Pékin s'est dit "très préoccupé" par l'arrestation de l'homme d'affaires chinois et a appelé Varsovie à garantir les droits du suspect.
Interrogé par l'AFP, Huawei n'a pas confirmé si le suspect était bien un de ses employés, disant simplement "regarder de près" ces informations.
Huawei, fondé par un ancien ingénieur de l'armée chinoise, est déjà mis à l'index dans plusieurs pays, dont les Etats-Unis, l'Australie et le Japon, pour des soupçons d'espionnage potentiel. Les trois pays lui ont interdit de bâtir un réseau d'internet ultrarapide, la 5G.
Le Polonais impliqué avait dans le passé travaillé pour des organes officiels et était actuellement conseiller de la filiale polonaise du groupe français de télécommunications Orange. "Un Polonais et un Chinois ont été arrêtés sous l'accusation d'espionnage. Le Chinois est un homme d'affaires travaillant pour un important groupe d'électronique", a déclaré l'adjoint au ministre coordinateur des services spéciaux Maciej Wasik, cité par l'agence PAP. Arrêtés mardi, ils sont soupçonnés d'avoir agi "pour le compte des services chinois et au détriment de la Pologne", a précisé de son côté Stanislaw Zaryn, porte-parole du ministre coordinateur des services spéciaux.
(Pour mémoire : Londres "inquiet" de la participation de Huawei à la 5G britannique)
Expert en sécurité informatique
Selon plusieurs médias polonais, dont la chaîne de télévision privée Polsat News et la chaîne publique TVP Info, le suspect chinois serait l'un des directeurs de la filiale polonaise du groupe géant chinois Huawei, tandis que le Polonais serait expert en sécurité informatique et ancien officier de l'Agence de sécurité intérieure ABW -- dont les hommes l'ont arrêté.
Ce Polonais est une "personne connue dans le secteur informatique", s'est borné à dire M. Wasik, précisant que l'enquête "avait été menée depuis longtemps, avec beaucoup de soin". Selon M. Zaryn, l'homme avait travaillé par le passé "pour plusieurs institutions d'Etat".
Un tribunal a décidé jeudi de fixer à trois mois la période de détention provisoire des deux hommes, Weijing W. et Piotr D., a indiqué M. Zaryn, donnant, conformément à la loi polonaise, seulement les prénoms des suspects et l'initiale de leur nom de famille. Les appartements et les lieux de travail des deux hommes ont été perquisitionnés, a-t-il ajouté.
Interrogé par l'AFP, Orange Pologne s'est borné à confirmer que "des fonctionnaires d'ABW ont emporté mardi des objets d'un des employés". "Nous ignorons complètement si cela a un rapport avec ses fonctions", a indiqué un porte-parole d'Orange Pologne, Wojciech Jabczynski, dans un texto à l'AFP.
A Paris, Orange contacté par l'AFP n'était pas immédiatement en mesure de commenter.
Une affaire judiciaire impliquant Huawei, qui ne porte pas sur de l'espionnage économique, a récemment ébranlé la relation entre les Etats-Unis et la Chine. Le 1er décembre, une responsable du géant chinois des télécoms a été arrêtée au Canada à la demande des Etats-Unis.
La Chine a été d'autant plus ulcérée qu'il s'agit de la fille du fondateur de Huawei. Washington, qui demande son extradition, la soupçonne de complicité de fraude pour contourner les sanctions américaines contre l'Iran. Treize Canadiens ont été détenus en Chine depuis son arrestation dont huit ont été remis en liberté, a indiqué le 4 janvier le ministère canadien des Affaires étrangères.
(Pour mémoire : "Aucune preuve" d'espionnage pour la Chine, affirme Huawei)
Déploiement de la 5G
D'un autre côté, l'Agence tchèque de cyber-sécurité a mis en garde à la mi-décembre contre l'utilisation des logiciels et du matériel de Huawei et d'une autre société chinoise, ZTE, affirmant qu'ils constituaient une menace pour la sécurité de la République tchèque.
Huawei tente actuellement de défendre ses positions en Europe et a d'ores et déjà signé des accords avec plusieurs opérateurs en vue du déploiement à venir de la 5G. Parmi eux, la Pologne fait partie des pays les plus accueillants en la matière et Deutsche Telekom a déjà annoncé un accord avec Huawei pour le déploiement de son futur réseau 5G dans le pays.
Orange de son côté n'a pas fait d'annonce en la matière mais réalisait depuis fin septembre des tests grandeur nature dans la ville polonaise de Gliwice en collaboration avec Huawei.
Si l'opérateur français a annoncé qu'il n'utilisera pas d'équipements Huawei en France pour son déploiement de 5G, il n'a pas fermé la porte à l'utilisation de ces mêmes équipements dans d'autres marchés du groupe, en Europe comme en Afrique.
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