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Liban - Gouvernement

Le respect de la distanciation au cœur du premier Conseil des ministres ?

Les « souverainistes » frapperont du poing sur la table contre les mamours en direction du régime syrien. Mais pour le Premier ministre, la priorité reste à l’économie.

Ibrahim Kanaan à l’issue de la réunion du groupe Le Liban fort. Photo ANI

Le gouvernement tiendra demain sa première séance au palais de Baabda après l’obtention de la confiance parlementaire. Une séance qui revêt une importance particulière dans la mesure où l’on s’attend à ce que le respect de la politique de distanciation du Liban par rapport aux conflits des axes régionaux soit au centre des débats.

Prévue dans la déclaration ministérielle sur la base de laquelle la Chambre a accordé sa confiance à la nouvelle équipe de Saad Hariri, la politique de distanciation (sur laquelle l’ambassadrice des

États-Unis à Beyrouth, Elizabeth Richard, a insisté hier à l’issue de son premier entretien avec le chef du gouvernement après le vote de confiance) n’a pas tardé à subir de graves infractions. Ce qui suscite des interrogations quant aux orientations officielles concernant la politique étrangère du pays. Au cœur de ces interrogations, la visite du ministre d’État pour les Affaires des réfugiés, Saleh Gharib, en Syrie, lundi dernier. L’occasion pour M. Gharib (proche du président du Parti démocrate libanais de Talal Arslane, et relevant du lot du chef de l’État, Michel Aoun) de s’entretenir avec le ministre syrien de l’Environnement et de la Gouvernance locale, Hussein Makhlouf. À cela, s’ajoutent les propos du ministre de la Défense, Élias Bou Saab, en marge de la Conférence de Munich pour la sécurité. Exprimant « les réserves du Liban » quant à un déploiement de l’armée turque dans le Nord syrien, M. Bou Saab avait jugé « illégale toute présence turque sur le territoire syrien, sans approbation du régime ».

Pour en revenir à la séance gouvernementale, elle devrait donc constituer une parfaite occasion pour les forces politiques dites « souverainistes » de s’opposer à toute infraction aux orientations de l’État, notamment en matière de politique étrangère. C’est en tout cas sous cet angle que les Forces libanaises perçoivent la séance gouvernementale. « Nous allons en saisir l’occasion pour souligner d’abord que Saleh Gharib a pris de court le Conseil des ministres. Il s’agit donc de la volonté manifeste d’un camp politique (le 8 Mars) de chercher à imposer le rythme et le mode d’action du gouvernement », déclare à L’Orient-Le Jour un cadre FL. Il insiste, par ailleurs, « sur l’importance de se conformer à la politique de distanciation comme cela se doit ». Selon le même cadre, les ministres FL se réuniront aujourd’hui à Meerab pour définir la position officielle à exprimer en Conseil des ministres.


(Lire aussi : En avant, la chorale !, l'éditorial de Issa GORAIEB)


Le PSP
Les regards seront surtout braqués sur les ministres du Parti socialiste progressiste. Et pour cause : les deux infractions à la distanciation sont intervenues à l’heure où le leader de Moukhtara s’en prend au régime Assad et où ses rapports avec le Premier ministre subissent de sérieuses secousses, liées au processus de formation du gouvernement. Lundi, des sources proches du leader de Moukhtara avaient confié à L’OLJ que le parti soulèvera cette question en Conseil des ministres. D’autant que le Premier ministre devrait prendre une position claire à ce sujet.

Contacté hier par L’OLJ, Bilal Abdallah, député joumblattiste du Chouf, se veut néanmoins plus prudent, assurant que son parti n’a pas l’intention de provoquer l’implosion du cabinet, même s’il est conscient des messages politiques qui lui parviennent aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur. « Il faut préserver un minimum de solidarité ministérielle », souligne-t-il, se contentant de renvoyer la balle dans le camp de Michel Aoun et Saad Hariri.

De leur côté, des proches de la Maison du Centre confient à L’OLJ que le Premier ministre pourrait bien choisir de ne pas s’attarder sur la question des rapports avec le régime syrien, dans la mesure où il estime que la priorité devrait être accordée aux dossiers économiques et à la mise en application du processus de réforme dicté par la conférence dite CEDRE, tenue à Paris le 6 avril dernier. Dans les mêmes milieux, certains vont jusqu’à déclarer que M. Hariri est conscient qu’il ne bénéficie pas de la majorité au sein de son propre gouvernement et que certains ministres vont continuer à rendre des comptes au régime syrien.


