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Liban - Universités

La colère monte face à l’augmentation des frais d’inscription universitaire en France

La mesure concerne les étudiants étrangers hors Union européenne : les étudiants libanais, qui sont des milliers à s’inscrire chaque année, seront touchés à partir de la rentrée 2019.

M. Foucher reçu par M. Chehayeb hier. Photo ANI

L’augmentation spectaculaire des frais d’inscription dans les universités françaises pour les étudiants étrangers hors de l’Union européenne continue de susciter des remous. La mesure a été décidée en novembre dernier mais elle s’appliquera aux nouveaux inscrits dès la rentrée 2019, sans toucher les étudiants qui auront entamé leurs études avant cette date-là. Les étudiants libanais, qui sont plusieurs milliers à s’inscrire chaque année en France, sont frappés de plein fouet par cette mesure, à l’instar des étudiants d’autres nationalités. Les frais sont ainsi passés de 170 euros en licence à 2770 euros, et de 243 euros en master à 3770 euros. Des mouvements de protestation ont commencé à prendre de l’ampleur dans les universités contre cette mesure, et les Libanais y participent.

Les doctorants, qui étaient initialement concernés par cette mesure, ne le seront plus, comme l’a expliqué la ministre française de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, sur foi de la recommandation d’un rapport issu d’une concertation, remis en février au gouvernement français (article paru dans le Monde du 24 février).

Cette augmentation des frais d’inscription s’intègre dans le cadre d’un plan lancé par le gouvernement français, baptisé « Bienvenue en France », dont la finalité est d’encourager les étudiants étrangers à se rendre dans ce pays pour y suivre des études universitaires. Pour cela, ce nouveau plan prévoit de faciliter les procédures d’obtention des visas, ainsi que les autres formalités, en améliorant l’accueil et le séjour des jeunes. L’idée est d’accorder aux universités davantage d’autonomie dans la gestion de leur budget. Ces augmentations devraient leur permettre donc de mieux accueillir les étudiants. Toutefois, une telle mesure n’est-elle pas contre productive et clairement contraire à l’objectif affiché publiquement qui est d’améliorer l’attractivité des universités françaises ?

C’est ce que pensent de nombreux étudiants apparemment. Layal Massara, présidente de l’association AquiCèdre, qui s’occupe de l’accueil d’étudiants libanais en France, précise que des regroupements sont organisés chaque mercredi et jeudi devant les universités, principalement par l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), le plus grand syndicat d’étudiants français qui se solidarise avec cette cause. Le Réseau des Franco-Libanais académiques et professionnels s’est joint à ce mouvement de protestation.

« Nous recevons de nombreux témoignages d’étudiants paniqués par cette mesure, raconte-t-elle. Une étudiante libanaise m’a confié que ses sœurs auraient voulu suivre ses pas et s’inscrire dans une université en France, mais que ses parents ne savent plus s’ils peuvent encore en assumer les frais. »

Rien d’étonnant à cela, quand on sait que ces dernières années le nombre d’étudiants libanais qui se sont inscrits en France a augmenté de 25 % (suivant les chiffres de Campus France), et qu’ils sont plusieurs milliers à le faire chaque année. Or parmi ces étudiants, beaucoup sont non boursiers et il existe une catégorie non négligeable de jeunes issus de la classe moyenne, comme le confirme Layal Massara. La France reste la première destination étrangère d’études supérieures vers laquelle se tournent les Libanais.

Ces jeunes Libanais se sont en l’occurrence tournés vers leur ambassade à Paris pour faire entendre leur voix. L’ambassadeur Rami Adwan a très vite réagi à l’annonce de cette mesure en novembre, en se réunissant avec la ministre Frédérique Vidal pour lui expliquer les implications sur un pays francophone tel que le Liban, mettant l’accent sur les difficultés économiques que traverse le pays. L’ambassadeur s’est également réuni avec Jean-Michel Blanquer, ministre français de l’Éducation, ainsi qu’avec Gilles Pécout, chancelier des universités de Paris, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, plusieurs membres du Parlement et du Sénat.

Les autorités libanaises, elles, semblent bien conscientes de ce problème qui affecte la situation migratoire (vu le nombre conséquent de jeunes qui se dirigent vers la France pour leurs études) et l’excellence du système éducatif, comme l’atteste la réunion d’hier entre le ministre de l’Éducation Akram Chehayeb et l’ambassadeur de France Bruno Foucher, réunion au cours de laquelle ce sujet a été abordé par le ministre libanais. À l’issue de cette rencontre, M. Foucher a déclaré suivre cette question qui affecte les étudiants libanais et a promis que cette affaire sera réglée avant ou pendant la visite du président français Emmanuel Macron à Beyrouth. Il a cependant précisé que les Libanais boursiers ou bénéficiant d’un échange universitaire ne sont pas concernés par cette décision, qui ne sera appliquée que pour les étudiants capables de suivre des études à leurs frais dans les universités françaises. Des universités où cette décision ne fait pas l’unanimité. Au moins 17 d’entre elles (parmi les établissements majeurs) ont déjà annoncé qu’elles n’appliqueraient pas la décision, se prévalant d’une prérogative qui leur permet de le faire. Selon Layal Massara, il y aurait déjà une quarantaine d’universités récalcitrantes, entre celles qui ont franchement pris la décision de ne pas appliquer la mesure et celles qui recommandent de ne pas y avoir recours. La jeune femme ne pense pas que les autorités françaises reviendraient sur cette décision, mais fait part d’informations selon lesquelles le nombre de bourses pour les Libanais serait augmenté, sachant que 10 % des étudiants seraient exonérés de ces frais d’inscription dans chaque université.


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commentaires (4)

Une mesure complètement stupide. Ce n’est pas ainsi que l'on va améliorer le rayonnement de la France

Yves Prevost

07 h 35, le 01 mars 2019

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Commentaires (4)

  • Une mesure complètement stupide. Ce n’est pas ainsi que l'on va améliorer le rayonnement de la France

    Yves Prevost

    07 h 35, le 01 mars 2019

  • Fini l'état providence, c'est un peu normal mais la France perd quand même cette aura de pays capable de rayonner sur le monde par son système d'universalité. Faut passer à la caisse.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 06, le 28 février 2019

  • INCROYABLE MAIS VRAI ces reactions des etudiants etrangers. mais bon c pas notre affaire. faut juste que le gouv francais ne commence a appliquer cette nouvelle "grille" de scolarite qu'a partir de l'annee scoaire 2020-2021 & EXCLUSIVEMENT AUX NOUVEAUX INSCRITS pour cette annee la. les autres ont le droit absolu de n'avoir a payer que les scolarites avant relevement, jusqu'a la fin de leur etudes, matser, doctorat et autres.

    Gaby SIOUFI

    11 h 04, le 28 février 2019

  • C'est quand même un peu normal que les frais ne soient pas les mêmes pour les étudiants français et étrangers.... Que les parents fassent pression sur le gouvernement libanais et les universités locales pour qu'elles cessent de pratiquer des tarifs aussi exhorbitants (qui forcent les jeunes à partir étudier ailleurs), contre une formation pas toujours à la hauteur...

    NAUFAL SORAYA

    07 h 51, le 28 février 2019

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