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Liban - Réfugiés syriens

Réfugiés syriens : Aoun esquive la controverse interne et met la communauté internationale devant ses responsabilités

Emboîtant le pas à Saleh Gharib, Bou Saab se rend auprès de Hariri et s’explique.


Le président de la République en compagnie de la délégation de l’ordre des journalistes, hier, à Baabda. Photos Dalati et Nohra

En dépit de la volonté du Premier ministre et du chef de l’État d’endiguer la polémique provoquée par les deux initiatives cavalières en direction de la Syrie – la visite du ministre d’État pour les Affaires des réfugiés Saleh Gharib à Damas, et les propos du ministre de la Défense Élias Bou Saab à la conférence de Munich pour la sécurité, défendant la souveraineté du territoire syrien – les réactions à cette première entorse à la distanciation du Liban se sont poursuivies hier, sur un ton un peu plus clément toutefois. S’il est clair que les différentes parties en présence sont acquises à l’idée de la nécessité d’épargner à l’exécutif des tiraillements infructueux sur des sujets sensibles, tels que les relations libano-syriennes, il n’en reste pas moins que les décisions qualifiées d’« unilatérales » de MM. Gharib et Bou Saab ne manqueront pas de perturber la première réunion, après le vote de confiance, du Conseil des ministres qui subira aujourd’hui son premier test en matière de cohésion interne.

Dans une tentative de désamorcer à son tour la bombe en amont, M. Bou Saab a réitéré la démarche entreprise la veille par son collègue, M. Gharib, en se rendant lui aussi auprès de Saad Hariri.

Des visites effectuées a posteriori pour vraisemblablement réduire la portée de ces premières atteintes à la solidarité gouvernementale et au prestige des institutions, MM. Bou Saab et Gharib ayant agi sans mandat officiel de l’exécutif dont ils font partie.

Cherchant à justifier ses propos à la conférence de Munich et à se dédouaner des accusations et reproches à l’égard de son unilatéralisme – le ministre s’était exprimé au nom du Liban sans avoir coordonné sa position avec l’exécutif – M. Bou Saab a expliqué que ses propos étaient « conformes à la déclaration ministérielle et au pacte de la Ligue arabe, comme l’illustre l’appui que j’ai reçu de la part du secrétaire général de la Ligue Ahmad Abou el-Ghait, et de l’émissaire de l’ONU pour la Syrie Geir Pedersen ». « Ce que j’ai dit ne constitue pas un point de discorde », a-t-il martelé à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre au Grand Sérail.

En marge de la conférence de Munich pour la sécurité, le ministre de la Défense avait notamment exprimé « les réserves du Liban » quant à un déploiement de l’armée turque dans le Nord syrien, et jugé « illégale toute présence turque en territoire syrien, sans approbation du régime ».

Hier, M. Bou Saab a assuré que ses propos qui ont été critiqués « ne relèvent pas d’une déclaration officielle, mais de sources citées par les médias ».

Les FL, dont les ministres comptent aujourd’hui soulever cette affaire ainsi que la visite de M. Gharib à Damas en Conseil des ministres, affichent leur détermination à ne pas occulter cette question, et affirment rester intraitables sur le fond. Pour la formation chrétienne, les « applaudissements obtenus par Bou Saab sur la scène externe ne peuvent légitimer cette ingérence dans les affaires de la Syrie, qui ne concernent ni de près ni de loin le Liban. Il s’agit d’un sujet litigieux qui divise les Libanais », commente un cadre FL.
Selon ce dernier, la visite par ailleurs de M. Gharib lundi dernier à Damas pour discuter du dossier des réfugiés est d’autant plus « détonante » que le Conseil des ministres, dont les réunions n’avaient même pas démarré, « n’est pas encore convenu de la répartition des tâches ». « M. Gharib a pris cette initiative avant même de prendre connaissance du dossier et de se familiariser avec les rouages de son ministère », commente la source FL, qui relève toutefois la volonté des ministres du parti de marquer un point de principe, sans toutefois chercher à torpiller la première réunion de l’exécutif ni à remettre en cause le climat d’accalmie que les parties semblent vouloir préserver.


(Lire aussi : La polémique autour de la visite de Gharib à Damas appelée à vite se calmer)


Michel Aoun
De son côté, et dans une tentative d’atténuer l’impact de l’entretien consenti par M. Gharib avec son homologue syrien Hussein Makhlouf sur la question de réfugiés, le chef de l’État, Michel Aoun, s’est abstenu de commenter la portée politique de cette initiative.

