Roula Tabch Jaroudi, députée sunnite de Beyrouth (bloc du Futur), au centre d'une violente polémique sur les réseaux sociaux depuis deux jours pour avoir participé à une messe lors de laquelle elle a été bénie par un prêtre, s'est rendue jeudi à Dar el-Fatwa où elle a exprimé son allégeance à l'islam tout en affirmant qu'elle était "ouverte aux autres".
Le 1er janvier, la députée s'est rendue en la chapelle du couvent de la Mission de Vie, près d'Antélias, dans le Metn, pour une messe pour la paix et la charité. A la fin de la célébration, Mme Tabch s'est présentée devant le prêtre qui donnait la communion et a alors posé le ciboire, qui contient les hosties, sur la tête de l'élue afin de la bénir.
Ce geste a été abondamment salué par certains internautes qui y ont vu un geste de fraternité et de coexistence. D'autres se sont interrogés sur sa véritable allégeance à l'islam.
Dans un premier communiqué publié mercredi, Roula Tabch Jaroudi avait exprimé son "étonnement" quant au fait que sa "présence lors d'une messe pour la paix et la charité ait causé tant d'attaques". "Je ne suis pas la première musulmane à entrer dans une église et je ne serai pas la dernière", a-t-elle expliqué, dénonçant les "faussaires de la coexistence".
Jeudi, la députée a été reçue à Dar el-Fatwa par le secrétaire général de l'instance religieuse sunnite, le cheikh Amine Kurdi, et un cadre administratif de l'instance, le cheikh Salaheddine Fakhri, sur directive du mufti de la République, Abdellatif Deriane, pour une explication sur les fondamentaux de l'islam et de ses préceptes. Dans un communiqué publié à l'issue de cet entretien, la députée a exprimé son attachement à l'islam, indiquant qu'elle avait de nouveau prêté allégeance à cette religion en présence des deux dignitaires de Dar el-Fatwa. "Ce que j'ai fait n'était pas prémédité. Je me suis excusée auprès de Dieu", indique ce texte, dans lequel elle remercie Dar el-Fatwa, les responsables politiques, "notamment ceux du courant du Futur", et ses électeurs qui l'ont soutenue ces derniers jours.
Les réactions des internautes sur cette polémique se sont poursuivies après la visite de Mme Tabch à Dar el-Fatwa :
"Quelles que soient ses justifications, la députée Roula Tabch doit démissionner car son comportement illustre son ignorance, sa stupidité et son manque de personnalité...Des gens comme elles ne doivent pas représenter les gens", a écrit un internaute sur Twitter.
"Le comportement de la députée Roula Tabch ne change rien. Le fait qu'elle soit une musulmane croyante, non plus, ne change rien. C'est son affaire. Ce serait bien que l'on se concentre plutôt sur les choses qui concernent notre vie quotidienne", écrit un autre utilisateur de Twitter.
"La députée Roula Tabch n'a pas supporté le fait qu'elle s'était convenablement comportée à l'église, mais le deuxième jour, elle est revenue sur sa sage décision à Dar el-Fatwa", estime un autre internaute.
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il est légitime pour un musulman de se convertir. Il ne s'agit pour autant de mépriser ou du moins ignorer l'objectivité et le caractère sacré de la foi catholique et de l'incompatibilité de la vérité de ses mystères et de ses dogmes, pour un œcuménisme convivial et un spiritualisme sans dogmes. Le prêtre a eu raison de la bénir. On ne peut demander aux musulmans d'admettre que foi musulmane et foi chrétienne ne soient pas contradictoires, sauf conversion. C'est aux chrétiens et à la hiérarchie surtout catholique de témoigner correctement de la foi catholique. Le dialogue islamo-chrétien l'exige. Ne reprochons pas aux autorités musulmanes un comportement logique.
dintilhac bernard
15 h 54, le 05 janvier 2019