Depuis les législatives, un malaise semble s’être installé au sein du parti Kataëb dont la vision politique et la gestion administrative sont vraisemblablement contestées par certaines de ses assises. La démission fracassante vendredi dernier de trois membres du bureau politique, suivie d’un tweet lancé hier soir par le député Nadim Gemayel qui a appelé à « sauver le parti de l’effondrement », est venue confirmer le climat de tension qui s’est aggravé depuis les élections de mai dernier.
Dans la lettre de démission, les trois membres démissionnaires – Chadi Moarbès, Assaad Omeira et Abdallah Richa – ont avancé quelques-unes des raisons qui les ont poussés à rendre leur tablier. Les trois partisans ont principalement dénoncé une « démocratie boiteuse » au sein du parti, qui, disent-ils, « a ignoré » leurs doléances et leur questionnement autour de la manière dont les élections ont été gérées, notamment « l’administration des dépenses » durant la campagne et le « comportement électoral des partisans » qui, précisent-ils, « n’ont pas respecté le mot d’ordre en matière de vote préférentiel qui devait favoriser principalement les candidats du parti ».
Les membres démissionnaires ont en outre critiqué le fait que les conclusions de la commission d’enquête chargée de mettre au clair ce qui s’était passé lors des législatives, en vue de sanctionner ceux qui ont failli à leur tâche, n’ont jamais été partagées avec eux.
MM. Moarbès, Omeira et Richa contestent en outre le « timing » choisi pour tenir le congrès général du parti (les 15, 16 et 17 février prochain), un événement majeur au cours duquel le parti procédera notamment à l’élection de son bureau politique, parallèlement à un échange autour de la politique générale à adopter par le parti. Pour les trois membres démissionnaires, il s’agit d’une « décision-surprise » dont ils n’ont pas été informés, comme le souligne le texte.
« Après notre insistance pour faire prévaloir la démocratie et encourager la réforme au sein du parti et à la lumière de votre résolution à ne pas prendre en compte notre opinion (…) nous vous soumettons, par la présente, notre démission du bureau politique du parti », conclut la lettre, adressée au commandement du parti.
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Contacté, un des trois membres démissionnaires a refusé de répondre aux questions de L’Orient-Le Jour, arguant d’une obligation de réserve et son attachement « à respecter la décision prise par le secrétaire général du parti à ne pas communiquer avec les médias pour ne pas envenimer la situation ».
Hier soir, Nadim Gemayel est revenu à la charge pour contester à son tour, dans des termes généraux, certains dysfonctionnements au sein du parti. Il évoque notamment « une série de déceptions successives » et des « décisions hâtives et imprudentes », appelant les militants et les responsables à « sauver le parti de l’effondrement ».
Une source proche du député de Beyrouth s’est contentée d’affirmer que « le malaise est dû à plusieurs décisions prises, qui ne sont pas parmi les meilleures ». La source précise également que le problème se « situe au niveau de la vision politique du parti qui reste à définir ».
Une autre source responsable au sein des Kataëb précise en revanche que les arguments avancés dans la lettre de démission « ne sont rien d’autre qu’une manière de camoufler le véritable enjeu, à savoir les prochaines élections du haut commandement du parti que les trois démissionnaires et Nadim Gemayel pressentent d’ores et déjà qu’elles seront en faveur du camp proche du président actuel du parti, Samy Gemayel ».
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commentaires (4)
IL FAUT DU CHANGEMENT CHEZ LES KATAEBS ET DES ELECTIONS OU LE PLUS APTE SERAIT DESIGNÉ !
LA LIBRE EXPRESSION
14 h 12, le 10 décembre 2018