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Liban - Intempéries

Après la tempête Norma, l’heure est au bilan

Une réunion se tiendra aujourd’hui entre le Premier ministre, le ministre sortant des Travaux publics, les mohafez du pays et le CDR afin d’évaluer les dégâts.


Plusieurs voitures ont été noyées à Antélias, après la crue de la rivière du Fouwwar.

La tempête Norma qui a sévi pendant plusieurs jours dans l’ensemble du pays a commencé à s’estomper hier, laissant derrière elle de nombreux dégâts qui ont dévoilé l’état lamentable des infrastructures au Liban. Autoroutes et tunnels inondés, éboulements, routes affaissées à cause de la pluie ou coupées par la neige ou crues des rivières, autant de catastrophes qui ont frappé les citoyens de plein fouet et qui nécessitent un bilan exhaustif et des mesures sérieuses.

Un communiqué conjoint du mohafez de la Békaa Kamal Abou Jaoudé et du directeur général de l’Institut libanais de la recherche agricole (LARI) Michel Afram a mis en garde hier sur le danger du mélange des eaux de pluies et celles des égouts qui ont envahi les vergers et les maisons, suite à la crue de nombreux cours d’eau. Les deux responsables ont appelé à nettoyer au chlore les endroits touchés et demandé aux agriculteurs de se débarrasser des plants qui pourraient être contaminés et de ne pas planter à nouveau avant d’avoir fait examiner leurs terrains. M. Afram a par ailleurs annoncé que « le répit météorologique sera de courte durée » et que le pays sera à la merci d’une dépression baptisée Tracy à partir de dimanche. Tracy devrait entraîner de fortes pluies ainsi que de la neige et des vents forts à Beyrouth, sans pour autant être de la même intensité que Norma.

Après avoir demandé la fermeture des écoles en début de semaine, le ministre sortant de l’Éducation, Marwan Hamadé, a annoncé pour sa part la reprise des cours aujourd’hui dans les écoles publiques et privées et les instituts techniques.


Qui est responsable ?

Après le passage de la tempête, l’heure est au bilan pour désigner les responsables de l’état catastrophique des infrastructures du pays qui ont cédé sous les fortes pluies. Contacté par L’Orient-Le Jour, Nazih Njeim, député de Beyrouth et membre de la commission parlementaire des Travaux publics, des Transports, de l’Énergie et de l’Eau, a affirmé ne pas être en mesure de pointer les responsables du doigt pour le moment, mais que l’enquête était en cours. Il a par ailleurs révélé qu’une réunion se tiendra aujourd’hui entre le Premier ministre Saad Hariri, le ministre sortant des Travaux publics Youssef Fenianos, les mohafez du pays et le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR). Elle sera suivie par une réunion de ces organismes avec la commission parlementaire des Travaux publics.

Le ministre d’État sortant pour la Lutte contre la corruption, Nicolas Tuéni, a pour sa part appelé à la mise en place d’une commission officielle qui regrouperait des représentants du ministère de la Justice, de l’Inspection centrale, du CDR et de l’ordre des ingénieurs, afin d’évaluer les dégâts et de déterminer les responsabilités. « Ce n’est pas la tempête qui était forte, mais nos infrastructures qui sont faibles », a-t-il dit à L’OLJ. Il a par ailleurs appelé à une centralisation des adjudications par la direction des adjudications.

Une réunion du comité technique formé en décembre dernier pour se pencher sur la gestion des infrastructures du Grand-Beyrouth s’est en outre tenue au Grand Sérail. Le comité a évoqué la question de l’évacuation des eaux usées, les usines de filtrage de l’eau, le problème de l’évacuation des eaux de pluie et la gestion des ordures ménagères dans le Grand-Beyrouth.

Dressant le bilan de leur action durant les derniers jours, les Forces de sécurité intérieure ont pour leur part indiqué dans un communiqué avoir réussi, en collaboration avec l’armée, la Croix-Rouge, la Défense civile et le ministère des Travaux publics, à aider 250 personnes et 540 voitures lors des intempéries, notamment 63 personnes et 232 voitures piégées par la neige dans plusieurs régions et 187 personnes et 308 voitures encerclées par les eaux.

(Lire aussi : Plaidoyer pour Normal'édito de Issa GORAIEB)


Antélias noyée sous les eaux

À Antélias, la rivière Fouwwar est sortie de son lit hier, a envahi les habitations et noyé plusieurs véhicules, à cause de l’amoncellement de gravats jetés dans le cours de la rivière. Élias Hankache, député du Metn, s’est rendu sur place pour constater les dégâts et a appelé à la création d’une structure pour prévenir les catastrophes naturelles. « Tout cela est dû à la mauvaise gestion, le gaspillage et la corruption au niveau des adjudications », a-t-il dit.

