Recevant hier le ministre d’État britannique chargé des Relations avec le Moyen-Orient, Alistair Burt, le président Michel Aoun s’est gardé de prendre position, positivement ou négativement, par rapport à la récente décision de Londres de placer les deux ailes politique et militaire du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, en se contentant d’indiquer que le Liban « en a pris note ».
Il a dans le même temps minimisé l’impact de l’engagement militaire de la formation chiite dans les conflits régionaux sur la politique interne, en soulignant, toujours devant son hôte, que « l’action régionale du Hezbollah ne signifie pas que son influence sur la politique libanaise dépasse le fait qu’il constitue une partie du peuple libanais et qu’il soit représenté au sein du Parlement et du gouvernement ».
L’importance des propos de M. Aoun réside dans le fait qu’ils se situent en retrait par rapport au discours présidentiel qui, jusqu’à il y a quelques mois, défendait les armes du Hezbollah en les plaçant dans le contexte de la guerre contre Israël. Dans une interview accordée au Figaro en septembre dernier, M. Aoun avait relevé que « les pressions internationales sur le Hezbollah ne sont pas récentes et vont crescendo », avant d’ajouter : « Certains cherchent à lui régler son compte politique, faute d’avoir réussi à lui régler son compte militaire, parce qu’il a défait Israël en 1993, puis en 1996 et, surtout, en 2006. Le Hezbollah représente plus d’un tiers de la population libanaise. Malheureusement, une certaine opinion publique étrangère est déterminée à en faire un ennemi. »
Cette évolution du ton s’expliquerait par les pressions internationales qui s’accentuent sur le Hezbollah et, par ricochet, sur le Liban, lequel s’apprête à accueillir, les 22 et 23 mars en principe, le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, dont le pays a récemment haussé le ton par rapport au Hezbollah. Il y a lieu de rappeler dans ce contexte que l’arrivée de M. Pompeo intervient après une série de visites de responsables américains à Beyrouth, dont la dernière en date est celle du sous-secrétaire d’État américain pour le Proche-Orient, David Satterfield, mardi. Venu préparer le bref séjour de M. Pompeo à Beyrouth, M. Satterfield s’était fait remarquer en évitant de se rendre à Baabda, un message que la présidence aurait capté au vol.
Quoi qu’il en soit, Londres, par la voix d’Alistair M. Burt, s’est voulu rassurant sur le fait que « les relations bilatérales ne seront pas affectées par la décision britannique au sujet du Hezbollah ».
En cours d’après-midi, M. Burt a été reçu par le ministre de la Défense Élias Bou Saab à Yarzé, en présence de l’ambassadeur britannique Chris Rampling. Le responsable britannique a une nouvelle fois assuré à M. Bou Saab que « la décision de Londres au sujet du Hezbollah n’affectera pas la relation du Royaume-Uni avec le Liban et l’armée libanaise », selon l’ANI.
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commentaires (2)
on n'en attendais pas de vous ! Sans le Hezbollah vous ne seriez pas assis dans le fauteuil de Président en ce qui me concerne, je ne vous reconnais pas comme libanais, Etre à ce poste et servir l'Iran .....
FAKHOURI
13 h 31, le 08 mars 2019