Guterres appelle Beyrouth à intensifier ses efforts pour entreprendre des réformes

L’application de la résolution 1701, la situation le long de la ligne bleue, le rôle de la Finul dans la région, les derniers développements politiques au Liban et les différents aspects de la mise en œuvre de la résolution 1701 étaient hier au menu des consultations du Conseil de sécurité de l’ONU, sous la présidence de la France. Ces consultations se sont tenues à huis clos en présence du coordonnateur spécial des Nations unies pour le Liban, Jan Kubis, du commandant de la force de la Finul, le général Stefano Del Col, et du secrétaire général adjoint du département du maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix. Les trois responsables onusiens ont informé le Conseil du dernier rapport trimestriel du secrétaire général de l’ONU sur l’application de la résolution 1701 (2006).

Dans son rapport, le chef de l’ONU exprime une fois de plus sa préoccupation du fait qu’aucun progrès n’a été accompli concernant le désarmement des groupes armés. « Le fait que le Hezbollah et d’autres groupes armés non officiels détiennent, comme ils ne cessent de l’affirmer, des armes non autorisées qui échappent au contrôle de l’État, en violation de la résolution 1701, est extrêmement inquiétant et compromet la stabilité du Liban et de la région », note-t-il. Antonio Guterres invite les États membres à honorer leurs obligations d’empêcher toute vente ou fourniture d’armes à des entités ou des personnes au Liban. Il demande au gouvernement libanais de prendre toutes les mesures pour veiller à l’application intégrale des dispositions pertinentes des accords de Taëf et des résolutions 1559 (2004), qui exigent le désarmement de tous les groupes armés au Liban, afin que seul l’État détienne des armes et exerce son autorité sur son territoire. Le secrétaire général de l’ONU rappelle par ailleurs l’engagement du Liban à appliquer la politique de distanciation conformément à la déclaration de Baabda (2012) et exhorte l’ensemble des Libanais et les partis locaux à cesser toute participation au conflit syrien et à d’autres conflits dans la région.

(Pour mémoire: Le Conseil de sécurité réaffirme la nécessité du désarmement de « tous les groupes armés »)

Ligne bleue, tunnels et tensions

Dans son rapport, le secrétaire général dresse un bilan détaillé et affirme que la situation dans la zone d’opérations de la Finul est restée calme dans l’ensemble en dépit de tensions qui ont été avivées par la découverte de tunnels par les forces israéliennes, ainsi que des travaux de construction entrepris par celles-ci au sud de la ligne bleue. Des engagements pris par les deux parties, au titre de la résolution 1701, n’ont toujours pas été remplis et aucun progrès n’a été réalisé concernant l’instauration d’un cessez-le-feu permanent entre le Liban et Israël.

Pour la stabilité du Liban et de la région, il demeure essentiel que toutes les parties continuent à respecter la résolution 1701 pour éviter les risques de tension, d’escalade et de dérapage. Antonio Guterres se dit « extrêmement préoccupé » par l’existence de tunnels sous la ligne bleue en violation de la 1701, et par les tensions qui en résultent sur le terrain. Il encourage l’armée libanaise à mener les enquêtes nécessaires à ce sujet et à faire en sorte que ces incidents ne puissent plus compromettre la sécurité. Le coordonnateur spécial pour le Liban et le commandant de la Finul continueront d’étudier avec les parties les moyens d’avancer sur ces questions.

Le secrétaire général encourage les efforts de l’armée libanaise à appuyer le contrôle de l’État sur l’ensemble du territoire libanais, engage également à donner la priorité au renforcement des capacités de la marine libanaise, avec l’appui de la Finul et du coordonnateur spécial pour le Liban à cet égard. Un an après la conférence de Rome II, les États membres doivent continuer à respecter les engagements pris concernant l’appui à l’armée libanaise et aux institutions chargées de la sécurité du pays. Quant au différend concernant les zones économiques exclusives (ZEE) du Liban et d’Israël, il demeure une source de tensions. Le chef de l’ONU encourage les parties à envisager les moyens d’apaiser les tensions afin d’instaurer un climat propice au dialogue et à un règlement de ce différend.

(Lie aussi : Guterres tire la sonnette d’alarme sur les armes illégales du Hezbollah)

Difficultés et réformes

Dans ses observations, le secrétaire général prévient le gouvernement libanais des difficultés qui l’attendent. Il incombe, à ses yeux, au prochain Conseil des ministres de traiter les nombreux problèmes économiques, politiques et sécuritaires auxquels le Liban doit faire face. Pour surmonter ces problèmes, le Liban aura besoin de l’esprit de compromis qui était nécessaire à la formation du gouvernement, conjugué à une direction résolue et responsable. L’ONU se tient prête à aider le pays à faire face aux difficultés qui l’attendent. Antonio Guterres engage le gouvernement libanais à intensifier ses efforts pour entreprendre des réformes fiscales et structurelles, notamment celles convenues à la conférence de Paris, afin de remédier à la détérioration de la situation économique.

Réfugiés et générosité

Concernant les réfugiés syriens, le secrétaire général réitère la position de l’ONU sur cette question, en saluant la remarquable générosité et hospitalité du Liban en « accueillant temporairement des réfugiés syriens ». « L’ONU continuera à soutenir le Liban, conformément aux normes internationales, et notamment au principe du non-refoulement, en vue de garantir aux réfugiés protection et des conditions de vie dignes pendant leur séjour au Liban, et de veiller à ce qu’ils puissent » prendre librement « et en toute connaissance de cause des décisions concernant leur retour dans leur pays. L’Organisation internationale poursuivra le dialogue avec le gouvernement syrien et d’autres parties concernées pour remédier aux problèmes qui, selon les réfugiés, les empêchent de rentrer dans leur pays, l’objectif étant de faciliter un retour volontaire et durable, dans de bonnes conditions de sécurité et dans la dignité. »

Pour mémoire

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