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À La Une - Conflit

Reprise des évacuations en provenance du réduit de l'EI en Syrie

Même si les responsables kurdes nient tout transfert vers l'Irak, l'OSDH affirme que 1.400 personnes -des familles de jihadistes et des combattants- ont été envoyés vers ce pays voisin.

Des hommes en file indienne dans une zone contrôlée par les FDS après avoir quitté la dernière proche de l'EI à Baghouz, dans la province de Deir ez-Zor, le 22 février 2019. / AFP / Bulent KILIC

Massés à bord d'une quarantaine de camions, hommes, femmes et enfants ont quitté lundi l'ultime réduit du groupe Etat islamique (EI) dans l'Est syrien sous la supervision des forces arabo-kurdes qui cherchent à asséner le coup de grâce aux derniers jihadistes jusqu'au-boutistes.

Il s'agit de la troisième évacuation du genre en moins d'une semaine, même si ces deux derniers jours aucune sortie n'avait eu lieu depuis la petite poche encore tenue par l'EI dans le village de Baghouz, aux confins orientaux de la Syrie. Depuis des semaines, les jihadistes sont encerclés par les combattants de l'alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS).

Lundi, sur une position des FDS, à une vingtaine de kilomètres de Baghouz, une journaliste de l'AFP a pu voir passer au moins 46 camions, avec à leur bord des centaines d'hommes, femmes et enfants.

Dans certains véhicules, des femmes en niqab, dont le noir a viré au gris en raison de la poussière, sont assises tandis que des hommes sont juchés sur les parois du camion pour éviter toute mixité. L'écrasante majorité des hommes ont le visage dissimulé par une écharpe. Des blessés sont visibles parmi la foule, certains munis de béquilles ou installés sur un fauteuil roulant.

Le réduit d'un demi-kilomètre carré encore tenu par l'EI renfermerait encore des civils, principalement des femmes et des enfants de jihadistes, selon les FDS, qui attendent la fin des évacuations pour lancer l'assaut final.

Plus tôt lundi, un porte-parole de cette force, Moustafa Bali, avait indiqué à l'AFP attendre de nouvelles sorties, espérant qu'il s'agirait de "la dernière vague". Il avait alors estimé à 5.000 environ le nombre de personnes présentes dans la poche jihadiste, revoyant à la hausse les statistiques précédentes des FDS.





 "Pas crier victoire"

"On souhaite que ça se termine, aujourd'hui plutôt que demain", lâche Mazloum, jeune combattant des FDS de 29 ans présent au point de contrôle où sont fouillés et interrogés les évacués pour identifier les jihadistes potentiels.

Même si les responsables kurdes nient tout transfert vers l'Irak, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a affirmé que 1.400 personnes -des familles de jihadistes et des combattants- ont été envoyées vers ce pays voisin. Une source gouvernementale à Bagdad a indiqué lundi qu'une dizaine de Français et 280 Irakiens accusés d'être des combattants de l'EI avaient été remis par les FDS aux autorités irakiennes depuis jeudi.


(Lire aussi : Pas de regret pour Ghalia, avec Daech jusqu'au bout)



En visite à Paris, le président irakien Barham Saleh a affirmé que 13 Français "élements de Daech (EI en arabe)", "seront jugés selon la loi irakienne". Et même si l'EI est en passe d'être défait, "ce n'est pas la fin de l'extrémisme et du terrorisme que nous avons connus", a-t-il mis en garde en soirée. Il "ne faut pas crier victoire trop tôt", a-t-il insisté.

Depuis décembre, quelque 46.000 personnes, civils et jihadistes, ont quitté le secteur de Baghouz, selon l'OSDH. Les jihadistes présumés sont envoyés dans des centres de détention, tandis que leurs familles sont transférées vers les camp de déplacés du Nord-Est syrien, principalement celui d'al-Hol, au terme de longs trajets dans des conditions très sommaires.

Depuis décembre, 78 personnes sont mortes en route ou peu après leur arrivée à al-Hol, a annoncé dimanche l'ONG Comité international de secours (IRC). Deux-tiers des victimes sont âgées de moins d'un an, selon l'organisation.




"Défis énormes"

La population du camp s'élève désormais à 45.000 personnes", a ajouté une responsable d'IRC, Misty Buswell, soulignant que les déplacés ont "un besoin urgent d'eau, de nourriture et de soins médicaux". "La communauté internationale n'assume pas ses responsabilités", a pour sa part déploré Abdel Karim Omar, chargé des Affaires étrangères au sein de l'administration semi-autonome kurde qui gère des territoires dans le nord-est de la Syrie.

De nombreux étrangers, notamment occidentaux, avaient rejoint l'EI à son apogée et se trouvent aujourd'hui dans les camps de déplacés ou de détention tenus par les Kurdes. "L'afflux soudain" d'hommes, mais surtout de femmes et d'enfants fuyant Baghouz, pose des "défis énormes", a reconnu vendredi le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) sur Twitter.


(Lire aussi : Des femmes évacuées de l'ultime réduit de l'EI en Syrie vantent le "califat")


Si l'EI est sur le point de perdre l'ultime lambeau de son "califat" proclamé en 2014 en Irak et en Syrie sur des territoires aussi vastes que la Grande-Bretagne, ses jihadistes sont disséminés dans le désert syrien de la Badiya et mènent des attaques dans les régions des FDS.

Déclenchée en 2011, le conflit dans ce pays a fait plus de 360.000 morts et forcé à l'exil des millions de personnes. Le régime de Bachar el-Assad, appuyé par l'Iran et la Russie, a multiplié les victoires face aux rebelles et aux jihadistes, jusqu'à reprendre près des deux-tiers du pays. Lundi, le président syrien était à Téhéran, pour sa première visite officielle depuis le début de la guerre dans ce pays allié.






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