Le bureau de censure de la Sûreté générale récidive. Cette fois-ci, c’est au numéro spécial de l’hebdomadaire français Courrier international, consacré aux quarante ans de la révolution iranienne et distribué la semaine dernière au Liban, qu’un coup de ciseaux a été donné. En effet, une caricature du guide iranien Ali Khamenei, dans les pages 24 et 25, qui le montre portant son turban d’où s’échappent des éclairs qui frappent les manifestants, a été censurée. Le dessin du caricaturiste De Angelis, originellement publié dans le journal italien La Repubblica, a ainsi été recouvert d’autocollants gris opaques.
Contacté par L’Orient-Le Jour, le porte-parole de la Sûreté générale, le général Nabil Hanoun, explique que le service a pris cette mesure parce que le dessin « porte atteinte à une haute personnalité religieuse qu’appuient un grand nombre de Libanais ». Elle pourrait également, selon le responsable de la SG, « porter atteinte aux relations libano-iraniennes ». Interrogé sur l’efficacité d’une telle mesure, d’autant que les publications étrangères sont disponibles en ligne, le général Hanoun répond que quiconque est libre de consulter la toile, « mais nous, nous appliquons la loi sur les imprimés », qui condamne les atteintes à la religion. « L’existence des médias électroniques ne signifie pas occulter cette loi, insiste-t-il. Tant qu’il y a une seule publication qui entre dans le pays, cette loi continuera à être appliquée. »
Léa Baroudi, directrice de l’ONG March Lebanon, qui œuvre en faveur de la cohésion sociale et des libertés personnelles, estime que « le problème réside dans le fait que la politique intérieure et extérieure et la religion jouent un rôle dans la censure ». « Si on va continuer à prendre en considération tous ces paramètres, tout va finir par être censuré », ajoute-t-elle, prônant une législation claire dans ce sens. « Nous avons, à titre d’exemple, des lois claires concernant le boycottage d’Israël, poursuit-elle. Je comprends ainsi qu’on censure un article qui fait la promotion de l’État hébreu. »
Léa Baroudi faisait référence à la censure du numéro du 31 janvier-6 février de l’hebdomadaire français L’Obs d’où cinq pages ont été arrachées par la censure. Celles-ci correspondent à un article qui porte sur le développement technologique en Israël. « Quand il s’agit d’autres sujets qui ne sont pas définis par la loi, alors qu’on est dans un pays où la liberté d’expression est sacrée dans la Constitution, on ne peut pas censurer quoi que ce soit qui pourrait offenser une personne, insiste Léa Baroudi. Les lois qui régissent la censure sont tellement vagues qu’elles permettent aux autorités de censurer selon une subjectivité et une pression quelconque. Il faut que les lois sur la censure soient claires. »
Pour mémoire
Le dernier numéro du Canard Enchaîné censuré au Liban
Un coup de ciseaux dans les pages de « L’Obs »
commentaires (4)
Comme si la censure n'existait pas dans tous les pays du monde , même celui dit développé, et surtout en usurpie . C'est pas parce que un petit moineau sérine à longueur de journée des musiques qui ne font plaisir qu'à ses tympans troués, que la vérité est au bout du chemin . Proverbe autrichien des tyrolls du Sud italien .
FRIK-A-FRAK
11 h 15, le 14 février 2019