siège du gouvernement d'union nationale (GNA), suscitant de fortes craintes d'un embrasement militaire dans ce pays divisé.

Deux autorités se disputent depuis des années le pouvoir dans ce pays en proie au chaos : à l'Ouest, le GNA dirigé par Fayez al-Sarraj, établi fin 2015 par un accord parrainé par l'ONU et basé à Tripoli ; à l'Est, une autorité rivale contrôlée par l'Armée nationale libyenne (ANL), autoproclamée par le maréchal Khalifa Haftar.
Jeudi soir, des forces de l'ANL ont pris position sur un barrage de sécurité à 27 km à l'entrée ouest de la capitale libyenne Tripoli, selon un journaliste de l'AFP.

Au moins une quinzaine de pick-ups armés de canons anti-aériens et des dizaines d'hommes en uniformes militaires ont pris position à ce point de contrôle connu sous le nom de "pont 27". Le commandant des opérations militaires de l'ANL dans la région ouest, le général Abdessalem al-Hassi, a confirmé à l'AFP que ses forces s'étaient emparées du barrage sans combat.

Plus tôt, le maréchal Khalifa Haftar a ordonné à ses forces d'"avancer" en direction de Tripoli. "L'heure a sonné", a déclaré le maréchal, ordonnant aux troupes qui lui sont loyales "d'avancer" sur Tripoli dans un message sonore, promettant d'épargner les civils, les "institutions de l'Etat" et les ressortissants étrangers. Les forces de l'ANL sont "aux portes de la capitale", a affirmé en soirée le général Ahmad al-Mesmari, porte-parole de l'ANL.

Du côté du GNA, le Premier ministre Fayez al-Sarraj a donné mercredi soir l'ordre à ses troupes de se tenir prêtes pour "faire face à toute menace". De puissants groupes armés de la ville de Misrata (ouest), loyaux au GNA, se sont dits jeudi "prêts (...) à stopper l'avancée maudite" des pro-Haftar, demandant à M. Sarraj de donner ses "ordres sans délai".

Jeudi soir, la Force de protection de Tripoli, une coalition de milices tripolitaines pro-GNA, a annoncé de son côté sur sa page Facebook le lancement d'une opération anti-Haftar.




(Lire aussi: Huit ans après la révolte, la Libye s'enlise dans une interminable crise)



Réunion d'urgence
Dans un communiqué commun, Washington, Paris, Londres, Rome et Abou Dhabi ont appelé jeudi "toutes les parties" libyennes à faire baisser "immédiatement les tensions".

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir en urgence vendredi à 19H00 GMT, à la demande du Royaume-Uni, pour discuter de la situation libyenne, ont indiqué des diplomates.

"La voie des conflits armés risque d'alimenter une escalade de violence destinée à éloigner, au lieu de rapprocher, un parcours de paix et de stabilité auquel le peuple libyen a pleinement droit", a réagi le président du Conseil italien Giuseppe Conte.

Le général Mesmari a annoncé mercredi la préparation d'une offensive pour "purger l'Ouest" libyen "des terroristes et des mercenaires", sans identifier davantage ces cibles.
Jeudi à l'aube, une colonne de véhicules armés de l'ANL est arrivée au sud de Gharyan, où l'armée du maréchal Haftar a déjà obtenu le ralliement d'un important groupe armé local, selon des images de médias pro-Haftar.

Le général Abdessalem al-Hassi a assuré à l'AFP que ses forces étaient entrées sans combattre dans Gharyan, ville située à 100 kilomètres au sud de Tripoli. Une information toutefois démentie en matinée par au moins quatre sources locales contactées par l'AFP.

Outre l'Est libyen, le maréchal Haftar contrôle déjà des pans du sud du pays, vaste région désertique. En janvier, il y avait lancé une offensive pour "purger" cette zone "des groupes terroristes et criminels" et de groupes rebelles tchadiens.
Sebha, chef-lieu du Sud, ainsi qu'un des plus importants champs pétroliers du pays, à al-Charara, sont passés sous son contrôle.


(Lire aussi : Qui sont les principaux acteurs du chaos libyen)


"Appel ferme"
Cette montée des tensions a coïncidé jeudi avec le deuxième jour de la visite dans le pays du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
Au cours d'une conférence de presse à Tripoli, M. Guterres a adressé un "appel ferme" pour "l'arrêt de tous les mouvements militaires, (...) à la retenue, au calme et à la désescalade, à la fois militaire et politique". "Il n'existe pas de solution militaire en Libye. La solution doit être politique", a-t-il répété. M. Guterres, qui a rencontré M. Sarraj jeudi à Tripoli, devrait rencontrer vendredi le maréchal Haftar dans l'est.


Une Conférence nationale sous l'égide de l'ONU est prévue mi-avril à Ghadamès (sud-ouest), afin de dresser une "feuille de route" avec notamment la tenue d'élections pour tenter de sortir le pays de l'impasse.

Aucun des efforts diplomatiques de l'année écoulée n'a permis de percée.
Selon Emad Badi, un analyste libyen, l'avancée des troupes du maréchal Haftar peut lui permettre de "valoriser sa position au niveau des négociations, si la conférence de Ghadamès se tient".
Mais l'analyste fait aussi état d'une "coordination accrue" entre les factions de l'Ouest libyen, qui "considèrent toutes qu'Haftar est une menace commune".
"Le risque d'embrasement est accru", juge pour sa part Jalel Harchaoui, chercheur à l'Institut Clingendael de La Haye.
"Prendre Tripoli n'est assurément pas une tâche facile, mais cela reste une possibilité" pour le maréchal Haftar, appuyé par différents pays du Golfe, avance-t-il, faisant allusion aux Emirats arabes unis, à l'Egypte et à l'Arabie saoudite, où il a été reçu fin mars par le roi Salmane.


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Des forces de l'homme fort de l'Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, s'approchent de la capitale Tripoli, siège du gouvernement d'union nationale (GNA), suscitant de fortes craintes d'un embrasement militaire dans ce pays divisé. Deux autorités se disputent depuis des années le pouvoir dans ce pays en proie au chaos : à l'Ouest, le GNA dirigé par Fayez al-Sarraj, établi fin 2015 par un...

commentaires (2)

QUE CHERCHE HAFTAR LE PRO RUSSE... ET QUE VEULENT L,ONU ET LES PUISSANCES OCCIDENTALES ? VERRONS-NOUS LA LIBYE VIRER DANS LA SPHERE DE L,INFLUENCE RUSSE COMME ELLE L,A TOUJOURS ÉTÉ ?

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 27, le 05 avril 2019

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Commentaires (2)

  • QUE CHERCHE HAFTAR LE PRO RUSSE... ET QUE VEULENT L,ONU ET LES PUISSANCES OCCIDENTALES ? VERRONS-NOUS LA LIBYE VIRER DANS LA SPHERE DE L,INFLUENCE RUSSE COMME ELLE L,A TOUJOURS ÉTÉ ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 27, le 05 avril 2019

  • Encore un pays que l'intervention occidentale promettait d'apporter paix et démocratie. Que faudrait il de plus pour qu'au Liban les liba-niaises comprennent la supercherie.

    FRIK-A-FRAK

    22 h 42, le 04 avril 2019

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