Recevant une délégation de l’ordre des journalistes au palais de Baabda, il a réaffirmé que le Liban refusait d’attendre la mise en œuvre d’une solution politique en Syrie qui retarderait, selon lui, le retour dans leur pays de plus d’un million de réfugiés syriens installés au Liban, soulignant que certaines grandes puissances empêchaient le Liban d’œuvrer pour leur rapatriement.
« L’expérience du dossier palestinien sur ce plan n’est guère encourageante », a-t-il dit, pointant du doigt la responsabilité de certaines puissances « qui ne font rien pour le retour des réfugiés et nous interdisent d’œuvrer en ce sens ».

M. Aoun, qui a réitéré l’idée que le rapatriement des réfugiés verse dans l’intérêt du Liban qui, selon lui, est dans son droit le plus fondamental en cherchant à alléger le fardeau que constitue la présence de plus d’un million et demi de réfugiés sur son sol, a assuré que les « autorités syriennes ont exprimé le souhait de les accueillir ».

Une position que confirment des sources proches du Hezbollah, qui font état d’un « récent changement » dans la politique du régime de Bachar el-Assad. Ce dernier serait désormais plus ouvert à l’idée de leur retour, une position destinée à « conquérir une marge de de légitimité dont le régime a grandement besoin », commente une source proche du dossier.

La question des réfugiés était également au centre d’un entretien hier entre le ministre Gharib et le secrétaire général du Conseil supérieur libano-syrien, Nasri Khoury.



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commentaires (5)

LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE NE JUGE QUE PAR SES INTERETS ET S,EN FOUT DE CEUX DES AUTRES. IL FAUT LE COMPRENDRE ET NEGOCIER OU CONVAINCRE POUR NE PAS PAYER CHEREMENT LE PRIX ! MAIS NON Y DEROGER ...

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 40, le 21 février 2019

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Commentaires (5)

  • LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE NE JUGE QUE PAR SES INTERETS ET S,EN FOUT DE CEUX DES AUTRES. IL FAUT LE COMPRENDRE ET NEGOCIER OU CONVAINCRE POUR NE PAS PAYER CHEREMENT LE PRIX ! MAIS NON Y DEROGER ...

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 40, le 21 février 2019

  • faudra plus se faire des illusions- non,plutot faudra plus que politiciens & medias prennent le citoyen pour plus -naif- qu'il ne l'est. faudra qu'ils cessent de parler/ecrire a ce sujet avec points d'interrogations, analyses, decryptages & autres conclusions. la "chose" est dite , tres bien dite depuis l'accession de m aoun a baabda- sinon bcp plus tot meme. Freres un jour ( l'histoire ne l'a jamais confirmé mais bon ! - admettons )- freres toujours. Comme le repetait feu Pierre Gemayel a feu Raymond Edde: je t'aime malgre toi.

    Gaby SIOUFI

    09 h 47, le 21 février 2019

  • A mon avis , ne perdons pas de temps , le même temps perdu que pour élire nos président, député, et formation du gouvernement , et accédons au plus vite à une relation ouverte, franche et directe avec les VAINQUEURS syriens contre le honteux complot qui leur a été fait par l'occident qui a honte de reconnaître sa défaite. Une fois les relations rétablies au vu et au su de tous, on verra les choses se décanter comme par magie féerique.

    FRIK-A-FRAK

    09 h 44, le 21 février 2019

  • On aimerait bien savoir à quoi sert l'Ambassadeur de Syrie chez nous ? Et notre Chef de l'Etat Libanais, avec son flamboyant ministre des affaires étranges, au lieu de faire des déclarations partout dans le monde, toujours les mêmes qui mettent en cause les autres, concernat les réfugiés syriens, pourquoi ne mettent-ils pas en piste le très silencieux ambassadeur syrien, bien planqué dans son ambassade à Baabda, histoire de lui dégourdir les jambes, et peut'être, faire avancer les choses ? Après tout ce sont ses concitoyens syriens qui sont "réfugiés" chez nous, non ??? Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 38, le 21 février 2019

  • Il faut rappeler à ces messieurs-dames que le substantif masculin "ministre" vient du latin "minister", adjectif dérivé de "minus", qui signifie "serviteur". Cela s’entend serviteur du gouvernement et du peuple, et non pas de son parti ni surtout de ses ambitions personnelles. Il faut tuer ce genre d’initiative privée dans l’oeuf en virant les deux coupables immédiatement pour bien marquer le coup et décourager d’autres futurs dérapages similaires.

    Gros Gnon

    06 h 54, le 21 février 2019

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