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Affaire Benalla : le Sénat saisit la justice du cas de proches de Macron

La décision du bureau du Sénat a fait bondir la majorité, qui l'a considérée comme une déclaration de guerre.

Alexandre Benalla, ancien collaborateur de l'Elysée, à son arrivée dans un tribunal de Paris, le 19 février 2019. Photo AFP / Geoffroy VAN DER HASSELT

Nouveau coup de tonnerre dans l'affaire Benalla, qui éclabousse l'entourage d'Emmanuel Macron depuis l'été dernier : le Sénat, où l'opposition de droite est majoritaire, a saisi la justice non seulement du cas de l'ancien collaborateur du président Alexandre Benalla, mais aussi de ceux de trois hauts responsables de la présidence.

La décision du bureau du Sénat a fait bondir la majorité, qui l'a considérée comme une déclaration de guerre. Fait rarissime, le Premier ministre Edouard Philippe a boudé la traditionnelle séance des questions au gouvernement, jeudi après-midi au Sénat, la chambre haute du Parlement français. "Je ne suis en guerre contre personne", a assuré le président du Sénat Gérard Larcher à l'AFP. "Le sujet est d'une autre nature. C'est simplement l'application du droit, rien que le droit, tout le droit", a-t-il ajouté.

Alexandre Benalla, son acolyte Vincent Crase et Patrick Strzoda, directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, sont soupçonnés d'avoir fait un faux témoignage devant la commission d'enquête sénatoriale qui les avait entendus sur l'affaire de ce collaborateur de l'Elysée poursuivi pour violences en marge d'une manifestation. Ce délit de faux témoignage est passible de cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende.

Le bureau du Sénat a également décidé de transmettre à la justice les déclarations sous serment d'autres collaborateurs d'Emmanuel Macron, son bras droit, le secrétaire général de l'Élysée Alexis Kohler, et le général Lionel Lavergne, chef du groupe de sécurité de la présidence.

A partir des "incohérences" et "contradictions" relevées par la commission d'enquête présidée par Philippe Bas (LR, opposition de droite), qui a rendu le 20 février un rapport d'enquête accablant, il reviendra au parquet de voir quelles suites donner, a précisé à l'AFP un membre du bureau. Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a dénoncé un acte "politiquement bas et moralement très grave", fustigeant "un tribunal politique".

Quant au président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand (parti présidentiel), il a décidé de boycotter une conférence commune avec M. Larcher prévue vendredi. L'Elysée n'avait toujours pas réagi jeudi après-midi.



(Lire aussi : "La sécurité du président a été affectée" : une commission sénatoriale demande des poursuites contre Benalla)



"Attaquer le président"
Le délégué général de La République en marche (parti présidentiel), Stanislas Guerini, a rapidement dénoncé l'instruction d'"un procès politique contre l'Elysée" par les sénateurs, dont "l'intention cachée" est selon lui d'"attaquer le président de la République".

L'affaire Benalla empoisonne la vie politique française depuis juillet 2018, et les révélations par la presse qu'un homme filmé parmi des policiers, en train de frapper un jeune homme et de malmener une jeune femme à Paris lors des manifestations du 1er mai, était "un proche conseiller du président de la République".

D'abord confinée aux violences pour lesquelles M. Benalla a été inculpé, l'affaire a rebondi en décembre quand la presse a révélé que l'ex-collaborateur avait utilisé l'un de ses deux passeports diplomatiques pour entrer dans plusieurs pays africains, après son licenciement de l'Elysée. M. Benalla avait pourtant assuré devant les enquêteurs du Sénat qu'il avait rendu ses passeports diplomatiques.

"C'est une victoire pour la démocratie", a réagi la sénatrice écologiste Esther Benbassa. "Le Sénat ne s'est pas couché", a commenté Eric Bocquet (CRCE, à majorité communiste). "Savoir que le Sénat n'est pas à la botte du pouvoir devrait plutôt rassurer nos concitoyens", s'est félicité sur RTL le chef de file des sénateurs socialistes (opposition de gauche), Patrick Kanner.

De son côté le chef de file des députés LR Christian Jacob a jugé qu'il "va devenir compliqué" que les collaborateurs du président visés "puissent rester à leur poste". Hervé Marseille, le président du groupe centriste au Sénat a de son côté estimé que la chambre haute était allée "un peu trop loin". "Un certain nombre de mises en responsabilité étaient superfétatoires", a-t-il réagi devant la presse.

Alexandre Benalla a fait l'objet mercredi soir de nouvelles inculpations concernant d'autres faits de violences en marge du défilé parisien du 1er Mai 2018, et pour un selfie le montrant avec une arme.






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