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Nos Lecteurs ont la Parole - par Nadim NADER

Le crime de « Nissan »: détruire la saga Carlos Ghosn

Comme dans un conte de fées, le héros est tombé. En levant le rideau, le persécuteur avance deux actes d’accusation afin de contrer la vérité d’une conspiration : des bilans de société ayant occulté une partie des rentrées financières de son patron ; des investissements en bourse, négatifs, compensés par le jeu de garanties aux frais de l’entreprise ; ainsi que des hypothèses accessoires sur des salaires injustement payés à l’aînée des sœurs et des dépenses personnelles enregistrées aux frais de la société néerlandaise du groupe de l’alliance.

Le chef d’accusation n’aurait pu submerger, dans l’attente de la décision d’une justice qui se dit être la plus performante en matière de transparence, si Carlos Ghosn avait accepté en juin 2017 d’abandonner simultanément ses responsabilités de CEO et de président du CA.

Le flair l’avait trahi, tout comme Hiroto Saikawa, ou Brutus.

Le fond du problème paraît être ailleurs, sinon, c’est lorsque M. Ghosn fit sortir Nissan du gouffre, d’un bilan déficitaire, 18 mois après avoir pris les commandes, que le CEO aurait dû être remercié.

À cette époque, il était adulé même après avoir fermé des usines et licencié des ouvriers.

Pour comprendre l’enjeu, il faut revenir au plan du cost killer.

Le secteur automobile a été celui qui a le plus accompagné la mondialisation : des géants de l’industrie ont déplacé leurs usines vers des marchés émergents, de prestigieuses marques ont été absorbées ou vendues à des conglomérats financiers.

Le plan de Renault-Nissan avait visé une économie d’échelle, une réduction du coût, une tendance low-cost dans un esprit qualité-prix-rentabilité.

Explications :

– Un modèle Nissan pouvait avoir un châssis Dacia, un moteur Renault et des accessoires Valeo, et une Renault avoir une boîte de vitesses Nissan et des pneus Dacia.

– La qualité d’un véhicule devenait synonyme d’une durée de vie x années et de zéro défaut en qualité de fabrication.

– Le prix devait approcher celui de la catégorie moyenne inférieure, en low-cost, et viser des pays émergents ou à faible pouvoir d’achat.

– Les prototypes ou concept cars resteraient à ce stade, pour égayer les passionnés et embellir les salons de l’automobile.

Ces mesures ont fait survivre Nissan et augmenter la rentabilité de l’alliance, puis encourager Mitsubishi et Lada à se joindre au podium du 1er groupe automobile, détrônant GM, Toyota et VW.

Entre-temps, les industriels japonais d’accessoires de voitures voyaient leurs profits en baisse, n’étant plus les fournisseurs exclusifs des producteurs japonais, à l’exception du tôle de carrosserie qui était importé de Russie.

Ainsi, le tollé des industries nippones était grand au moment où Carlos Ghosn versait dans la rentabilité du produit sans souci de l’authenticité ou de l’origine exclusive d’une marque ou d’un modèle.

La renaissance du patronyme « Datsun » avec de nouveaux modèles de la marque fut également stigmatisée lorsque sa production s’est concentrée uniquement sur du low-cost en association et avec un label Lada, pour le marché russe.

L’ultime indignation au Japon fut la construction de la nouvelle Nissan Micra dans l’usine de Flins en France et pour le marché européen, lequel a remporté un succès, au moment où les Japonais auraient préféré voir construire ce modèle proche des midgets de 3,99 mètres, à Yokohama.

Une alliance qui pouvait tourner en fusion, et de surplus sous la houlette d’un patron aussi décidé que Carlos Ghosn, a fait revivre les tensions, rappeler la fermeture d’usines, le licenciement de 21 000 ouvriers, les profits en baisse des industriels du secteur et surtout réveiller les envieux dont « Brutus » qui a pris son rôle et joué sur scène, en attendant le jugement pour Carlos et le jugement dernier pour lui.


Comme dans un conte de fées, le héros est tombé. En levant le rideau, le persécuteur avance deux actes d’accusation afin de contrer la vérité d’une conspiration : des bilans de société ayant occulté une partie des rentrées financières de son patron ; des investissements en bourse, négatifs, compensés par le jeu de garanties aux frais de l’entreprise ; ainsi que des...

commentaires (1)

Excellente analyse mais les charges qui pèsent sur M. Ghosn ne sont pas telles que vous les décrivez. Nissan a montré aux INVESTISSEURS pendant 4 ou 5 années (pas dans les déclarations fiscales) un salaire minoré de son patron. Peut être ils ont mis son bonus dans le chiffre global des bonus des membres de la direction. Le reste sont des hypothèses du parquet japonais qui ne sont pas encore démontrés. Le prudence reste de mise quant aux accusations farfelues. Peut être le Japon va gagner contre M. Ghosn mais ce pays va perdre/a perdu l'affection de l'opinion publique internationale.

Shou fi

09 h 39, le 16 décembre 2018

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Commentaires (1)

  • Excellente analyse mais les charges qui pèsent sur M. Ghosn ne sont pas telles que vous les décrivez. Nissan a montré aux INVESTISSEURS pendant 4 ou 5 années (pas dans les déclarations fiscales) un salaire minoré de son patron. Peut être ils ont mis son bonus dans le chiffre global des bonus des membres de la direction. Le reste sont des hypothèses du parquet japonais qui ne sont pas encore démontrés. Le prudence reste de mise quant aux accusations farfelues. Peut être le Japon va gagner contre M. Ghosn mais ce pays va perdre/a perdu l'affection de l'opinion publique internationale.

    Shou fi

    09 h 39, le 16 décembre 2018

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