Avec le sommet arabe, un week-end de rêve se prépare pour les Libanais transis de froid, surtout pour ceux d’entre eux qui font une fixette sur la politique. Trois réunions en enfilade : les deux premières sous la houlette des ministres du Dehors pour s’en mettre plein la gueule, la troisième entre les chefs d’État pour se peloter. Les potentats arabes ne changeront jamais. Depuis le temps que dure ce cirque, ils devraient même remercier les Hébreux qui, par leur brutalité toute en finesse et humanité, leur fournissent régulièrement matière à se bécoter.
À partir d’aujourd’hui, ce sera le cinéma classique : on se réunira, se castagnera, puis comme d’habitude on bouffera en se bavant dessus. Bonne nouvelle cependant, tous les participants à ce pince-fesses à tiroir sont bilingues, puisqu’ils parlent couramment l’arabe et la langue de bois. De quoi ravir certainement les reporters rase-moquette qui gravitent dans leur orbite.
En attendant, c’est le branle-bas de servilité de la République pour accueillir les exotiques. Cette manie de transformer la capitale en caserne à chaque fois que nous recevons du beau linge ! Cette fois encore, on sera servis : routes coupées, l’auberge de la conférence transformée en camp retranché et partout autour des patibulaires armés jusqu’aux gencives, brutes épaisses échappées d’une mangeoire et ornées de la panoplie totale du guignol compassé : lunettes noires, chaussures noires et bahut 4x4 noir aux vitres peinturlurées en noir. Écartez-vous, les gueux ! Le sommet est paré pour le dialogue des cultures…
C’est dans les moments les plus dramatiques de l’histoire du Liban, ces instants dont on dit, comme dans un titre éculé, que le pays est « à la croisée des chemins », que surnagent les héros qui infestent la classe politique. Istiz Nabeuh est de ceux-là. Son concept à lui est simple : j’y suis, girouette ! Comme il n’a pas réussi à faire inviter le Tyranneau de Damas, placé sous respiration artificielle par les Russes et les Iraniens, le haut perché du Parlement s’est finalement rabattu sur les Libyens en sortant du congélo l’affaire Moussa Sadr. Bref, on prend l’imam et on recommence…
Quant au sommet, il restera un accessoire utile : on dialoguera, on dialoguera, on dialoguera… Jusqu’à tomber d’accord sur les désaccords.
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (3)
Et voilà la messe est dite! Excellent Gaby!
Tina Chamoun
10 h 20, le 18 janvier 2019