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Nos Lecteurs ont la Parole - Karim S. REBEIZ

Comment améliorer la condition de la femme au Moyen-Orient ?

Dans le monde, il est universellement reconnu que les femmes sont privées des mêmes droits que les hommes. Au Moyen-Orient, le décalage entre les hommes et les femmes a été profondément ancré dans les mentalités durant des décennies. Alors que des garçons sont privilégiés en recevant une éducation adéquate pour un avenir serein, des filles se voient priver d’une indépendance financière par des parents qui jugent qu’il serait vain et coûteux de leur octroyer une éducation à la mesure de leur potentiel. Alors que des garçons sont choyés et traités avec déférence au sein de leurs familles, des filles sont assignées à leurs foyers par des parents qui les obligeront souvent à se marier, et fréquemment avant l’heure de leur maturité physique et psychologique. Il faut se rendre à l’évidence : au Moyen-Orient, le monde est trop injuste pour la femme et parallèlement trop permissif pour l’homme. Ce qui est acceptable chez l’homme est souvent inacceptable chez la femme, et vice versa. Prenons l’exemple classique d’un homme qui traite les femmes d’objets sexuels que l’on peut consommer avec désinvolture et sans arrière-pensée. Cet homme sera glorifié à l’autel de la virilité. En contrepartie, et pour exactement le même crime, la femme sera lynchée à l’autel de la vertu. On criera haro sur le baudet et on manifestera publiquement sa profonde réprobation pour la pècheresse.

Cependant, ce qui reste le plus malheureux dans cette condition humaine n’est pas uniquement la dimension physique, mais surtout la dimension psychologique qui consiste à manipuler l’esprit et à ainsi influer sur l’état d’âme de la femme. L’objectif consisterait à convaincre les femmes elles-mêmes du bienfait de leur assujettissement dans une société éminemment masculine. Ainsi, dès leur plus tendre enfance, les filles subiront un lavage de cerveau intense et incessant pour qu’elles soient soigneusement prêtes à accepter leur situation sans se poser de questions en temps voulu. Elles seront conditionnées à assumer psychologiquement leur rôle de femme au foyer dont la mission se limitera à la fabrication des enfants et au dévouement sans bornes à un mari et une famille. Le facteur temps aidant, les femmes finiront par se résigner et accepter de plein gré leur situation. En conséquence, et grâce au matraquage psychologique, la femme sera progressivement dépourvue de sa profonde conscience humaine. Elle serait ainsi incapable de délimiter le bien du mal, le juste de l’injuste, le vrai du faux. Grosso modo, l’assujettissement psychologique est bien plus sournois, bien plus pernicieux et bien plus dévastateur que la servitude physique.

Certes, certaines femmes arrivent à trouver une échappatoire au sein d’une société profondément masculine en choisissant de disposer librement de leur corps et de leur intimité. Mais cette émancipation ne sera pas nécessairement la fin de leurs souffrances. Elles se feront traiter de mauvaises filles et seront harcelées dans les lieux de travail et dans les endroits de loisirs. Certaines quitteront la région alors que d’autres vivront en marge de la société. Dans ce contexte, la question qui se pose est la suivante : Que faut-il faire pour éradiquer le chauvinisme et restaurer la parité entre les femmes et les hommes au foyer ainsi qu’au travail, sinon tant soit peu améliorer la condition de la femme dans la société ? Beaucoup de personnes préconisent de nouvelles lois ainsi que de nouvelles structures. Certes, ces initiatives sont nobles et légitimes mais certainement pas suffisantes. Le plus important est incontestablement le changement des mentalités. À moins qu’il n’existe une volonté réelle de stopper cette fausse et primitive perception de l’infériorité féminine au plus profond de la conscience humaine dans les foyers, dans les écoles ainsi qu’ailleurs, la femme restera une victime dont le destin sera façonné d’avance par le stratagème néfaste et lugubre d’une société en décalage avec une civilisation contemporaine.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Dans le monde, il est universellement reconnu que les femmes sont privées des mêmes droits que les hommes. Au Moyen-Orient, le décalage entre les hommes et les femmes a été profondément ancré dans les mentalités durant des décennies. Alors que des garçons sont privilégiés en recevant une éducation adéquate pour un avenir serein, des filles se voient priver d’une indépendance...

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