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Liban - Décryptage

Des messages indirects entre la Syrie et des pays arabes résonnent à Beyrouth

Même si officiellement il n’y a pas de grand changement dans les relations des pays arabes avec la Syrie, pour la première fois depuis l’éclatement de la crise syrienne, le régime syrien a fait ouvertement un pas en direction de « ses frères » arabes. Cette nouvelle approche a été saisie par le nouveau ministre de la Défense Élias Abou Saab qui a pris position en conséquence, malgré les critiques qui lui ont été adressées par des forces politiques internes.

Un retour sur certains faits s’impose.

Après l’ouverture de l’ambassade des Émirats arabes unis à Damas qui avait annoncé à ce moment-là qu’elle serait suivie par une initiative similaire de la part d’autres pays arabes, et même après la visite du président soudanais à Damas Omar el-Bachir, les milieux diplomatiques et politiques attendaient un développement plus déterminant dans ce dossier, qui consisterait dans le retour de la Syrie dans « le giron arabe ».

Ces initiatives avaient été prises après des informations sur une rencontre sécuritaire entre un responsable syrien et son homologue saoudien. Comme tous ces développements avaient précédé de peu le sommet arabe pour le développement économique qui s’est tenu à Beyrouth le mois dernier, les milieux politiques et diplomatiques libanais en avaient immédiatement déduit que la Syrie devait désormais être conviée aux réunions arabes. Il y a même eu une violente polémique à ce sujet entre les parties libanaises qui a été tranchée par la Ligue arabe qui, elle, détenait le pouvoir d’inviter ou non les participants à ce sommet.

Interrogé sur cette question, le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Aboul Ghaith, avait toutefois répondu que les consultations qu’il a effectuées sur cette question lui ont montré que le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe ne fait pas encore l’unanimité des membres. Ce qui signifiait que, selon toute probabilité, la Syrie ne serait invitée ni au sommet arabo-européen de Charm el-Cheikh (qui doit se tenir dimanche et lundi prochains) ni au sommet arabe annuel prévu à Tunis à la fin du mois de mars.

Cette affirmation a donc constitué un coup pour tous ceux qui croyaient que le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe était imminent. Surtout après l’annonce par le président américain Donald Trump de son intention de retirer ses troupes de Syrie dans un délai assez court après « avoir vaincu totalement Daech en Syrie ». De nombreux pays arabes, qui comptaient sur la présence des États-Unis en Syrie pour affaiblir, sinon renverser, le régime, ont dû revoir leurs calculs, ne trouvant d’autre choix, pour combler le vide laissé par le départ des Américains que celui de renouer avec le régime syrien. C’est donc ce qui avait poussé certains pays arabes à « normaliser » leurs relations avec Damas.

Mais, après tous ces indices positifs, la position d’Ahmad Aboul Ghaith a montré qu’il y avait encore une grande opposition arabe au rétablissement des ponts avec le régime syrien. Pour certains milieux diplomatiques, ce serait le secrétaire d’État américain Mike Pompeo qui aurait demandé aux interlocuteurs arabes qu’il a rencontrés dans le cadre d’une tournée dans la région de ne pas accélérer le processus, car la priorité doit rester à combattre l’Iran et à circonscrire son influence dans la région, notamment en Syrie et au Liban. Pour d’autres milieux diplomatiques, les pays arabes considéraient avoir fait le premier pas et ils attendaient un geste, ou un signe de la part du président syrien... qui n’est pas venu. C’est d’ailleurs ce qu’aurait déclaré le président soudanais Omar el-Bachir en confiant à ses collaborateurs qu’il avait suggéré au président syrien d’envoyer une demande officielle pour que son pays soit réintégré au sein de la Ligue arabe. Il avait même laissé entendre qu’il lui avait fait cette proposition après avoir obtenu l’aval des autres pays arabes. Apparemment, la réponse de Bachar el-Assad aurait été négative et selon des milieux libanais proches du régime syrien, Bachar Assad aurait répondu : « C’est à celui qui a gelé la participation de la Syrie à la Ligue arabe de changer sa position. Nous n’avions pas demandé à sortir et nous ne demanderons pas à revenir. »

L’affaire aurait pu en rester là, mais c’était compter sans les développements dans le nord de la Syrie, à la veille du retrait américain. Tout en affirmant son refus de la partition de la Syrie et son absence d’ambition territoriale dans ce pays, le président turc Recep Tayyip Erdogan ne cache pas son intention d’établir dans le nord de la Syrie, à la frontière avec la Turquie, « une zone sûre », autrement dit contrôlée par des factions de l’opposition sous l’influence de son pays, après avoir brisé les forces kurdes.

