L'ambassade d'Iran à Beyrouth a réagi mardi aux déclarations du sous-secrétaire d’Etat américain pour les Affaires politiques, David Hale, contre Téhéran, estimant que la visite du responsable américain à Beyrouth "entre dans le cadre des ingérences américaines dans les affaires des autres" pays. Dans le même temps, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, a reçu, à la Maison du Centre, l'ambassadeur d'Iran à Beyrouth, Mohammad Jalal Firouznia.
"Les visites provocatrices effectuées dernièrement par plusieurs responsables américains dans certains pays, parallèlement aux récents développements régionaux, montrent que la politique de l'administration américaine a échoué", estime l'ambassade dans un communiqué. "Dans ce cadre, la visite de David Hale à Beyrouth et les positions qu'il a prises entrent dans le cadre de l'ingérence flagrante des Etats-Unis dans les affaires des autres afin de leur dicter les décisions qu'ils doivent prendre", ajoute le texte. Le texte accuse l'administration américaine de "vouloir modifier les politiques des pays de la région en fonction de ses propres intérêts, afin de justifier l'occupation israélienne, au dépens du peuple palestinien et des musulmans et chrétiens vivant à Jérusalem". L'ambassade accuse encore les Etats-Unis de "soutenir les mouvements extrémistes terroristes et notamment Daech" (acronyme arabe de l'organisation Etat islamique).
La représentation diplomatique iranienne a justifié la présence d'éléments armés iraniens en Syrie, qui soutiennent, avec la Russie, le régime de Bachar el-Assad, déclarant que cette présence est "légitime et ne nécessite l'autorisation de personne". L'Iran est présent en Syrie "à la demande officielle du gouvernement syrien et dans le cadre d'une coopération totale entre les deux pays".
La veille, le diplomate américain avait estimé, après un entretien avec Saad Hariri, que l'armée libanaise seule devait défendre le Liban, et qu'il était "inacceptable qu'une milice agisse en dehors du giron de l’État", en référence au Hezbollah qu'il a qualifié d'"organisation terroriste". "Nous poursuivons nos efforts visant à faire face aux agissements iraniens dans la région, dont le financement des organisations terroristes comme le Hezbollah", avait lancé M. Hale.
Ces déclarations intervenaient après les propos du chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, qui avait dénoncé la semaine dernière un "statu quo" inacceptable imposé par l’influence "majeure" du Hezbollah. M. Pompeo a effectué ces derniers jours une tournée dans plusieurs pays du Moyen-Orient et du Golfe afin de rassurer les responsables concernant la décision américaine de retirer ses troupes de Syrie.
(Lire aussi : Hale : La présence d’une milice en dehors du giron de l’État est « inacceptable »)
Hariri reçoit l'ambassadeur iranien
Parallèlement, l'ambassadeur d'Iran à Beyrouth, Mohammad Jalal Firouznia, s'est rendu à la Maison du Centre, où il a été reçu par le Premier ministre désigné, Saad Hariri, dans une première visite officielle depuis sa prise de fonctions en août.
"Nous soutenons tous les efforts visant à former un gouvernement présidé par Saad Hariri", a affirmé l'ambassadeur, qui a souligné que sa visite "n'est pas liée aux derniers développements de la situation régionale".
Le processus de formation du cabinet semble reporté sine die, alors que les tensions montent entre les différentes parties. Le dernier obstacle sur lequel bute le gouvernement est le fameux nœud sunnite, né de l’insistance des six députés hostiles au Courant du Futur – et bénéficiant de l’appui du Hezbollah – à prendre part au cabinet. Dans ce contexte, le Hezbollah fait porter la responsabilité du blocage de la formation du cabinet au Premier ministre désigné Saad Hariri. Ce dernier accuse pour sa part le parti chiite d'entraver la formation d'une nouvelle équipe ministérielle.
M. Hariri a de son côté transmis à l'ambassadeur une missive à destination du président iranien, Hassan Rohani, lui demandant de faire libérer le Libanais Nizar Zakka, accusé par Téhéran d'espionnage pour le compte de Washington, est détenu en Iran depuis 2015.
C'est peu après avoir reçu, en novembre 2017, un haut responsable iranien, le conseiller pour les affaires internationales du Guide suprême iranien Ali Khamenei, Ali Akbar Velayati, que Saad Hariri avait annoncé, de Riyad, sa démission, accusant l'Iran d'ingérences au Liban.
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commentaires (10)
C’est une blague ou quoi ? L’iran se plaignant d’une ingérance au Liban ?! Il ont servis quoi à l’ambassade iranienne aujourd’hui au petit déjeuner ?
L’azuréen
20 h 41, le 15 janvier 2019