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Liban - Santé

Les rescapés de l’hôpital de l’horreur à Msayleh confiés à de nouveaux établissements

Le procureur général financier Ali Ibrahim a engagé hier des poursuites contre la propriétaire de l’hôpital, sa fille, qui occupait les fonctions de directrice, ainsi que le directeur des soins médicaux au ministère de la Santé.


Une des chambres insalubres de l’hôpital al-Fanar. Capture d’écran al-Jadeed

Largement diffusées sur les réseaux sociaux la semaine dernière, des photos montrant l’état déplorable de l’hôpital psychiatrique al-Fanar, à Msayleh dans le Sud, avaient de quoi choquer. Livrés à eux-mêmes, mal nourris et sales, les 156 patients de l’établissement souffraient en silence avant que n’éclate le scandale. Ils ont finalement pu être transférés vers d’autres centres de soins psychiatriques, où ils devraient être pris en charge. Parmi les patients de cet hôpital de l’horreur, des personnes du troisième âge et des jeunes, des « cas sociaux », des femmes et des hommes. La directrice de l’établissement est actuellement poursuivie en justice.

Une source bien informée au ministère de la Santé a révélé à L’Orient-Le Jour que 90 patients ont été pris en charge avant-hier par des établissements de santé à Tyr, à Jouaya et à Jbeil. Hier, 32 autres malades ont été transférés à Jbeil. Ils seront suivis aujourd’hui par les 34 patients restants. « Les malades ont pu se laver et manger. Nous allons étudier leurs cas un par un. Certains nécessitent un transfert en maison de repos, d’autres une assistance sociale, a déclaré la source à L’OLJ. Les aides de l’État qui devaient aller à l’hôpital al-Fanar seront données aux trois établissements qui les ont accueillis. Ces aides ne sont pas suffisantes, mais c’est tout ce qu’on peut donner. »

Le procureur général financier Ali Ibrahim a engagé hier des poursuites contre la propriétaire de l’hôpital, Adila Labbane, sa fille, Samar Labbane, qui occupait les fonctions de directrice, ainsi que le directeur des soins médicaux au ministère de la Santé, Joseph Hélou, arrêtés mardi après avoir été interrogés dans le cadre de l’enquête. La propriétaire de l’hôpital, âgée de 86 ans, a été relâchée après sa garde à vue en raison de son âge avancé. Après avoir recueilli la déposition de cinq employés de l’hôpital, le procureur général financier a clos son enquête. Il a transmis le dossier au premier juge d’instruction du Liban-Sud, Marcel Haddad.

Le ministre de la Santé Jamil Jabak s’était rendu dimanche dernier sur les lieux afin de signifier la fermeture de l’hôpital et avait appelé à désigner les responsables qui, selon lui, détournent les fonds alloués par le ministère et ses donateurs internationaux pour la gestion de l’établissement.



Des patients « abandonnés »
L’insalubrité de l’hôpital al-Fanar n’était pourtant pas méconnue du ministère de la Santé. Le ministre sortant Ghassan Hasbani avait adressé en janvier 2018 un avertissement écrit à l’établissement qu’il avait même menacé de fermeture. « L’avertissement a été envoyé après un rapport accablant rédigé par l’inspection du ministère quelques mois plus tôt. Une fois l’avertissement envoyé, le bureau du ministre n’a plus reçu aucun document concernant cette affaire », déplore une source proche du dossier qui refuse de lancer des accusations directes. « Le dossier est entre les mains de la justice et c’est elle qui tranchera », estime-t-on de même source, en précisant que l’hôpital avait tenté de redresser sa situation avant de sombrer à nouveau dernièrement.

« Ceux qui parlent de détournement de fonds se trompent. Il n’y avait rien à détourner de toute manière. Le ministère de la Santé donne à l’hôpital une aide de 18 000 LL par jour et par patient. Sauf que cette somme n’est pas payée à temps par le ministère des Finances », révèle-t-on toujours de même source. L’état de l’établissement a été révélé par une bénévole venue apporter des couvertures et des aides alimentaires aux patients. C’est elle qui a découvert l’insalubrité avancée de l’endroit et donné l’alerte en publiant des photos sur les plateformes sociales.

Dans un reportage diffusé par la chaîne al-Jadeed, qui a réussi à entrer dans le bâtiment vendredi dernier, on constate l’ampleur de l’insalubrité. Les patients disent recevoir la moitié de leurs médicaments, les chambres et les toilettes sont sales, les coussins infects, des carreaux manquent aux fenêtres et les familles affirment ne pas être autorisées à voir les chambres des malades. Au détour d’un couloir, on aperçoit même un patient recroquevillé sur lui-même et enchaîné à son lit. « S’il n’était pas enchaîné, il deviendrait violent », explique un des employés à al-Jadeed. Une pratique moyenâgeuse, inhumaine et choquante, et qui devrait avoir disparu depuis longtemps, surtout que les traitements médicamenteux actuels permettent de prendre en charge les cas les plus difficiles... La source du ministère de la Santé interrogée par L’OLJ révèle en outre que nombre de patients d’al-Fanar avaient été vraisemblablement abandonnés par leurs familles. « La plupart ne recevaient jamais de visite. Personne ne demandait de leurs nouvelles. Nous ne connaissons pas l’identité de certains malades, arrivés sans papiers d’identité et que personne ne vient voir », indique la source, qui ajoute : « Si leurs familles demandaient de leurs nouvelles, on n’en serait pas là aujourd’hui. »

« Nous avons demandé plusieurs fois à l’établissement de redresser sa situation financière. Il a été amélioré pendant un certain temps puis il a plongé à nouveau. La situation désastreuse qui a été montrée dans les médias a commencé à se mettre en place il y a 3 à 4 mois », souligne la source. Selon elle, la directrice de l’hôpital n’était pas habilitée à diriger ce genre d’institutions et aurait laissé la situation se dégrader au fil du temps. Reste à savoir pourquoi ni les familles qui se rendaient sur place, ni le personnel, ni les médecins traitants n’ont pas donné l’alerte auparavant.


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commentaires (3)

UN POINT D,HONNEUR AU MINISTRE DU HEZBOLLAH JAMIL JABAK !

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 06, le 21 février 2019

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Commentaires (3)

  • UN POINT D,HONNEUR AU MINISTRE DU HEZBOLLAH JAMIL JABAK !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 06, le 21 février 2019

  • Confiez votre farine au boulanger même s'il devait en manger la moitié. Le Liban a besoin de SES compétences qui n'en manquent pas , il est temps de les exposer et de les laisser s'exprimer pour ne plus jamais voir ce genre de choses arriver . DANS TOUS LES DOMAINES . UN LIBAN NOUVEAU LIBRE ET INDÉPENDANT EST ENTRAIN DE NAÎTRE, QUE CELUI QUI VEUT RESTER AVEUGLE AI LA DÉCENCE DE PORTER DES LUNETTES pour pas trop se faire remarquer .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 24, le 21 février 2019

  • Comment peut-on se montrer aussi inhumain dans un domaine qui exige tant de compassion et d'humanité...

    NAUFAL SORAYA

    07 h 47, le 21 février 2019

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