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Économie - Finances

La BCE rengaine son arme anticrise, mais garde les risques à l’œil

La BCE a annoncé hier qu’elle arrêterait l’achat de nouveaux titres de dette privée et publique d’ici à fin décembre. Daniel Roland/AFP

La Banque centrale européenne (BCE) a opéré hier un tournant historique en entérinant l’abandon fin décembre de son vaste arsenal anticrise, tout en soulignant les risques croissants pesant sur la conjoncture en zone euro. Très attendu tant les inquiétudes économiques s’accumulent depuis des mois, le président de l’institution, Mario Draghi, s’est montré confiant dans les perspectives d’inflation, mais plus pessimiste sur la croissance.

La BCE n’a pas dévié de la ligne tracée en juin et a confirmé qu’elle cesserait à la fin du mois d’acheter de nouveaux titres de dette privée et publique, abandonnant cette arme inédite adoptée en 2015 pour soutenir l’activité, et donc les prix. À l’appui de cette décision, M. Draghi a livré ses premières prévisions d’inflation pour 2021, à 1,8 %, soit un niveau conforme à l’objectif « légèrement inférieur à 2 % » de la BCE et qui marquerait la réussite de son pari. Baptisée « QE » (Quantitative Easing), cette potion anticrise a d’ores et déjà évité à la zone euro une crise économique d’ampleur historique, à un moment où elle commençait tout juste à se remettre de la crise de la dette.

« Mauvais timing » ?

En trois ans et demi, l’institut de Francfort aura injecté sur le marché la somme faramineuse de 2 600 milliards d’euros (soit 2952 milliards de dollars), à un rythme mensuel de 80 milliards d’euros (90,8 milliards de dollars) jusqu’en avril 2017, ralenti depuis. Ce programme a d’emblée suscité la controverse car il est perçu par ses détracteurs, en Allemagne et dans d’autres pays du nord de l’Europe très rigoristes sur le plan monétaire, comme une manière pour la BCE d’aider indirectement les gouvernements. Mais à ces critiques classiques s’ajoute désormais la crainte de voir les rachats de dette s’interrompre « dans un mauvais timing », alors que « les perspectives conjoncturelles s’assombrissent en zone euro », souligne Friedrich Heinemann, de l’institut allemand ZEW. Soucieuse de maintenir des conditions de financement favorables, la BCE a réitéré son engagement de réinvestir ses stocks de dette arrivant à échéance, pour une « période prolongée » après le premier tour de vis monétaire. Par ailleurs, le conseil des gouverneurs a maintenu comme prévu les taux directeurs à leur plus bas niveau historique, et ce « au moins » jusqu’à l’été 2019. Certains sur le marché spéculent désormais sur une première hausse n’intervenant qu’en 2020, soit au-delà du mandat de M. Draghi, qui prendra fin en octobre 2019.

Mais malgré le maintien d’un soutien monétaire appuyé à l’économie, il reste à craindre « que la BCE demeure trop optimiste sur sa capacité à atteindre » son objectif d’inflation, observe Marcel Fratzscher, président de l’institut berlinois DIW. Car derrière la confiance affichée sur les prix, Mario Draghi a dû reconnaître les nombreuses turbulences affectant la conjoncture, allant des « facteurs géopolitiques » au « protectionnisme » croissant en passant par la fébrilité des marchés financiers.

Après « une année 2017 extraordinaire », marquée par une croissance de 2,3 % en zone euro, l’institut n’attend plus que 1,9 % de hausse du PIB cette année et 1,7 % l’an prochain, contre 2,0 % et 1,8 % lors de ses dernières prévisions de septembre. Les derniers développements économiques, marqués par une cascade d’indicateurs décevants, suggèrent « une dynamique de croissance plus faible qu’auparavant », a résumé M. Draghi. Il a par ailleurs souligné que son programme de rachats d’actifs, loin d’être une parenthèse définitivement refermée, pourrait être réactivé si les « circonstances » l’exigent.

Source : AFP

La Banque centrale européenne (BCE) a opéré hier un tournant historique en entérinant l’abandon fin décembre de son vaste arsenal anticrise, tout en soulignant les risques croissants pesant sur la conjoncture en zone euro. Très attendu tant les inquiétudes économiques s’accumulent depuis des mois, le président de l’institution, Mario Draghi, s’est montré confiant dans les...

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