Cette intention turque affichée ne peut que déplaire au régime syrien et à ses alliés qui se prononcent pour le contrôle des autorités du pays sur l’ensemble du territoire syrien. En même temps, elle déplaît fortement aux pays arabes, notamment l’Arabie saoudite et ses alliés, qui considèrent que la Turquie est une rivale au niveau du leadership du monde musulman, surtout qu’elle n’est pas arabe. C’est pourquoi dans son discours prononcé dimanche devant les responsables des autorités locales, le président syrien a pris soin d’attaquer la Turquie, tout en évitant de mentionner les pays arabes qu’il a critiqués pendant des années les accusant d’entretenir la guerre civile en Syrie. La critique de la Turquie et l’omission des pays arabes ont été perçues comme un pas positif de la part du régime syrien en direction des pays arabes. C’est dans ce contexte que s’inscrit la déclaration du ministre libanais de la Défense lors de la Conférence de Munich pour la sécurité. Il avait rejeté l’idée de l’établissement d’une zone sous influence turque dans le nord de la Syrie, par respect de la souveraineté des pays sur leurs territoires et aussi par solidarité arabe. Le ministre de la Défense Élias Abou Saab serait ainsi un précurseur...

Même si officiellement il n’y a pas de grand changement dans les relations des pays arabes avec la Syrie, pour la première fois depuis l’éclatement de la crise syrienne, le régime syrien a fait ouvertement un pas en direction de « ses frères » arabes. Cette nouvelle approche a été saisie par le nouveau ministre de la Défense Élias Abou Saab qui a pris position en...

commentaires (5)

Elias Abou-Saab, ministre de la Défense : "Chaque ministre a le droit d'exprimer son point de vue..." May Chidiac : "Il n'est pas possible à qui que ce soit d'ouvrir une échoppe à son compte..." Citoyen lambda que je suis, je me permets de dire que chaque ministre représente le Gouvernement, cette dernière représente tout le Parlement, celui-ci représente tout le peuple libanais. Conclusion, Elias Abou-Saab doit consulter le Chef du gouvernement pour toute déclaration qui concerne l'Etat spécialement sur le plan international. Par conséquent, un problème qui concerne la Turquie et la Syrie ,e devrait pas concerner le Liban et sa politique de distanciation.

Un Libanais

17 h 35, le 21 février 2019

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Commentaires (5)

  • Elias Abou-Saab, ministre de la Défense : "Chaque ministre a le droit d'exprimer son point de vue..." May Chidiac : "Il n'est pas possible à qui que ce soit d'ouvrir une échoppe à son compte..." Citoyen lambda que je suis, je me permets de dire que chaque ministre représente le Gouvernement, cette dernière représente tout le Parlement, celui-ci représente tout le peuple libanais. Conclusion, Elias Abou-Saab doit consulter le Chef du gouvernement pour toute déclaration qui concerne l'Etat spécialement sur le plan international. Par conséquent, un problème qui concerne la Turquie et la Syrie ,e devrait pas concerner le Liban et sa politique de distanciation.

    Un Libanais

    17 h 35, le 21 février 2019

  • LA TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD AVAIT L,INTENTION D,ETRE TRES OBJECTIVE DANS CET ARTICLE MAIS SA PLUME S,EST EGAREE TANT DE FOIS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 10, le 21 février 2019

  • La vraie voix de la réalité que NOUS avons avec Scarlett, un privilège tellement bon que certains ne s'en rendent même pas compte . Le Liban a une opportunité incroyable de se positionner aux 1eres loges pour le jour HYPER CERTAIN où tout ce petit monde looser du complot, initié on sait tous à quel endroit , devra faire la queue pour récolter quelques miettes dans les projets de reconstruction . Et je vise directement des pays occidentaux comme la France, l'Angleterre etc... le rôle d'intermédiaire des libanais est légendaire, c'est ce qu'ils savent faire le mieux , alors POURQUOI ENCORE HÉSITER ? Avoir peur des réactions occidentales ? Mais ils sont out , k.o , kaputt . ON EST MAÎTRE CHEZ NOUS À PRÉSENT , NOS MARTYRS NE SONT PAS MORTS POUR RIEN .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 00, le 21 février 2019

  • tres probable on dira que je n'ai rien compris de ce decryptage. voila ce qu'il en est : les arabes- comme presque toujours- ont mal compris la situation, se sont precipites vers damas- se sont VITE retractes . le pouvoir de damas tjrs plus fin a compris que la visite du soudanais-repris de justice- etait loin de lui ouvrir la porte d'une ligue arabe-fidele a sa reputation de moribonde. ce meme pouvoir se contrefiche - pr le moment- des arabes et donc ne leur a lance aucun message -ss entendu- lors de son discours sur la turquie etc... en resume c qu'il y a a comprendre est juste une confirmation du flou environnant .

    Gaby SIOUFI

    09 h 59, le 21 février 2019

  • Il devient de plus en plus difficile d'isoler la Syrie

    Chucri Abboud

    08 h 08, le 21 février 2019

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