Le nouveau coordonnateur spécial de l’ONU pour le Liban, Jan Kubis, a expliqué hier aux membres du Conseil de sécurité les nombreuses opportunités et les risques divers qui guettent le Liban, en annonçant clairement que le Liban n’a d’autre choix que d’engager des réformes structurelles profondes pour éviter une dégradation économique.
M. Kubis a exposé au Conseil, réuni en consultation à huis clos, la situation politique générale au Liban et les différents aspects de la mise en œuvre de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité, à la lumière du dernier rapport trimestriel du secrétaire général, Antonio Guterres, couvrant la période allant du 27 octobre 2018 au 17 février 2019.
C’est la première fois que ce diplomate slovaque de 67 ans et ancien ministre des Affaires étrangères « a l’occasion d’informer le Conseil de sécurité de ses activités, en particulier au Liban ». C’est du moins ce qu’il a indiqué lors d’un point de presse qu’il a tenu à New York à l’issue de ces consultations et au cours duquel il a présenté les principaux points qu’il a développés.
Selon lui, l’une des principales opportunités qui se présentent devant le Liban est l’appui international dont il bénéficie. « Le soutien international est très fort. Les membres du Conseil ont reconnu et encouragé le nouveau gouvernement libanais, ainsi que son programme de réformes et le travail qu’il doit réaliser. Ce sont là les opportunités que le Liban devrait saisir », a-t-il noté. Selon Jan Kubis, « à présent que le nouveau gouvernement a été formé, Beyrouth devra intensifier ses efforts pour entreprendre des réformes fiscales structurelles, notamment celles convenues à CEDRE, afin d’éviter une détérioration de la situation économique ».
C’est cette situation qui présente, selon le coordonnateur spécial de l’ONU, un facteur de risque pour le Liban. « L’un des messages véhiculés (en Conseil de sécurité) est la nécessité de faire appel à la bonne volonté de la communauté internationale pour soutenir le pays. C’est ce qui s’est manifesté ces derniers jours, voire ces dernières semaines, lors des différentes visites (de responsables occidentaux) à Beyrouth, et aussi lors des conférences internationales organisées en faveur de ce pays », a-t-il ensuite assuré.
Jan Kubis a insisté ensuite sur le fait que pour traiter les nombreux problèmes économiques, politiques et sécuritaires auxquels fait face le Liban, « des réformes en profondeur sont nécessaires dans l’intérêt du pays et de la population ». « Espérons que le gouvernement adoptera bientôt le budget qui enverra un message très clair sur le fait qu’il s’agit d’un budget de réformes », a-t-il soutenu. « L’ONU se tient prête à collaborer avec le nouveau gouvernement pour l’encourager à faire face aux difficultés qui l’attendent », a-t-il ajouté.
(Lire aussi : Guterres appelle Beyrouth à intensifier ses efforts pour entreprendre des réformes)
Participation des femmes
Le diplomate onusien a aussi relayé la satisfaction de certains membres du Conseil pour la présence de quatre femmes ministres dans le nouveau gouvernement. Selon lui, ces derniers encouragent les autorités libanaises à « poursuivre l’action menée en vue de garantir la participation pleine et effective des femmes dans la vie politique ». Il a rendu un hommage particulier à la ministre de l’Intérieur, Raya el-Hassan, « qui est une femme ministre très forte, dirais-je ». « Je l’ai rencontrée ; elle a une vision très claire de ce qu’il faut faire et comment le faire, ce que je trouve très encourageant », a-t-il encore dit.
Selon le coordonnateur, la situation régionale et son impact sur le Liban ont été également discutés, ce qui a poussé des ambassadeurs de pays membres du Conseil de sécurité à soulever de nouveau la question des armes illégales. « Bon nombre de ceux qui ont pris la parole, membres du Conseil de sécurité, ont porté à notre attention, et à l’attention des dirigeants du pays, par mon intermédiaire probablement, qu’il est nécessaire que des mesures garantissant un contrôle accru des armes par l’État soient mises en œuvre », a-t-il dit, en précisant que ces diplomates qu’il n’a pas nommés ont également appelé à un « contrôle accru de toutes les livraisons d’armes et, bien entendu, des activités de différents groupes armés qui échappent encore au contrôle de l’État » libanais.
(Pour mémoire: Le Conseil de sécurité réaffirme la nécessité du désarmement de « tous les groupes armés »)
Le coordonnateur spécial a par ailleurs affirmé avoir « informé le Conseil de sécurité du débat et des divergences de vues au Liban au sujet du processus de retour des réfugiés syriens », avant de faire état d’un consensus politique local sur la nécessité de ce retour. Les divergences, a-t-il expliqué aux membres du Conseil, « portent sur la procédure, ainsi que sur la manière de façonner les relations entre le Liban et la Syrie ».
Jan Kubis a réitéré la position de l’ONU à ce sujet, en précisant que l’organisation internationale continuera de soutenir le Liban, « conformément aux normes internationales, et notamment au principe du non-refoulement, en vue de garantir aux réfugiés la protection et des conditions de vie dignes pendant leur séjour au Liban, et de veiller à ce qu’ils puissent prendre librement et en toute connaissance de cause des décisions concernant leur retour dans leur pays ». « L’Organisation internationale poursuivra le dialogue avec le gouvernement syrien et d’autres parties concernées pour remédier aux problèmes qui, selon les réfugiés, les empêchent de rentrer dans leur pays, l’objectif étant de faciliter un retour volontaire et durable, dans de bonnes conditions de sécurité et dans la dignité », selon lui.
En réponse aux questions de la presse sur un éventuel impact de l’annexion du Golan par Israël sur le Liban, Jan Kubis s’est montré rassurant. « Tout le monde se soucie de la stabilité du Liban, y compris les pays de la région. C’est ce que j’ai aussi entendu en Israël. Je suis cette question avec une certaine inquiétude, mais je ne pense pas que nous devrions nous attendre à une instabilité totale », a-t-il dit.
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DES MESSAGES POSITIFS INTERNATIONAUX. QUE NOS ABRUTIS SE METTENT AU TRAVAIL POUR UNE FOIS !
JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA
19 h 28, le 29 mars 2019