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À La Une - France

"Gilets jaunes" : Paris saccagé et Paris "épargné", la capitale aux deux visages

Tandis que certains Parisiens redoutent les week-ends, d'autres n'ont jamais croisé un seul "gilet jaune".

Des lampadaires sur la chaussée dans une rue de Paris durant une manifestation des "gilets jaunes", le 1er décembre 2018

Un restaurant incendié sur les Champs-Elysées, des véhicules en feu au pied de la Tour Eiffel... Paris semble à feu et à sang sur les images télés qui font le tour du monde. Pourtant, tandis que certains Parisiens redoutent les week-ends, d'autres n'ont jamais croisé un seul "gilet jaune".

Jets de pavés, kiosques et boutiques incendiés, pillages et violences : les nouvelles images d'émeutes urbaines lors du 18e samedi de manifestation, le 16 mars, ont écorné l'image à l'étranger de la France, premier pays touristique au monde.

Depuis quatre mois, les "gilets jaunes" manifestent chaque samedi à Paris et à travers la France, afin de protester contre la politique fiscale et sociale du président Emmanuel Macron. A deux jours d'une nouvelle mobilisation, samedi, les Champs-Elysées ont perdu de leur superbe et les commerçants ont l'air las. Des ouvriers s'activent pour remplacer les vitres d'une grande enseigne de macarons; sur les façades de certains établissements, les palissades de bois ne sont même plus retirées entre deux samedis. "Ça fait juste trois fois qu'ils changent les vitres ! ", lâche, fatigué, un serveur d'un restaurant en haussant les épaules.

A l'angle de l'avenue George V, un bunker de tôle: le Fouquet's, célébrissime brasserie pillée et brûlée qui restera fermée plusieurs mois, a été entièrement tapissée de plaques métalliques.
Carlos, 70 ans, vit non loin de là. Les samedis, il s'"arrange" pour ne pas croiser la route des manifestants: "Je suis pour les manifestations, mais les manifestations comme il faut. Là, ce sont des voyous".


(Lire aussi : Dans l'Arc de Triomphe vandalisé, le travail de fourmi des restaurateurs)



Forteresse
Quelques centaines de mètres plus bas, c'est une tout autre routine que les riverains connaissent le samedi depuis la mi-novembre: le quartier de l'Elysée, le palais présidentiel, est bouclé à chaque acte des "gilets jaunes". Des camions anti-émeute avec leurs grilles de plusieurs mètres de haut bouchent entièrement l'entrée des rues, interdisant l'accès à tout véhicule ou piéton. Seuls les riverains, par une petite porte, peuvent pénétrer dans le périmètre, après avoir présenté leurs papiers. La zone s'est transformée en une forteresse assiégée. L'endroit est "désert", confirme Anne, 75 ans, qui vit rue du Faubourg-Saint-Honoré, la rue de l'Elysée. "On est barricadés, hyper protégés", sourit-elle.

Ce verrouillage ne fait pas les affaires de tous : à deux pas de la place de la Concorde, Maya Jovanovic, employée dans un magasin de vêtements avoue en avoir "un peu marre". "On est là, mais on ne travaille pas du tout. Avant, le samedi c'était le plus gros jour. Maintenant, c'est le plus petit. On a l'impression que ça ne va jamais se terminer..."

Depuis les dégradations du 16 mars, l'exécutif a interdit toute manifestation sur les Champs-Elysées.


(Pour mémoire: "Gilets jaunes" : une journée test émaillée d'incidents)


"Sous pression"
Samedi dernier, privés de l'avenue qu'ils affectionnent tant, les "gilets jaunes" s'étaient rabattus sur d'autres lieux touristiques.

Christophe, un des patrons du bistrot Chez Prune, sur le canal Saint-Martin, a assisté à l'arrivée d'un "nuage de sauterelles" - des casseurs passés en coup de vent - annoncés par des dizaines de camionnettes de police... Pour lui, il s'agit d'un "épiphénomène" alors que son quartier est "embêté tout le temps, avec moins de casse": "On a tout eu : Nuit Debout, les attentats, la voiture de police incendiée en mai 2016. Notre intégrité physique n'est pas menacée, mais c'est constant et pénible".

Son collègue Hervé Pronier, patron depuis 13 ans de la Marine, un autre bar-restaurant du canal, s'estime "chanceux", il n'a eu à fermer que quelques heures certains samedis : "Des gilets jaunes ? Ici, on n'en voit pas". Malgré tout, il se tient informé du parcours tous les samedis en temps réel: "On est épargnés matériellement, mais sous pression tous les samedis parce que ça peut déborder en quelques minutes..."



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