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Nos Lecteurs ont la Parole - S.M.

L’État, Nizar Zakka et les Libanais qui croupissent dans les geôles étrangères

En ce début d’année tempétueux, le « père de tous » et son gendre se trouvent sans doute au chaud, heureux de bénéficier d’une année supplémentaire d’un « régime fort », ricanant à la pensée des manifestants qui étaient venus dénoncer fin décembre la situation catastrophique du pays. Des manifestants qui n’ont d’ailleurs obtenu que du vent.

Pourtant, cette contestation a dû les surprendre, eux qui avaient si minutieusement veillé à anesthésier le peuple libanais, en l’habituant à l’humiliation et en tentant de lui retirer le peu de dignité qui lui restait. Il est devenu presque normal pour le Libanais moyen de passer des heures dans les embouteillages, de ne pas pouvoir boucler ses fins de mois, de corrompre un fonctionnaire pour effectuer une formalité, de ne pas avoir accès à l’eau ou l’électricité 24/24, de ne plus exiger quoi que ce soit d’un État en lequel ils ont arrêté de croire. Car si nos standards dans notre compréhension de la normalité ont drastiquement baissé, c’est à cause d’un mandat qui nous fait perdre la foi en nos institutions politiques et en la loi. En effet, l’État Libanais ne protège plus ses citoyens. Il ne se préoccupe plus de ses ressortissants, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, et cela est devenu presque… normal.

C’est dans ce contexte dramatique qu’il convient de rappeler le cas de Nizar Zakka, un citoyen libanais détenu en Iran depuis septembre 2015, accusé d’espionnage au profit des États-Unis. Depuis, cet homme d’affaires a déploré maintes fois l’inaction des responsables libanais face à sa situation. Il aurait déclaré en novembre dernier que « ma patrie est dans un coma total et ignore le sort d’un Libanais enlevé à Téhéran alors qu’il répondait à une invitation officielle ».

Comme lui, de nombreux ressortissants libanais sont réveillés tous les matins dans les prisons d’un pays qui n’est pas le leur. Car comment oublier les compatriotes qui accumulent les années dans les geôles syriennes, soumis pour la plupart, si ce n’est tous, aux différentes techniques de torture expérimentées sur eux par les sbires du régime Assad ? Leur situation est révoltante. Et la passivité de nos responsables l’est encore plus, face à ces Libanais qui se battent corps et âme pour conserver leur santé mentale et préserver un brin d’humanité, dans l’espoir qu’un jour ils pourront respirer à nouveau l’air de la liberté.

Le président et son chef de la diplomatie, entretenant des relations plus ou moins bonnes avec le régime des mollahs par le biais de l’alliance CPL-Hezbollah, mais aussi avec le régime baassiste syrien depuis au moins la création du 8 Mars, il serait logique que les dossiers de ces ressortissants libanais soient rouverts. Il s’agirait en tout cas d’une bonne résolution à adopter pour cette nouvelle année ; d’autant qu’il s’est avéré que le positionnement sur cet axe irano-syrien n’a pas apporté grand-chose au peuple souverain libanais, mais a plutôt contribué à faire le bonheur de certains pays antidémocratiques. Et si l’enjeu n’est pour nos responsables ni national ni relevant des droits de l’homme, inverser la donne pourrait au moins leur fournir la satisfaction de rajouter un élément positif à l’agenda de ce mandat qui, jusque-là (restons courtois), n’est pas particulièrement impressionnant par son bilan.

Ce texte est le courrier d'un lecteur. A ce titre, il n'engage que son auteur et ne reflète pas nécessairement le point de vue de L'Orient-Le Jour.

En ce début d’année tempétueux, le « père de tous » et son gendre se trouvent sans doute au chaud, heureux de bénéficier d’une année supplémentaire d’un « régime fort », ricanant à la pensée des manifestants qui étaient venus dénoncer fin décembre la situation catastrophique du pays. Des manifestants qui n’ont d’ailleurs obtenu que du vent....

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