Le secrétaire général du Haut-Comité des secours, le général Mohammad Kheir, s’est également rendu sur place et a affirmé que les personnes ayant subi des dégâts seront indemnisées.

Répondant aux critiques, le ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau, César Abi Khalil, a indiqué dans une déclaration que son ministère avait nettoyé le cours de la rivière d’Antélias et réclamé des comptes à la municipalité concernant le déversement des gravats dans les eaux du fleuve. M. Abi Khalil a par ailleurs défendu le barrage de Békaata et affirmé que les éboulements qui ont eu lieu dans la région étaient éloignés de l’emplacement du barrage. Des propos qui lui ont valu des critiques de la part du Mouvement écologique libanais, qui a dénoncé dans un communiqué « les répercussions désastreuses des barrages sur l’environnement, l’économie et la sécurité des villages alentour ».

Le ministre sortant des Travaux publics, Youssef Fenianos, s’est pour sa part réuni avec une délégation de la municipalité d’Antélias-Naccache, puis avec le directeur général du bureau des chaussées et bâtiments, Tanios Boulos, afin de dresser un bilan détaillé des dégâts engendrés par la tempête.


Inspection des dégâts dans le Nord

Gravement touchée par la tempête Norma, la région du Akkar a été visitée hier par une délégation du Haut-Comité des secours, qui a décidé la mise en place d’un protocole de dédommagement pour les personnes touchées par la tempête.

Le mohafez du Nord Ramzi Nohra a pour sa évalué les dégâts survenus sur la voie ouest de l’autoroute reliant Beyrouth au Nord, à proximité du tunnel de Hamate. Cette partie de l’autoroute est menacée d’effondrement à tout moment à cause des dommages subis après les fortes pluies. La voie est de l’autoroute a été ouverte dans les deux sens pour faciliter le passage des automobilistes.

M. Nohra s’est par ailleurs réuni avec le député de Koura Georges Atallah, afin de discuter de la réhabilitation du courant électrique et des lignes téléphoniques dans la région.


L’autoroute reliant Saïda à Tyr fissurée

Dans le sud du pays, l’autoroute reliant Saïda à Tyr, fissurée à plusieurs endroits suite à la tempête, a été fermée et la circulation déviée. Deux personnes ont été blessées dans un éboulement de pierres et de sable survenu sur cette même autoroute.

Dans le caza du Chouf, c’est la route de Ghalboun reliant Aley à Rechmaya qui s’est affaissée et a nécessité une déviation de la circulation.

Dans la Békaa, des rues du village de Qaa ont été envahies par les eaux, arrachant des poteaux électriques et dévastant des campements de réfugiés syriens situés à Macharii’ el-Qaa. Des équipes de la Croix-Rouge sont venues en aide aux réfugiés.


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La tempête Norma qui a sévi pendant plusieurs jours dans l’ensemble du pays a commencé à s’estomper hier, laissant derrière elle de nombreux dégâts qui ont dévoilé l’état lamentable des infrastructures au Liban. Autoroutes et tunnels inondés, éboulements, routes affaissées à cause de la pluie ou coupées par la neige ou crues des rivières, autant de catastrophes qui ont...

commentaires (3)

SI ELLE AVAIT EMPORTE TOUS NOS ABRUTIS CETTE TEMPETE !

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 46, le 10 janvier 2019

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • SI ELLE AVAIT EMPORTE TOUS NOS ABRUTIS CETTE TEMPETE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 46, le 10 janvier 2019

  • Franchement , le premier responsable de ces désastres est bien le citoyen libanais lui-même qui jette tous ses détritus , platiques non-dégradables inclus , dans la rue et là où il peut , il les sème à tout vent ! Et fait semblant d'ignorer que c'est lui-même , et non le gouvernement , qui pollue tout sur son passage , terres et mers , qui bouche toutes les formes de canalisations et d'écoulement des eaux là où cela existe , et provoque l'obstruction qui mène aux inondations . L'ère du platique l'a fasciné , notre citoyen , qui se croit tout permis et qui pleurniche et se plaint toujours contre l'Etat, contre la Ligue , contre l'Onu etc . Nemo auditur propriam turpitudinem allegans !

    Chucri Abboud

    09 h 23, le 10 janvier 2019

  • La bonne nouvelle c’est qu’au Liban on n’a plus besoin de construire un barrage...

    Gros Gnon

    06 h 44, le 10 janvier 2019

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