Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, s’est aligné totalement sur la position du chef de l’État en ce qui concerne la politique à suivre pour rapatrier les réfugiés syriens, dont il a affirmé qu’ils étaient désormais « un danger total » pour le Liban. Il l’a fait dans un mot d’accueil qu’il adressait aux membres nouvellement élus du conseil exécutif de la Ligue maronite, qui lui ont rendu visite sous la conduite de leur nouveau président Nehmetallah Abi Nasr.
« Nous ne pouvons pas attendre une solution politique en Syrie pour lancer ce processus, comme le veulent des décideurs qui ont eux-mêmes trempé dans les destructions infligées à la Syrie par la guerre », a-t-il dit en substance. Par modification politique, la communauté internationale veut dire modification du régime et de la distribution du pouvoir au sein de l’État syrien, précise-t-on.
Comparant les deux drames palestinien et syrien, qui ont tous deux provoqué des exodes massifs, le président Michel Aoun ne cesse de répéter à l’Europe de Bruxelles que « cela fait 71 ans que la Palestine attend un règlement ».
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Climat démocratique
Par ailleurs, le patriarche s’est félicité du climat démocratique qui a présidé à l’élection du conseil exécutif de la Ligue et a rendu hommage aux deux listes qui s’y sont affrontées. Il s’est dit réconforté par le fait que la Ligue maronite se soit dit « au service du Liban et non des seuls chrétiens ».
« De fait, a-t-il commenté, nous avions progressé, à une certaine étape de notre vie nationale, en direction d’une patrie nommée Liban à laquelle nous avons adhéré, mais aujourd’hui, nous avons commencé à régresser avec l’inadmissible apparition des solidarités religieuses et communautaires qui minent le pays. »
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Excuses publiques d’Abi Nasr
Pour sa part, M. Abi Nasr s’est excusé publiquement depuis Bkerké auprès des maronites qui se sont sentis exclus et offensés quand, dans une déclaration expéditive la semaine dernière, il avait réduit les « maronites authentiques » aux seuls habitants des cazas du Metn, de Jbeil et du Kesrouan. Le nouveau président de la Ligue maronite s’est par ailleurs félicité du surcroît d’audience que la Ligue maronite a obtenu, du fait de l’appui que lui ont apportées les grandes formations représentatives des communautés chrétiennes. Cet appui est notamment venu du Courant patriotique libre et des Forces libanaises. À ses yeux, ces appuis vont « donner du poids à nos propositions aux yeux des pouvoirs exécutif et législatif, et les inciter à les examiner ».
M. Abi Nasr s’est engagé à œuvrer pour faire de la Ligue « une institution dont la mission sera marquée par le sérieux, la spécialisation et la compétence », avant d’insister sur le fait que la Ligue « n’est pas un parti », mais qu’elle aspire à jouer le rôle d’une « conscience et d’un lien entre toutes les composantes et sensibilités politiques de la communauté maronite ».
La Ligue, a réitéré M. Abi Nasr, est convaincue que la présence privilégiée du Liban en Orient dépend étroitement de la présence des communautés chrétiennes qui s’y trouvent. « Ils sont les garants de sa diversité et de son unité », a-t-il dit. M. Abi Nasr a enfin parlé d’une « nécessaire réconciliation des maronites avec l’idée de l’État et de l’engagement dans la fonction publique », en vue de leur plus forte présence au sein de l’administration.
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commentaires (4)
Un Etat libanais, mais non une Eglise nationale. Ce serait dénaturé la Foi maronite, qui est tout à fait compatible à la tolérance religieuse, mais non à l'égalité de toutes les religions.C'est la mission de la Ligue maronite.
dintilhac bernard
11 h 30, le 21 mars 2019