(Lire aussi : La polémique autour de la visite de Gharib à Damas appelée à vite se calmer)


Les aounistes
Quoi qu’il en soit, le Hezbollah semble déterminé à ne pas alimenter la polémique suscitée ces deux derniers jours. Quant au CPL, il préfère montrer de l’optimisme quant à la productivité du nouveau cabinet et à la solidarité entre ses composantes, contre vents et marées. C’est en tout cas cette impression qui se dégage des propos tenus par Ibrahim Kanaan, député CPL du Metn, à l’issue de la réunion hebdomadaire du groupe dit Le Liban fort parrainé par le CPL. Faisant valoir que le délai de 100 jours accordé au cabinet pour enregistrer des accomplissements a commencé, M. Kanaan s’est employé à défendre aussi bien les prises de position de M. Bou Saab que le déplacement de Saleh Gharib à Damas. « Les spéculations (médiatiques) concernant une atteinte à la solidarité ministérielle sont infondées », a-t-il tonné, soulignant que la position du ministre de la Défense converge avec une entente arabe et internationale à ce sujet. Elle ne constitue donc pas une infraction à la déclaration ministérielle. « Nous sommes attachés à la solidarité entre les composantes gouvernementales, a-t-il encore assuré, appelant à éloigner la question des réfugiés syriens des tiraillements politiques. »


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Le gouvernement tiendra demain sa première séance au palais de Baabda après l’obtention de la confiance parlementaire. Une séance qui revêt une importance particulière dans la mesure où l’on s’attend à ce que le respect de la politique de distanciation du Liban par rapport aux conflits des axes régionaux soit au centre des débats. Prévue dans la déclaration ministérielle sur la...

commentaires (3)

La distanciation ne signifie pas que nous devons ignorer nos interets, en l'occurence le retour des centaines de millers de syriens refugies chez nous. Et si nos interets coincident avec ceux de Bachar, est ce une raison pour agir contre nos interets. Nous ne devons pas laisser notre haine et notre rancune, tout a fait justifiees, nous aveugler au point d'oublier nos interets. La presence des refugies syriens chez nous est une bombe a retardement, que nous devons desarmorcer, quitte a discuter avec le diable, car lui seul peut nous aider a regler cette question. Personne ne nous demande de l'aimer, il est certes haissable, mais on ne doit pas se leurrer en esperant que les Nations Unies ou l'Occident nous aide a regler ce probleme. Si quelqu'un a une meilleure solution, je suis preneur .

Nader

20 h 34, le 20 février 2019

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Commentaires (3)

  • La distanciation ne signifie pas que nous devons ignorer nos interets, en l'occurence le retour des centaines de millers de syriens refugies chez nous. Et si nos interets coincident avec ceux de Bachar, est ce une raison pour agir contre nos interets. Nous ne devons pas laisser notre haine et notre rancune, tout a fait justifiees, nous aveugler au point d'oublier nos interets. La presence des refugies syriens chez nous est une bombe a retardement, que nous devons desarmorcer, quitte a discuter avec le diable, car lui seul peut nous aider a regler cette question. Personne ne nous demande de l'aimer, il est certes haissable, mais on ne doit pas se leurrer en esperant que les Nations Unies ou l'Occident nous aide a regler ce probleme. Si quelqu'un a une meilleure solution, je suis preneur .

    Nader

    20 h 34, le 20 février 2019

  • POUR QU,IL Y AIT DISTANCIATION IL FAUT QU,IL Y AIT ARRET ET RETOUR DES INTERVENTIONS ET RESPECT DE LA DISTANCIATION. A LA BONNE HEURE ! ATTENDONS VOIR...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 37, le 20 février 2019

  • QUESTIONS POUR NOS HONORABLES CHAMPIONS : 1--Nos relations fraternelles avec la Syrie etaient elles considerees bonnes entre Avril 2005(depart des syriens du Liban) et Mars 2011 ( date de la revolution syrienne 2--SI OUI OU NON , POURQUOI, ? PS. les reponses sont essentielles et devront former la feuille de route pour l,avenir de nos relations avec les syriens

    Gaby SIOUFI

    10 h 06, le 20 février 2019

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